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Diamanda Callas : chez Madame Arthur, une éclipse sous le signe du « Spleen »

par Amélie Blaustein-Niddam
16.01.2025

Chez Madame Arthur, la nuit tombe et une étrange atmosphère enveloppe le public. La créature Diamanda Callas se prépare à nous délivrer son « Spleen », son premier spectacle,  aussi sombre que lumineux, où la fin du monde devient une fête tragique.

Chronique d’une fin du monde annoncée pour demain, toujours demain

Le spectacle s’ouvre sur une note prophétique. Une éclipse. Une fin du monde murmurée, suspendue entre l’imaginaire et le réel. À travers une narration fragmentée et très drôle, Diamanda nous livre « Spleen News », un journal à vif d’une humanité vacillante. Les références fusent : une  COP 76, un souffle collectif retenu, un monde figé dans l’attente. La lune brille pour quelques élu·es, tandis que les autres, confiné·es, assistent au spectacle d’une vie qui s’échappe. En créature futuriste, Diamanda entonne : « Tout a une fin. » Mais la fin du monde, dit-elle, sera toujours demain. Une vérité glaçante et paradoxalement apaisante.

Humour et absurdité : un duo très drag

Le deuxième tableau change de registre. Diamanda, transformée en soubrette bourgeoise, collants dentelles, fesses rebondies, corset serré et talons hauts, cherche désespérément son chat Damien « Je suis stressée, ce soir c’est le grand soir ! » hurle-t-elle. Entre un gâteau qui cuit et un oubli de pain, elle jongle avec des répliques tranchantes : « Froid et sec comme un cercueil, j’adore ça. On a dit convivial, pas sensuel. » Cette légèreté grinçante contraste avec le décor qui s’assombrit peu à peu dans un jeu de lumière ciselé.

Plage belge, spleen universel.

« Il fait gris, il fait froid, c’est la Belgique. » L’humour mordant de Diamanda dépeint une scène balnéaire où la nostalgie s’infiltre dans chaque geste. Charly, alter ego félin et bouleversant, figure cultissime de chez Madame Arthur, accuse Diamanda de sensualité. Elle répond, noire et élégante : « Arrêtez de m’en vouloir pour ça. » Les souvenirs fusent : Lisboa, la Tour de Pise, ou encore « la skyline de Toulouse », qui reste sa préférée. Autant d’éclats de beauté qui réchauffent une scène glaciale.

La fin du monde, un bain et un adieu.

Diamanda réaparait, vêtue d’un manteau, un foulard noué sur la tête, une valise à la main. « C’est la fin du monde. Vous êtes seule. Mais je vous ai fait couler un bain. » Charly, toujours, est le robot queer le plus humain qui soit. Le contraste entre la tendresse absurde de cette scène et la gravité du propos est saisissant. Diamanda, stoïque : « Avec ou sans toi, je partirai. »

Flash. Le monde vacille.

Avant de disparaître, Diamanda lève un verre à la santé de tous les regrets : « Charlie, viens, je t’emmène. »  Le spectacle culmine avec « Bring Me to Light ». Diamanda affirme : « Vous ne devenez pas folle. Vous l’avez toujours été. » Une phrase qui résonne longtemps après. Le temps, chez Diamanda, est suspendu. On chante juste et avec puissance, on rêve, on oublie. Charlie devient un chat à paillettes : « Ton chat t’adore. », indubitablement le tube électro pop de ce show.  Flash. Diamanda revient, dix ans après, en manteau trois-quarts et cravate. «Rien n’est plus pareil vu d’en haut. ».

L’épilogue : un dernier slow

Diamanda chante sa solitude, son spleen, et sa mélancolie.

I wonder if I’m still alive.
I’m the man on the moon.
Or is it just a fragile heart?

Diamanda Callas, fantôme lumineux, transcende la fin du monde et en fait une ode à l’éphémère. Chez Madame Arthur, avec l’excellent Charly Voodoo au piano, elle offre un spectacle où le chaos devient sublime, une véritable éclipse. Ce premier geste en tant qu’artiste presque solo est une réussite, et elle montre aussi les passerelles possibles entre le drag et le théâtre, et entre le théâtre et le cabaret. 

 

Mercredi 12 février 2025 chez Madame Arthur. Ouverture des portes à 20 heures. Show à 21H pile.

Visuel : Affiche