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Jule Flierl, une expérience forte de danse sonore

par Marc Lawton
06.07.2024

Évoquer la figure de Valeska Gert près de cent ans après ses célèbres solos, c’est le pari que Jule Flierl s’est donné dans Störlaut (littéralement bruit qui dérange) en 2018 et qu’on a pu revoir au festival Extension sauvage le 23 juin, dans la pépinière qui jouxte le château de la Ballue près de Bazouges-la-Pérouse (35). 

Le public s’assied sous un grand tilleul, parmi des chaises disposées sur une aire réduite cernée par trois murs. Plusieurs petites plateformes ont été installées et on peut lire çà et là des mots en grosses lettres : MORT, DISEUSE, CANAILLE, COLORATURA, BABY… La performeuse, aux cheveux courts et équipée d’un micro fixé à sa tête, est déjà présente, en sweat noir, gris et blanc à manches courtes et capuche, avec pantalon noir fendu révélant des collants à motifs triangulaires. Elle se maquille en direct, passant sur ses yeux deux aplats noirs grossiers et barrant sa bouche d’un large trait rouge, devenant immédiatement grotesque et grimaçante. Ses pieds sont chaussés d’étranges chaussures rouges et bleues, associant baskets et talons compensés.

 

S’équipant d’étranges faisceaux de ficelles bleues et jaunes, elle se les lie sur les cuisses et commence un monologue sur fond de musique électro : « Everything has always started », « Tout a toujours commencé », traduit-elle, « Alles hat immer beginnen » et elle commence à circuler dans le public, très proche. Elle enchaîne par « I am my own archive » (Je suis ma propre archive), rajoutant « Forgetting, forgetting » (Oubliant, oubliant). Puis elle joue avec son visage, ses mâchoires, ses yeux, sa bouche, grimaçant et chantant une mélopée. On sent qu’il va s’agir d’évoquer le passé : Jule Flierl cite une chanson de Valeska Gert, «Souvenir d’une aristocrate», dont on entend l’enregistrement tandis  qu’elle y rajoute la phrase « Taste is maybe not the proper tool in this archive » (Le goût n’est peut-être pas l’outil approprié dans cette archive). Au sens propre, elle mâche ses mots, puis prend des poses contraintes, comme si elle était obligée de fournir un gros effort, tape du pied, claque des mains, ricane, fait mouliner son bras, lance un grand battement de la jambe, vocifère et claque sa main sur sa cuisse, provocante. Elle cite quatre danses de Gert : La mort, Danse japonaise, Canaille et Hystérie. Poursuivant ce propos débridé, elle fait entendre des ‘Haha’ et des ‘Hoho’ tout en tenant à la main un petit haut-parleur cylindrique qui émet des tubes. Elle continue à déambuler entre les spectateurs, esquissant une caricature de danse classique, lançant sa jambe en battement arabesque tout en se tenant au dossier d’une chaise.

Héritage et réinterprétation

Montant en haut d’une plateforme en plan incliné, elle performe ensuite à sa façon La Mort, célèbre solo de Gert, proférant des borborygmes, les poings et les yeux fermés, renversant la tête comme prise dans une transe. Répétant une séquence allant en crescendo, elle évoque la danse post-moderne, la réalité « tellement grotesque » et annonce « I fell in love, but I didn’t want to love, I wanted to dance ! » (Je suis tombée amoureuse, mais je ne voulais pas aimer, je voulais danser !). Puis, incarnant Gert, elle évoque celles qui l’ont plagiée : « J’ai inventé la danse de mort, tout le monde m’a copiée… Les années vingt sont partout, il faut danser son temps. La danseuse qui a dansé son temps, c’est moi ! ». Juchée sur une autre plateforme, elle bat la mesure comme une cheffe d’orchestre : « We are so… sorry. Nous sommes… désolés » …

 

Elle a à présent retiré son sweat, révélant un T-shirt voyant bleu, blanc, noir et rouge comportant sur son ventre une tête grimaçante évoquant un diable tirant la langue. Le mot «Legacy» (Héritage) est inscrit dans son dos : « On peut recommencer. Yeah… ». Le solo se poursuit, mi-dansé, mi-parlé. Elle profère : « I’m not a historical topic (Je ne suis pas un sujet historique) », rajoutant immobile les deux bras levés : « Je suis toujours contemporaine, toujours du maintenant ». Elle halète, chante de façon saccadée, rythmant le son avec son ventre, improvisant des cris d’oiseau qui ressemblent à des pleurs d’enfant. Le système de sonorisation insère de l’écho tandis qu’elle bascule dans le râle : « Everybody copies me… Copy, copy… ». Enfin, la performeuse se démaquille à nouveau à vue et revient à nous, revient à la vie.

