Le Lido2Paris célèbre les 60 ans de « Hello Dolly »

Hello Dolly : du pur jus !

Restaurée et conservée par Accor, la spacieuse salle toute en rondeurs et en paillettes du Lido de Paris a conservé son caractère cossu pour devenir un théâtre dirigé par l’ancien directeur général du Châtelet (et du Marigny), Jean-Luc Choplin. Un théâtre qui s’amuse à restituer des comédies musicales des années 1960 : après Cabaret qui faisait un petit effort final pas tout à fait réussi de projection en guise de mise en contexte, le mot d’ordre est à la conservation studieuse. Dans le droit fil de A Funny Thing Happened on the Way to the Forum (lire notre article), Hello Dolly mis en scène par Stephen Mear est sourcilleux quant aux costumes, danses et même à la direction d’acteurices d’époque. Si bien que le film mythique de Gene Kelly avec Barbra Streisand paraîtra déjà un brin disco, voir punk par rapport au spectacle qui nous accueille en ce moment au Lido… Et il faut le vivre ainsi : comme une plongée dans un New-York intemporel. L’orchestre est caché en hauteur et c’est intelligent. La scénographie, les chorégraphies (avec très peu de claquettes), les plumes sur les chapeaux respectent parfaitement le cahier des charges des années 1960 qui revisitent la fin du 19ᵉ siècle. L’histoire est toujours aussi «feelgood» et drôle dans son bashing des parvenus. On y suit Dolly Levi-Gallagher, veuve, maîtresse des systèmes D, marieuse professionnelle et qui désire arranger son propre mariage. On la voit virevolter aux côtés d’une partie ses « clients », jeunes et moins jeunes. C’est vif, c’est enlevé et la musique est toujours aussi géniale et connue de tous : «Hello Dolly» bien sûr, chanson ultime du come-back, mais également pour les plus «jeunes»,  le tube «Put On Your Sunday Clothes» que Pixar avait mis dans Wall_E (2008). Le tout est porté  par un casting très professionnel où brille spécialement Monique Young en jeune première, face à une Caroline O’Connor qui sait donner un tour « vaudevillesque » au personnage de Dolly…

Il faut que tout change pour que rien ne change, ou le contraire…

De fait, si au début le caractère quasiment sacré de la conservation des formes surprend, l’effet « formol » passe vite et l’on se coule dans le spectacle de 2 h 30 comme dans un bain. D’autant plus aisément que l’entracte lui-même fait partie du spectacle, où un jeu d’eau anime la scène et où boire un verre de bordeaux classique ou de champagne soigneusement choisi, sur nos tables toutes séparées, fait partie de l’expérience. Sur scène, les comptoirs du magasin de grains de la banlieue de Yonkers et celui du magasin de chapeau de Manhattan se succèdent, avant que l’élégant restaurant de la Belle Époque, Harmonia Gardens fasse apparaître les véritables escaliers d’une revue comme elle se doit d’être au Lido… Ainsi, à l’aune des spectacles qui ont précédé, mais révélant peut-être encore plus clairement un fil de continuité, Hello Dolly illumine un Lido qui reste inchangé derrière son nouveau nom et ses moquettes, refaites : S’il n’y a plus trop de gambettes nues au Lido2Paris, l’esprit de la revue demeure : dans la salle, radieux et en plein soutien de l’héroïne, les spectateurs, pour la plupart non-parisiens sourient au ciel de s’être offert pour une soirée un spectacle musical intemporel. Et ça, c’est Cult !