Pauline Susini adapte aux Bouffes Parisiens, une des plus célèbres pièces de Tennessee Williams. Christiana Reali y interprète avec talent et une belle épaisseur le destin tragique de Blanche, une femme qui lutte en vain contre la chute.
Pauline Susini met en scène une des plus célèbres pièces de Tennessee Williams. Héritière ruinée, Blanche s’installe chez sa sœur Stella dans un quartier pauvre de La Nouvelle-Orléans. Délicate, méprisante, mythomane, Blanche semble habitée par des rêves étranges. Stella est mariée à Stanley Kowalski, un ouvrier, viril et brutal qui n’apprécie pas l’arrivée de cette étrangère dans sa vie.
La mise en scène peine à créer le huis clos et souffre à attraper le thriller psychologique. La scénographie élégante rate le naturalisme, remplacée par des motifs télévisuel. Le bonheur du spectateur est là toutefois.
Tennessee Williams, on le sait, est fasciné par la folie féminine. Pour preuve, à la façon d’une obsession, les héroïnes de La ménagerie de Verre, de La Chatte sur un toit brûlant, de La ménagerie de verre, ou de Soudain l’été dernier. S’il se veut expert de ces caractères de femmes qui ne luttent pas tout à fait contre la folie, on imaginera volontiers la terrible tache, le vertigineux challenge, la lourde charge que représente la préméditation d’interpréter son personnage de Blanche.
La mission peut infliger des frissons à toute comédienne qui s’y prépare. Cristiana Reali posséde ce talent. Elle a choisi de jouer l’atonie, la retenue et la cassure. Face aux formidables et spectaculaires Alysson Paradis (Stella), Nicolas Avinée (Kowalski), elle est une grande Blanche.
Un tramway nommé désir de Tennessee Williams
Aux Bouffes Parisiens, jusqu’au 31 mars, durée : 2 H 15 sans entracte
Visuel : © affiche