Gert est parmi nous

La proximité avec cette artiste sonore et dansante procure une expérience forte, qui perd un peu en intensité à cause de la longueur du solo (60 minutes) et qui a peut-être diminué en impact depuis sa création il y a six ans. Pas sûr par contre que les spectateurs saisissent la référence à Gert (une documentation sous forme de feuille de plein air, aurait été la bienvenue), qui est par contre explicitée dans le dossier de presse : « Comme Valeska Gert en son temps, Jule Flierl prend en compte les technologies contemporaines et les changements qu’elles apportent : ‘Au cœur de mon intérêt pour les danses sonores, il y a la critique d’une fixation contemporaine aux images. Ma voix est une danse du larynx invisible et mon travail est un appel à écouter le monde au lieu de se focaliser sur les images’ ».

 

Si l’ambiance de cabaret, faite de vignettes percutantes, de changements de ton fréquents et de provocation, est bien présente (on pense à une énergie punk), elle surprend dans ce plein air arboré, si loin de l’Allemagne. Les différents plateaux sont « comme autant d’estrades incarnant divers types de représentation – le socle de musée, la scène de concert, le comptoir de bistrot, le podium de discours. La performeuse offre un espace qui traverse les époques et fait dialoguer le passé et le présent, le mouvement et la voix ». On comprend ici qu’au-delà de sa performance radicale et hybride, l’artiste est très consciente de l’histoire de son pays, de l’histoire de la danse et que le personnage de Gert la fascine, avec ses danses grotesques et excentriques, mais aussi avec sa carrière de danseuse et cabarettiste qui fut bousculée par l’arrivée du nazisme (Gert, d’origine juive, dut émigrer aux Etats-Unis en 1938 pour n’en revenir qu’en 1947).

 

Dans son célèbre livre Je suis une sorcière paru en 1968 et traduit en français en 2004, Gert affirmait : « Je ne suis pas hautaine comme la plupart des individus. Je ne méprise pas l’ordure. Que sommes-nous ? Vingt-neuf pour cent de chair et soixante-et-onze pour cent d’eau, une poignée d’ordures aussitôt que l’étincelle de la vie s’est éteinte ». Elle y fait une description saisissante de son solo La Mort, que Flierl réinterprète donc sur un podium dans Störlaut : « Je me tiens là immobile pendant des secondes, une colonne de souffrance. Puis la vie lentement quitte mon corps, très lentement, il se détend. La souffrance faiblit, la bouche s’amollit, les épaules tombent, les bras deviennent flasques, les mains. Je sens la rigidité des spectateurs dans la salle ; je veux les consoler (…). La tête chute rapidement, une tête de poupée. Fini. En allée. Je suis morte. Silence de mort. Personne n’ose respirer dans la salle. Je suis morte. » Les films muets de Suse Byk de 1925, intitulés Grimaces, redécouverts à New York dans les années 1970, permettent de voir les solos de Gert, dont La mort, bouleversant. Mais le cinéma sonore n’existant pas au moment de ces captations, le public en est privé.

Ton tanz / danse sonore

À l’occasion de son passage à Amiens en janvier 2023 dans le cadre du festival Feminist Future Archives à la Maison de la Culture, l’artiste avait été interviewée dans MaCulture par Wilson Le Personnic. Elle y développe une réflexion sur sa pratique et sa recherche sur les danses historiques : ballet classique, technique Cunningham, danse d’expression, butô… Elle y affirme : « Mon travail sur les danses sonores de Valeska Gert cherche à mettre en exergue un aspect particulier de son œuvre qui pour moi est très important et politique : la voix du.de la danseur.se. Gert prétendait être la première danseuse à utiliser la voix sur la scène occidentale et elle a inventé le terme TonTanz (Tone Dance) qu’elle définit dans plusieurs de ses écrits de la fin des années 20 et du début des années 30.

