En 2017, à la Belle Scène Saint Denis, la danseuse et chorégraphe commençait à entrevoir cette pièce aux allures de théâtre. Presque dix ans après, la danse a pris le dessus, comme toujours chez elle, hip-hop et engagée. Sur le grand plateau des Hivernales CDCN d’Avignon, Dafne Bianchi, Ashley Biscette, William Delahaye, Erwan Talloneau font le show pour notre plus grand plaisir.
Les quatre sont en plein échauffement quand on entre dans la salle. Ils et elles s’étirent tout en se donnant des ordres collectifs, des ordres qui concernent « tout le monde ». Le cardio monte, la respiration s’accélère, mais toujours avec un regard rieur. Sandrine Lescourant sait faire naître un mouvement d’un simple moulinet de bras qui deviendra une vrille profonde. Elle travaille toujours le texte et le corps ensemble, dans des fresques qui déploient tous les codes du hip-hop pour le rendre très contemporain.
L’humain est au cœur de son travail. Nous l’avions laissée cet hiver pas loin d’Avignon, à La Garance, pour son généreux Blossom, où elle rassemblait 26 interprètes, dont la grande majorité étaient des amateur·ice·s qui avaient travaillé deux week-ends avant la pièce avec la chorégraphe. Sandrine Lescourant vient du hip-hop et, depuis 2017, elle écrit sa danse avec une précision croissante. Elle adore la racine du geste, celui qui se place dans l’échine et remonte dans la nuque pour commencer à faire osciller le crâne.
Elle embarque ce quatuor dans une mise à plat joyeusement débridée de tout ce qui régit nos façons d’être ensemble. Fini les modèles, les figures tutélaires, les grandes références — ici, on envoie valser les codes et on laisse entrer un vent de liberté un peu folle. Elle se moque gentiment de nos tics, de nos petites manies sociales, et sa danse, elle aussi, lâche les balises du hip-hop pour voir jusqu’où les corps peuvent aller quand ils s’émancipent. On devient dingues, la main frénétique sur nos téléphones, ou alors on prend la pose bien fake pour une pub pour un déo.
Icône est un vrai tout public, assez réjouissant, qui déploie quatre interprètes à la fois physiques et souples.