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« D’altro canto », Ambra Senatore brode la colère des femmes avec minutie aux Hivernales

par Amélie Blaustein-Niddam
09.02.2025

Ambra Senatore est depuis 2016, directrice du Centre Chorégraphique National de Nantes. Oui, Nantes, chef-lieu du département de la Loire-Atlantique, et subit donc la coupe la plus spectaculaire de budget au niveau régional : 100% , rien, plus rien. Que faire quand on a plus rien ? Partir ou rester ? Encore faut-il avoir le choix. C’est à cet endroit que se trouve son solo, D’altro canto (titre provisoire), crée de façon assez dystopique en 2024 et qui faisait escale le 8 février aux Hivernales, le festival du Centre de Develloppement Chorégraphique d’Avignon.

« Il n’y a plus de maison, tu jettes la clé »

Elle commence le spectacle par une vanne pas drôle, tant sa symbolique colle à l’époque. Elle nous dit que le théâtre est barricadé (entendez : ce qui n’est pas essentiel ne mérite pas de subvention), qu’on ne peut plus sortir (entendez : regardez un peu plus loin ce que veut dire vivre en dictature). Voilà, cela fait trente secondes qu’elle est sur scène, lumineuse comme à son habitude, en pull rouge et jeans bleu. Elle n’a pas encore posé un geste et déjà, nous sommes dedans. Elle disparaît, réapparaît dans le silence et pose une phrase chorégraphique qu’elle développe à plusieurs reprises.

Cela commence en seconde, dos au public. Tout de suite, la technique fine d’Ambra est là, émotionnelle et précise. Dans ses pièces, l’intime prime toujours sur le collectif, mais un intime qui se multiplie dans des groupes d’individus. Son dos toujours tourné, elle se retourne à peine, juste un quart de torsion : nous regarder est un acte. La colonne est, pour l’instant, de marbre, en ligne verticale. Elle commence à se déplacer à l’horizontale et en diagonale. Ses genoux deviennent le moteur du geste, super laxes, super mobiles. Elle avance vers la violence doucement, jusqu’à s’écraser, jusqu’à se taire. C’est ce que font les femmes en zone totalitaire, non ?

« J’ai mal à la gauche, la droite, pleine forme »

Elle alterne danse et voix, à la fois pour reposer son corps et nous transmettre des clés de lecture. Elle veut nous parler de la condition des femmes, réduites à la broderie de napperons – mais cela pourrait aussi bien être du crochet ou la confection de tapis. Seul espace de sociabilité possible où, même là, il faut bien se tenir. Alors, elle s’assoit sur une chaise et croise les jambes, morte à l’intérieur, mais elle tient bon, jusqu’à l’impossible. Et quand l’impossible arrive, elle chute, tout en angles, dans une lenteur parfaite. Les coudes, les jambes, tout est à l’équerre. L’équerre, qui devient, au fil de la pièce, le mouvement clé du spectacle – pardon, « de la pièce », qu’elle doit écrire seule. Debout aussi, elle provoque ces équerres, et c’est de là qu’elle peut se recroqueviller, encore et encore, se soumettre à la violence des hommes… et aussi des femmes de droite dure.

« Dieu doit préférer les oiseaux aux filles »

Dans ses pièces, Ambra Senatore joue des codes du théâtre italien. Elle convoque l’absurde et la fiction pour amplifier son propos. Alors que l’espace était vide, il s’est depuis largement rempli. D’abord d’un son parfaitement inconfortable, strident et obsédant, puis de lumières qui disent l’enfermement des corps et des esprits. La scène se charge ensuite de nombreux éléments qui contraignent la circulation de la danse : des oranges, des napperons, du sable. Tout est symbole d’exil, réel ou symbolique. Les mères bourgeoises, assignées à leur statut social, comme celles qui n’ont le droit de vivre leur vie que dans la procuration de celle des hommes.

Et alors que cela est interdit aux femmes en Iran comme en Afghanistan, Ambra chante pour elles. Une chanson qu’elle seule a écrite. Car, semble-t-elle dire, dans ses mouvements comme dans ses textes : au bout du compte, on est toujours seule au monde. Et il faut l’écrire. Voir Ambra danser à fond, de nouveau en solo, est une joie immense. Ses déliés de hanches et ses angles précis s’allient dans un moment de pure danse contemporaine.

Visuel : ©Bastien Capela

Le festival Les Hivernales- CDCN d’Avignon se tient jusqu’au 15 février

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