Les Hivernales font aussi leur festival à Avignon, cela s’appelle « On y danse aussi l’été ». Ne ratez pas à 12 heures la transmission de Hope Hunt and the Ascension into Lazarus, le monument d’Oona Doherty, à Sati Veyrunes.
Hope Hunt and the Ascension into Lazarus est l’une des premières pièces de la chorégraphe irlandaise. En 2017, nous la découvrons viscérale et violente. Un choc. Moins de dix ans après sa création, elle est déjà entrée au répertoire de la danse contemporaine. Aujourd’hui, Oona ne la danse plus et l’a donc transmise à la danseuse très multiple Sati Veyrune.
Et tout commence par un gros bordel. Une vieille voiture défoncée arrive en trombe. La musique est à fond. Dix secondes, les cœurs s’arrêtent. Puis le conducteur ouvre le coffre, un corps roule. Il se relève. Règlement de compte qui tourne à la battle. Sati, incisive, va vers le public, elle va au-devant des réticences, de son regard franc et encourageant, ébauche des dialogues articulés autour de mimiques, de sons inaudibles, puis prend l’une des spectateurices dans ses bras, dans une accolade au-delà des mots, faisant de chaque geste un instant de grâce.
Cette belle artiste, découverte chez Benjamin Kahn un soir d’orage, a le don d’aller à l’évidence, sans détour, rendant toute sa puissance expressive et narrative au hip-hop et au breakdance en particulier.
Entre new style, krump et voguing, l’écriture de Doherty crée son propre répertoire, empruntant à différents vocabulaires pour servir son propos. Ce qu’elle cherche à faire, c’est donner une voix aux plus humbles : les hommes pauvres, les femmes au bout du rouleau, les pères issus des milieux populaires qui ne savent pas trop y faire, les gangsters candides mais téméraires…
La danse est super profonde, enragée et circulaire. Les genoux entraînent le dos dans une chute en arrière maîtrisée. La fluidité de Sati ajoute une dose de légèreté à la version initiale qui était sans espoir. Elle campe à merveille la vie de ces personnages qui finalement cherchent la paix. Sa danse est faite d’un nombre inouï de jetés au sol. La rapidité des mouvements est déconcertante de technique. C’est un geste autant organique que percutant qui part du sombre pour trouver la lumière.
Du 06 au 16 juillet à 12 heures aux Hivernales. Durée 35 minutes.
Visuel : ©Hivernales