 

Ce qui a attiré mon attention, c’est la critique féroce que Gert fait de toutes les vanités contemporaines et son dialogue audacieux avec tout ce qui se passe dans le monde qui l’entoure. Valeska Gert était une penseuse féroce dont le travail – à grande valeur politique au regard de son époque – a impacté de nombreux artistes jusqu’à aujourd’hui. Flierl précise : « A la fin des années 1920, au moment de l’essor du cinéma parlant, alors qu’avant elle, les danseur.euse.s devaient sembler légers et sublimes, elle a alourdi le corps dansant, lui a rendu sa matérialité et sa réalité grâce à l’usage de la voix. Elle a mis en scène un corps outrageusement sensuel, oral, sauvage, qui ne correspondait pas non plus à la norme du comportement féminin accepté. Dans Störlaut, Valeska Gert est profondément présente ».

 

Pour l’aider à composer sa performance, Flierl rajoute : « J’ai trouvé quelques bobines sonores de ses ToneDances. J’ai fait le choix de ne pas les reconstituer, mais de les interpréter à nouveau. En la lisant, il est apparu clairement qu’elle détestait tout ce qui lui rappelait les musées poussiéreux et qu’elle détesterait être présentée comme une figure historique. J’ai pris cette aversion très au sérieux et j’ai souhaité rendre son travail contemporain (…). Le défi était pour moi de trouver un moyen d’incarner ses danses dans un corps contemporain. J’ai alors mis en place des méthodes pour dissocier la voix du corps dansant (…). J’ai travaillé avec mon corps en utilisant des méthodes de montage cinématographique. J’ai conçu les partitions dansée/visuelle et chantée/sonore de façon séparée pour les combiner seulement dans un deuxième temps. C’était assez difficile du point de vue de la coordination, mais c’était aussi très satisfaisant. Cette dissociation crée une forme complexe, un peu monstrueuse, un corps hybride difficile à saisir ».

Critiquer les maîtres

Elle termine en conseillant aux jeunes danseurs de se permettre la critique et la désobéissance face aux maîtres, aux « héros » de l’histoire de la danse et recommande de s’approprier cette histoire pas seulement en lisant des livres et en voyant des vidéos, mais en l’incarnant : « Plus je m’engage avec les danses du passé, plus je questionne comment l’histoire est écrite ».

 

Ce corps « outrageusement sauvage » se devait de trouver sa place dans Extension sauvage. C’est chose faite avec un public très proche pour vivre ce moment fort, insolite et résolument contemporain dans le cadre bucolique et rural de cette pépinière bretonne, juste à côté d’un château accueillant et… très loin de Berlin.

 

Allemande âgée de 42 ans, Jule Flierl est berlinoise et diplômée de la Salzburg Experimental Academy of Dance. Elle est également titulaire d’un master obtenu à l’issue de ses études à e.x.e.r.c.e. à Montpellier, espace de recherche et d’expérimentation pratique et théorique lié à la création chorégraphique. En partenariat avec le CCN dirigé par Christian Rizzo, l’université Paul Valéry accompagne ce cursus dans un parcours « Danse et représentation ». Jule est par ailleurs certifiée de la méthode vocale somatique allemande Lichtenberger. Elle a dansé pour Monika Gintersdorfer/Knut Klassen, Sergiu Matis et Meg Stuart. Sa recherche pendant ses deux années à e.x.e.r.c.e. (mémoire soutenu en 2015) a fait l’objet d’une publication bilingue français/anglais aux Presses du Réel en 2023 : A sound has no legs to stand on. En France, son solo a reçu le soutien des Rencontres internationales de Seine-Saint-Denis, du CND et de Honolulu, atelier de fabrique artistique à Nantes (dirigé par Loïc Touzé). Signalons que, dès 1983, la revue Empreintes avait consacré dans son numéro 5 dirigé par Daniel Dobbels, un dossier signé Maïté Fossen sur Valeska Gert, avec des extraits de ses écrits traduits (notamment de Je suis une sorcière, inédit à l’époque). Fossen, danseuse et chorégraphe, créa en 1992 un spectacle pour l’anniversaire de la naissance de Gert, Sourires de fauves.

 

Une biographie de Gert par Frank-Manuel Peter (directeur de la Tanzarchiv de Cologne) est sortie en 1987, en allemand et hélas non traduite : Valeska Gert, Tänzerin, Schauspielerin, Kabarettistin. De son côté, la chercheuse Claudia Gabler consacra son mémoire de 1998 à Paris 8 à Gert. Il s’intitule : Valeska Gert, mouvements contrastés.

Visuel (c) Jule Flierl