« Dive into You », le geste de trop de Kat Válastur

Une première image fulgurante

La première image tient du chef-d’œuvre.
Nous la découvrons presque robotique, perdue. Elle est assise sur une chaise qui semble animale, posée sur un grand cercle de bois – un semantron, instrument de percussion – le tout entouré de terre et de néons encâblés. La sensation d’être dans un garage abandonné est totale.
Elle cache son visage derrière ses cheveux blonds, le corps vêtu d’un jogging en vinyle. Elle commence. Elle frappe le sol dans un halo stroboscopique, aléatoire et elliptique. Ça envoie du lourd, surtout quand on commence à comprendre contre quoi elle se bat.
Sans jamais se lever, elle arme ses mains tel un toréador dans l’arène et déploie ses jambes comme les guitaristes qui marquent le compàs. Elle oscille des hanches et des genoux, de gauche à droite, dans une vrille horizontale impeccable.

Le geste s’essouffle

Mais voilà, alors que ça aurait dû s’arrêter là – tenant dans son bassin un geste aussi neuf que puissant – elle continue, hésitant entre danse répétitive et figuration.
Ce qui devrait être hypnotique et entêtant glisse vers notre désintérêt, jusqu’à atteindre un climax, une fausse fin où elle se lève… pour ensuite recommencer avec moins de puissance.

Une scénographie non assumée

Surtout, sa scénographie est totalement inutilisée.
Certes, elle sait créer des images grandioses en contre-jour. Mais pourquoi toute cette terre, posée là sans jamais être activée ? Et pourquoi avoir entremêlé tous ces câbles pour ne rien dénoncer ? Un beau geste, donc, mais qui pêche par une écriture trop fragile.