Dans un hommage contemporain à Carmen Amaya, danseuse emblématique de flamenco, Aina Alegre reprend les mouvements traditionnels, les décortiquent et les réarrangent dans son spectacle Fugaces. Un spectacle revigorant représenté à la biennale de danse du Val de Marne 2025.
Aina Alegre propose un flamenco revisité et un boléro modernisé. La chorégraphie arbore l’allure solennelle du flamenco, sa rigueur et sa majestuosité. Avec une énergie inépuisable et indéfectible qui happe les spectateur.ices, les sept danseur.euses se divisent et se regroupent dans une répétition de mouvement traditionnels.
L’élégance des mouvements des bras entraînent dans une danse vive et rythmée. Aina Alegre tire une révérence au zapateados symbolique de la danse de Carmen Amaya. Les pieds martèlent le sol et rythment la musique grandiose de Ravel. Ce martèlement ferme n’est pas une première dans le travail d’Aina Alegre qui avait déjà repensé les danses traditionnelles basques avec Yannick Hugron dans Etude 4, Fandango et autres cadences.
Les costumes, sobres et modernes, déstructurent les corps et les habillent de formes contemporaines marquées. Lignes droites et épurées, couleurs sombres, ces ensembles noirs déconstruisent les corps et la binarité des genres. Jupes, pantalons et hauts asymétriques pour une singularité harmonieuse. Un bel hommage à Carmen Amaya, qui dansait en pantalon.
L’interprète Maria Cofan, trombone en main, lance la mélodie du Boléro de Ravel. Crescendo et decrescendo, le trombone détonne, résonne : il est somptueux.
L’électronique s’empare des sonorités traditionnelles du flamenco et l’intensifie et le modernise. Une musique frénétique et puissante qui donne envie de danser et de s’emparer de l’énergie transmise par les interprètes.
Puis enfin, une vidéo de Carmen Amaya dansant, sublime et élégante, dans un silence presque cérémoniel. Elle apparait, immortelle, tel un fantôme. Son héritage est ancré et Aina Alegre s’en assure.
Fugaces transporte dans une émulation brûlante d’énergies. Le sentiment que procure ce spectacle, lui, loin d’être fugace, reste accroché à l’esprit au sortir de la salle.
Visuel : ©Martin Argyroglo
Chorégraphie : Aina Alegre
Interprètes : Adèle Bonduelle, Maria Cofan, Cosima Grand, Hanna Hedman, Hugo Hagen, Yannick Hugron, Gwendal Raymond
Création lumière : Jan Fedinger
Création et espace sonore : Vanessa Court
Costumes : Aina Alegre et Andrea Otín
Coordination technique : Juliette Rudent-Gili