Dans Top Coat, Javel Habibi incarne une narratrice tendre, politique et profondément humaine. Drag queen, comédienne, réalisatrice et hosteuse phare de la Flèche d’Or, elle raconte ici son rapport au spectacle, au cinéma musical, à la scène drag parisienne et à la famille choisie réunie autour du projet !
Bonjour Cult News ! Je suis Javel Habibi, drag queen depuis sept ans, comédienne, réalisatrice et hosteuse de cabaret. C’est dans la scène queer que je crée, que je milite et que je m’épanouis depuis plusieurs années !
J’incarne la narratrice, qui est aussi l’associée de la directrice du salon. Nous avons fondé Top Coat ensemble, nous en avons connu les heures de gloire, puis la lente chute lorsque plus personne ne franchit la porte. La narratrice raconte cette journée chaotique au public, accompagne les émotions du groupe et tente parfois tant bien que mal de guider tout le monde vers la réinvention !

De Paris, non. De Top Coat, oui ! J’adore hoster, c’est vraiment ce que je préfère. Pour moi, prendre un micro est déjà une performance ! J’écris énormément mes hostings, je pars de mes expériences de vie, de mes trouvailles, et j’essaie de créer un moment reconnaissable, tendre, collectif. Et dans le spectacle, Ruby m’a offert exactement cette place-là : celle qui relie, qui raconte, qui tient le fil !
J’ai commencé par être actrice avant de devenir réalisatrice, puis drag queen, donc la comédie musicale, c’est vraiment un condensé de tout ce que j’aime ! Et j’ai une formation de chant. J’aime la comédie musicale parce que ce sont des émotions à vif ! C’est du corps, de la voix et une manière de raconter des histoires qui ne peut exister que là.
Mes premiers chocs de cinéma musical :
• Cabaret ! Liza Minnelli, Bob Fosse, cette énergie folle, et un film profondément politique sur la montée du nazisme.
• Victor Victoria de Blake Edwards avec Julie Andrews !
• La Mélodie du bonheur ! Je me moquais de ce film sans l’avoir vu, vraiment, je le trouvais trop sage. Et puis un jour, j’ai trente ans, je me dis « allez, regarde-le vraiment ». Et là, je me mets à pleurer dès la première minute ! Julie Andrews qui tourne sur elle-même, traversée par une joie pure. C’est un moment de cinéma qui attrape au ventre.
Avec plaisir ! Habibi chanson pour mes amies est un documentaire que j’ai réalisé à la Flèche d’Or. C’est un portrait croisé de cinq artistes de la scène drag : Sara Forever, Ruby On The Nail, Kiara Bolt, Tuna Mess et moi-même. Je voulais filmer le drag non pas par le prisme des traumas, mais par sa fabrique : comment on coud, comment on coiffe une perruque, comment on pense une performance, comment un geste ou un costume raconte déjà quelque chose de nous ! Et je voulais montrer le lien fort entre nos pratiques et la Flèche d’Or, un lieu très engagé, très attentif aux identités multiples et à l’accueil.
Le film sera projeté le 22 novembre, de 15 h à 17 h, à la Médiathèque Jean-Pierre Melville dans le treizième arrondissement, dans le cadre du Festival des Fiertés. L’entrée est libre et j’aurai le plaisir d’échanger avec le public à l’issue de la projection !
Qu’elles manquent un lieu rare !
La Flèche d’Or a une compréhension très profonde de l’intersectionnalité. Les luttes féministes, LGBTQ plus, l’accès à la culture, la visibilité des artistes racisées, tout s’y répond ! C’est un espace où l’on peut additionner ses identités sans en effacer une seule. Et c’est aussi un lieu joyeux ! La politique et la joie peuvent coexister, et je trouve cela précieux.
En ce moment, je suis au Théâtre du Gymnase avec Top Coat au moins jusqu’au 17 décembre ! Et je poursuis mes soirées Habibi à la Flèche d’Or, qui mêlent drag, cinéma et discussions avec le public.
Le 28 novembre, on consacre la soirée au désir au cinéma ! En première partie, il y aura un Apéro Projo avec deux courts métrages : Hugo 18 h 30 de Simon Helloco et James Maciver, puis Acrobats d’Éloïse Alluyn et Hugo Danet. Les projections seront suivies d’un échange avec la salle ! Et à 21 h 30, un drag show avec Androkill, Joli Younès, Gabriel Ajar et moi-même ! C’est une soirée très libre, très joyeuse, où le désir est pensé comme une force qui nous traverse, nous transforme et parfois nous renverse !
Puis le 19 décembre, une soirée consacrée aux films de cavale, de fugue et d’échappée belle ! Parce qu’en période de fêtes, un peu d’insoumission ne fait jamais de mal.
Oui !
Il y a un moment dans le spectacle où elle chante et où je suis derrière elle. Je la vois de dos, je vois la salle, je la vois prendre toute sa place d’artiste ! Je me dis que je suis à une place privilégiée. Il y a beaucoup d’émotion et énormément de gratitude dans ces instants ! Donc le mot pour Ruby, c’est merci. Merci pour l’artiste qu’elle est, pour la confiance, pour cette aventure et pour la famille qu’elle a fait naître autour de Top Coat !
Propos recueillis par Mélodie Braka
Visuels ©Valentin Folliet
Informations pratiques
Dates : Tous les mercredis jusqu’au 17 décembre
Horaires d’ouverture : 20h
Durée : 2h
Lieu : Théâtre du Gymnase, 38 Boulevard Bonne Nouvelle, 75010