Artiste de cabaret et enfant de la comédie musicale, Madeleine Flamboyante déploie dans Top Coat une voix magistrale et une énergie de showgirl. Le spectacle révèle toute sa palette, ses couleurs et sa force scénique.
Bonjour, je suis Madeleine Flamboyante. Je suis comédienne, chanteuse et artiste de cabaret. Que souhaitez-vous savoir de plus pour me présenter ?
Évidemment ! On écoute tous de la musique quand on est enfant. Moi, j’aimais ça, j’aimais chanter et au collège, j’ai découvert la comédie musicale. Là, tout a basculé C’est devenu essentiel dans ma vie ! J’ai rencontré des amis grâce à ça et j’en faisais tout le temps. J’adorais ça, sans imaginer en faire un métier. Je faisais juste ce que j’aimais.
J’étais en 5e, donc j’avais 12 ans. J’avais acheté le DVD de Sweeney Todd, la version de Tim Burton tirée de la comédie musicale de Stephen Sondheim. Je ne savais même pas que c’était musical. J’étais une grande fan de films d’horreur depuis toute petite et d’un coup, je regarde un film d’horreur où les gens chantent. C’était comme regarder un Disney et un film d’horreur en même temps. Révélation absolue ! Je l’ai regardé en boucle et j’ai compris que la comédie musicale permettait de raconter des sujets très variés, loin de la POP ou de la radio. Et j’ai plongé très vite !
Octet de Dave Malloy.
Dave Malloy est un auteur contemporain. Il a créé Natasha Pierre and the Great Comet of Eighteen Twelve, un musical très moderne, très audacieux. Puis il a créé Octet, uniquement a cappella. Huit personnes, huit voix, aucun instrument. Le spectacle parle des addictions liées à Internet, au porno, aux applications de rencontre, aux incels, au gambling, aux théories du complot. Ce sont des chants et des harmonies puissantes, des chœurs hypnotiques. C’est fascinant.
Quand Ruby m’a parlé du projet, j’étais la plus heureuse du monde. Elle est venue très vite vers moi en me disant qu’elle écrivait une comédie musicale, qu’elle voulait que j’y sois et que je chante dedans. Je n’ai même pas réfléchi. J’ai dit oui immédiatement ! Pouvoir mêler cabaret, drag et comédie musicale, c’est un plaisir rare. Ici, on ne vient pas parler de politique ou de notre condition de personnes LGBT ou drag queens. On est là pour montrer ce que l’on fait, pour être. Et c’est déjà politique en soi. Ça fait du bien de présenter les choses ainsi.

Je suis la prothésiste ongulaire agacée. Quand Ruby m’a présenté le rôle, elle m’a dit que mon personnage était tout le temps énervé. J’ai d’abord été surprise, puis j’ai compris.
C’est moi !
Je suis sanguine, j’aime la rébellion, je m’embrouille facilement. Ce rôle était évident. Cette femme prothésiste ongulaire dans une entreprise où rien n’avance, qui tente de se rebeller mais où tout stagne… Tout le monde connaît ça. Ayant travaillé dans des entreprises compliquées, ayant fait de la vente, je me suis souvent retrouvée à parler de mes supérieurs dans une salle d’attente. C’est très cathartique. Ça fait du bien d’extérioriser !
Je n’ai pas vraiment de modèle humain. L’esthétique de Madeleine, c’est une poupée de porcelaine oubliée trop longtemps dans un grenier. Et puis il y a le bleu, ma couleur phare. Ça me vient de ma grand-mère qui portait toujours du mascara bleu. C’était très années 80 et incroyablement classe. J’adore l’excès : trop de blush, trop de rouge à lèvres, trop de couleurs. Et souvent, mon maquillage se termine par des larmes. J’aime le drama queen, le mascara qui coule. C’est tellement drôle d’être sublime avec les gouttes de mascara qui tombent en disant « non tout va très bien, j’ai passé une super journée”!
Oui, même si c’est très cliché. C’est une chanson Disney très peu connue, tirée de Peter Pan 2, Elle s’appelle « je crois »! La chanson raconte : je ne vois pas pourquoi on croirait encore à Peter Pan, à l’enfance éternelle, à la poussière de fée. Puis, au fil du texte, on comprend que croire à tout cela fait du bien. Elle est magnifique !
Je pars crever est le film de fin d’études de mon colocataire, donc de mon meilleur ami. Il raconte son parcours avec l’addiction, mais aussi notre parcours amical autour de cette réalité. Ce que l’addiction apporte, ce qu’elle enlève, ce qu’elle bouleverse. C’est un film qui ne cherche jamais à héroïser l’addiction. Il montre la fragilité, la colère, les élans de survie, les moments où l’on perd pied et ceux où l’on se rattrape à l’amitié pour rester debout. En ce moment, je crois qu’il est disponible sur une plateforme de streaming, gratuitement pendant un ou deux mois.
En ce moment, je travaille chez Madame Arthur. J’y suis cette semaine et j’y serai pour le Nouvel An. Il y a Top Coat et le nouveau court-métrage de mon colocataire, La Cintrine TX, qui va bientôt sortir. Je continue le cinéma, je chante pour des amis, je fais des cabarets à droite et à gauche. « Madame Arthur » reste mon employeur principal. Et j’essaie aussi d’avoir un semblant de vie sociale.
On utilise souvent ce mot dans nos cercles de feu : merci. Merci d’avoir apporté ce projet dans nos vies, d’avoir créé une telle sororité, un lieu où l’on se sent bien et où l’on est heureux de venir travailler.
Propos recueillis par Mélodie Braka
Visuels ©Valentin Folliet
Informations pratiques
Dates : Tous les mercredis jusqu’au 17 décembre
Horaires d’ouverture : 20h
Durée : 2h
Lieu : Théâtre du Gymnase, 38 Boulevard Bonne Nouvelle, 75010