Junior vibes, le vent de fraicheur de l’Opera

Ils ont entre 18 et 22 ans, 9 danseuses et 9 danseurs, passionnés et affamés, venus du monde entier à Paris pour former le nouveau Junior Ballet. Conçu comme une pépinière de jeunes talents avec un contrat de professionnalisation de deux ans, ce groupe fait désormais rayonner l’Opéra de Paris du désert de l’Arabie Saoudite jusqu’aux gratte-ciels de
Kuala Lumpur. Héritier direct d’une grande institution tricentenaire, avec ses traditions, son savoir-faire et ses maîtres de ballet, le Junior Ballet envoie une image jeune, travailleuse et pleine d’espoir.

Le programme, pensé par José Martinez, directeur à double casquette aujourd’hui, en témoigne. Le dynamique Allegro Brillante (1956), sur le
Troisième Concerto de Tchaïkovski, dans lequel George Balanchine a condensé, selon ses propres mots, tout ce qu’il savait du ballet classique. Un concentré de pureté et de technique, où se déploient musicalité raffinée et romantisme russe dans des solos, des duos et dans des ensembles. Ils n’étaient pas parfaits, certes, mais l’ambition du choix fait pardonner les petites aspérités du groupe. Le duo central, Natalie Vikner et David Alphandery ont formé un couple solide. Côté néoclassique on a retrouvé – Maurice Béjart, fidèle compagnon de la jeunesse, avec l’intemporel Cantate 51 sur la partition de Bach. L’ange s’est glissé dans le corps puissant de Baizan Almaraz, la délicate Angélique Brosse incarnait Marie.

Dans la deuxième partie de soirée, les chorégraphes contemporains ont pris la scène. La belgo-colombienne Annabelle Lopez Ochoa et Jose Martinez. Elle a travaillé partout dans le monde, mais est encore peu connue en France et lui retrouve sa passion de chorégraphe. Le Requiem for a Rose d’Ochoa est une belle découverte. Crée pour une soliste et douze artistes-roses, vêtus de jupes rouges, cette pièce poétique charme par son écriture naturelle et élégante et ravive l’image d’une Bella Figura de Kylián. Et pour le final, une dose de virtuosité et d’humour – Mi Favorita de José Martinez, une déclaration d’amour à l’art du ballet qui mène sa depuis Louis XIV, dont les pieds dansants la pavane ouvrent le spectacle.

Le lieu — l’Opéra Royal — est donc parfaitement choisi. Les distributions aussi. Pour chaque danseur et chaque danseuse, José Martínez a su trouver le bon charactère et le chorégraphe adapté. La variété des styles mélangés dans Mi Favorita, allant de Marius Petipa à William
Forsythe, reflète le portrait international du Junior Ballet. Les porteurs du drapeau américain tapent des claquettes sans fioriture, à la manière de Fred Astaire, et incarnent naturellement l’ascétisme de Balanchine. Les danseurs français se distinguent par l’ajustement des épaulements et l’acuité des finitions du bas des jambes, c’est la base de leur répertoire natal de Jules Perrot, Jean Coralli, Pierre Lacotte et bien d’autres. Des jambes masculines dotées de muscles plus prononcés, moins longs et moins étirés, nous éloignent immédiatement de l’école de Nanterre et promettent une technique de saut plus affirmée, venue d’ailleurs, souvent accompagnée d’un fort tempérament. On a hâte de voir la suite.