En fin de journée, vendredi 9 juin, à 22 heures, il pleut toujours autant sur le Festival La Maison Danse d’Uzès. Et comme Soa 2H30 plus tôt, Sati Veyrunes, chorégraphiée par Benjamin Kahn a décidé de danser. Dément.
Il fallait taper fort pour finir cette incroyable journée orageuse. Quand la pièce commence, le public ressemble à celui de la Cour d’honneur du Festival d’Avignon un soir de grand vent. Nous sommes tous et toutes emitouflé.es dans les couvertures que nous prête le festival pour pouvoir nous protéger de la pluie. L’ambiance dans le superbe Jardin de l’évêché est électrique. Sati Veyrunes nous attend assise sur une baffle, elle a des lentilles blanches qui lui donne une petite allure surréaliste. Elle nous dit, sous la flotte, posée : « I want to share a scream with you. » Alors elle y va. Dans un halo blanc enveloppant, elle nous alerte à la façon d’une Greta Thunberg. Son flot est calme car il vient du futur. Elle vient nous dire que nous pouvons encore agir. Son flot de mots se traduit dans son corps, torrents de pluie oblige, dans une forme de contrainte qui sied parfaitement au propos.
Dans une forme de danse très viscérale, Sati Veyrunes danse dans le nombril. Si la pièce commence son mouvement par une vrille derviche, elle doit rapidement se résoudre à devoir jouer avec les éléments. Elle pose, lascive comme une pin up bien défoncée. D’ailleurs, ses convulsions au son de la techno puissante de Lucia Ross finissent de la posséder et nous avec. A un moment sublimes, ses respirations lui offrent une profondeur qui lui permet des ondulations de reptile. Elle est surpuissante. Benjamin Kahn signe pour elle une pièce extrêmement ancrée dans les questions de l’époque, féministe et écologique. Il prouve que la lutte pour réveiller nos sociétés passe par la scène. Ce n’est pas toujours si évident !
Tournée
13 juin 2023 – Théâtre de l’Échangeur, Bagnolet
30 juin 2023 – Festival de Marseille
Visuel : ©SandyKorzekwa