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Furieux∙ses ? : Un monde nouveau entre colère post-industrielle et défis anti-gravitationnels

par Beatrice Lapadat
06.02.2025

Présentée en première au Théâtre du Fil de l’eau à Pantin le 30 janvier 2025, la performance d’acro-danse Furieux.ses ? menée par la Cie Le Grand Jeté du chorégraphe Frédéric Cellé explore le voyage entre solitude et cohésion communautaire à l’aide de quatre interprètes et un musicien dont les âges varient entre 18 et 30 ans. Plongés dans l’univers urbex, les cinq jeunes artistes sillonnent audacieusement des territoires obscures pour faire surgir des étincelles d’espoir.

 

Figures de la mélancolie post-apocalyptique 

Des voyous, des spectres angoissants, des voyageurs hors de ce monde ou tout simplement des jeunes en quête de sens lancés dans une aventure d’exploration urbaine. C’est sous le signe de cette ambiguïté que les quatre danseureuses (Pierre Théoleyre, Louise Léguillon, Angie Bustos, Guillaume Cursio), accompagnés par le musicien-interprète Théo Rodriguez-Noury, se révèlent sur le plateau. Inquiétant∙e∙s mais pas menaçant∙e∙s, furieux∙ses mais pas destructeur∙ice∙s, les jeunes occupent graduellement l’aire de jeu semi-obscure conçue comme un espace de type urbex, rythmée par des sons électro-rock. Entre hésitation, suspicion et désir de tout démolir pour tout refaire, c’est un long voyage tissu de rébellion et de transe qui se dessine dans Furieux∙ses ?. 

 

Inspiré par le concept d’espace urbex comme « lieu de la réconciliation, entre la nature, le vivant et les constructions humaines passées », Frédéric Cellé y insère des objets que l’on ne peut pas détacher du sens que la présence du corps humain leur confère : un vieux fauteuil visiblement défectueux et une baignoire devant laquelle l’on retrouve un amas de terre à la place d’un tapis. La rencontre entre les corps et ces objets en attente de « réanimation » active une architecture intriquée de mouvements, de cris, de silences et de traces qui transforment l’espace. 

 

« Faire société » – des soli aux mouvements de groupe 

Après les soli qui mettent en exergue la tension entre le corps de chaque individu et l’espace qui résiste à la conquête des étranger∙e∙s, les mouvements de groupe entraînent la perception des spectateurices dans un vertige des sens. Chutes, glissements, portées, roulades, sauts, évolutions haletantes au sol et aspiration vers le haut s’enchaînent dans un dialogue où la prise de risque domine le dessein collectif. 

 

Lors des premiers moments où la consolidation organique du groupe s’amorce, la dynamique du pouvoir au sein de cette micro-communauté laisse de multiples questions ouvertes. Pendant que d’amples mouvements sont déployés en tant que gestes censés sauver l’autre, s’agit-il uniquement d’un désir de protection d’autrui ou s’agit-il aussi d’un désir d’affirmer sa puissance et de dominer l’espace non seulement physique mais aussi social dans lequel les danseureuses-acrobates évoluent ? Également, un corps déjà sur-sollicité pour se défendre soi-même saura-t-il trouver encore des ressources pour stimuler et appuyer un autre corps épuisé par le même combat ?

 

Frédéric Cellé mobilise avec subtilité une progression des enjeux relationnels qui fait que les mouvements les plus radicaux et intriqués ne surgissent que lorsque cette ambiguïté s’efface pour laisser voir une intégrité de groupe indestructible à ce stade de la dramaturgie. C’est la transindividuation évoquée par le chorégraphe en tant que « possibilité de se soutenir, de s’entraider » qui fait que des gestes chorégraphiques comportant davantage de risques, jusqu’au défi de la gravité, puissent être articulés dans un climat rassurant de solidarité et de care.

 

La solidarité contre les lois de la gravité  

La ronde – convoquée dans le spectacle pour rappeler « l’enfance, les rituels, les sorcières guérisseuses, l’humain primitif » (Frédéric Cellé) – joue elle aussi un rôle décisif dans la consolidation du groupe. On y voit, non sans lien avec titre Furieux.ses ?, des Érinyes contemporaines exprimant leur colère mais aussi des jeunes désabusés cherchant, à travers des formes rituelles adaptées à leur siècle, le potentiel thérapeutique de la métamorphose induite par la transe.

 

Poussés, stimulés et réanimés par la mise en action sonore du musicien Théo Rodriguez Noury, les danseureuses offrent, vers la fin de la performance, une émouvante démonstration de prouesse technique et de quête poétique. Iels se déplacent au long du mur appuyé∙e∙s par une autre partie du groupe, comme pour signaler un inévitable épuisement des possibilités offertes par l’axe horizontal. Aucun nouveau monde n’est possible si les limites physiques de l’ancien ne sont pas renversées et bouleversées. Il faut un monde à l’envers – plus éprouvant, mais aussi plus miraculeux – pour survivre en tant que jeune furieux∙se à celui des lois physiques immuables.

 

Demain est annulé

C’est à travers une fête libératrice que l’exploit d’un groupe désormais indéfectible se consacre. Les corps en mode célébratoire ne s’affichent plus de manière frontale – derrière les toiles qui les protègent, les silhouettes dansent librement pour plonger dans un monde où « demain est annulé », comme l’annonce l’écriture affichée brièvement. À l’heure où la performance se clôt au Théâtre du Fil de l’eau, on ne sait pas de quoi ce demain indéfini a l’air, mais on est sûr d’avoir vécu un « ici et maintenant » qui donne l’illusion d’avoir vaincu nous-mêmes la force gravitationnelle pendant quelques instants.

 

Le spectacle se joue :

  • 12 et 13 février 2025 – Théâtre Roger Barat – Herblay (95) 
  • 12 mars 2025 – Théâtre de Beaune (21)
  • 14 mars 2025 – Scène Nationale du  Creusot, L’ARC (71) 
  • 27 mars 2025 – Théâtre de l’Astrée, Villeurbanne (69)

Visuel : © Laurent Philippe