« Pandax » : boys will be boys

On sait que le cirque contemporain aime les histoires et la théâtralité. Avec Pandax, on est servi : point de départ, cinq frères qui se connaissent à peine, entassés dans une vieille Fiat Panda, de retour du crématoire, l’urne contenant les cendres de leur père sur le toit du véhicule. Ca pourrait tout aussi bien être la scène d’exposition d’une pièce de théâtre, mais il ne faut pas s’y tromper : cela reste du cirque, finalement peu bavard, et le corps et l’image priment très nettement sur le semblant de texte.

Puisque cirque il y a, on retrouve une foule de techniques circassiennes, et de ce côté-là aussi on est servi. Ca commence par graviter autour de la voiture, belle et bien présente sur scène, qui sert en quelque sorte d’agrès : il s’agit alors surtout d’acrobaties et de portés, d’abord agrémentés d’une course-poursuite pendant que la Fiat tourne autour de la piste, puis dans et sur la voiture arrêtée dont les vitres ont été démontées. Mais il y a bien plus, et notamment un bon bout de mât chinois, fort maîtrisé, un impressionnant passage à la bascule, à l’énergie explosive, et une très jolie intervention de la planche, agrès plutôt rare utilisé ici avec un à-propos dramaturgique qu’on peut saluer. Tout ça est de haut niveau, et donné avec énormément de dynamisme.

La tonalité d’ensemble est l’humour un peu loufoque : on croise des garçons de piste affublés de têtes de biches autant qu’on entend les chanteuses pousser un petit yodel en accompagnement des aventures nocturnes, sylvestres et montagnardes du club des cinq (garçons). En effet, l’un des charmes de Pandax est la présence de ces trois musiciennes qui, en plus de leurs qualités intrinsèques dans cette fonction, ont de très jolies fenêtres d’interaction avec le spectacle. Elles font comme un contrepoint à cette histoire très centrée sur les hommes : bagarres, conflit paternel mal résolu et surenchère de mobylettes et de défis casse-cou forment ici la trame de fond des péripéties, et elles créent un espace supplémentaire d’humour et de subtilité qui rééquilibrent la proposition.

Au total, c’est plein de bonne humeur, rudement bien exécuté, et ça finit en fanfare : il faudrait être bien tristement chagrin pour ne pas y trouver son plaisir.