Au sein d’une immense salle blanche du musée d’art contemporain, le Kunstenfestivaldesarts propose un duo de danse augmenté par les percussions d’une batterie et les lignes fragiles de sculptures en équilibre
Tout a déjà commencé quand nous entrons dans le white cube. Elle et lui semblent avoir toujours été là, occupé.e.s à se balancer d’un ischion à l’autre. Le son est omniprésent, hyper fort. Chico Leibholz joue de la batterie tel un métronome. Il est en direct opposition avec la danse et les sculptures de Tomie Ohtake qui sont des tubes de néons courbés et vrillés. Seul un changement de frappe dans le son modifie l’intention des corps des deux interprètes. La danse se niche dans le bassin, dans un lâcher-prise très bien exécuté.
Longtemps, il et elle restent au sol avant de pouvoir se relever, pour finalement chuter et rouler telles des boules de billard bien dirigées. C’est que Beatriz Sano & Eduardo Fukushima semblent vraiment s’en balancer de ce tempo fou. Il et elle déphasent à souhait (dans la ville d’Anne Teresa de Keersmaeker voyons cela comme un hommage).
Ce martèlement, ces néons, cet espace blanc. Il y a un côté fin du monde, un horizon sombre. Mais elle et lui sourient, rient même. Iels s’attrapent le genou et le rendent aussi laxes que leurs hanches. C’est fluide et souple à souhait. Le duo, (encore un dans ce festival), fait corps commun sans forcément danser exactement en même temps ni au même endroit. L’occupation de l’espace est parfaite, dans une amplitude qui est très agréable. La proposition est comme un bonbon, très courte (40 minutes), elle donne l’allure d’une respiration dans une édition du Kunstenfestivaldesarts très connecté aux questions du moment, et donc, forcément très intense. Horizon est une pièce bien tenue, à l’écriture très précise, extrêmement belle à regarder.