Village de Cirque se tient du 13 au 29 septembre 2024, en espace public et sous chapiteaux. Marie Chapoullié, co-directrice
Coopérative De Rue et De Cirque nous parle de cette édition plus queer que jamais.
Avant tout, nous sommes très heureux.ses du succès des JO et des JOP. La joie et la surprise étaient au rendez-vous. Nous y avons participé à notre échelle dans le cadre des Espaces de festivité, imaginant une programmation spécifique, le cirque a donc été présent tout au long de l’été. Concernant le Village de Cirque, effectivement, nous n’avons pas pu nous installer Pelouse de Reuilly comme chaque année, nous avons donc transformé cette contrainte en une occasion unique d’investir la ville et de mettre en lumière les espaces autour de RueWATT – fabrique artistique pour la rue, le cirque et l’espace public. Le Village de cirque s’installe donc dans le 13ème arrondissement dans trois lieux différents. Cette année, le cirque métamorphose nos espaces de vie.
Philiippe Deutsch, graphiste et photographe, crée l’ensemble de nos visuels. Nous restons dans une gamme de couleurs des roses et violets qui nous accompagnent depuis la saison 2023. C’est la revanche du rose. Oui, ce visuel peut évoquer le mouvement, la douceur et la confiance. Nous aspirons à une forme de bienveillance, car nous avons bien conscience des violences et des combats qui traversent nos sociétés. Aujourd’hui la couleur aussi est politique. Ce «pas de deux» est aussi la preuve de la grande souplesse des artistes de cirque, de leur créativité et immense adaptabilité.
Politique. Encore une fois. Le projet porté et défendu par la Coopérative De Rue et De Cirque qui organique le Village de Cirque soutient les arts du cirque et les arts en espace public pour aller à la rencontre de toutes et tous. Ces champs artistiques ont en commun un grand rapport de proximité avec les spectateur.ices. Le chapiteau, la rue, les parcs ou tout autre espace insolite de notre quotidien sont autant d’occasions d’inviter les artistes au cœur de la ville et parfois même jusqu’en forêt.
L’art fait du bien, c’est évident. Les œuvres nourrissent nos imaginaires, les spectacles créent des moments de partage, de réflexion. Alors, pourquoi ne pas y avoir accès souvent, partout… Notre projet est un projet de grande accessibilité à la culture, aux œuvres et nous sommes soutenu.es dans cette démarche par la Ville de Paris, la Région Ile-de-France et le Ministère de la Culture. Les Mairies d’arrondissements comme celles du 13 et du 12 à Paris nous sont également d’un grand soutien. Au-delà, nous dégageons des recettes propres grâce à la billetterie, au bar, aux ateliers. Sans le soutien des politiques publiques, le paysage français des arts et de la culture, notamment, ne serait vraiment plus le même, nous avons besoin de temps et d’espaces de rassemblement, de beauté, de réflexion et de partage. C’est un indispensable.
Oui. Nous avons proposé au «Cirque Queer» que nous avions accueilli en 2023 pour leur première création, « Le premier artifice », d’imaginer une création in situ pour la rue Watt. La rencontre du Cirque Queer et du public l’année passée a été un moment très fort. Leur proposition artistique a fait bouger pas mal de choses pour pas mal de monde. Il nous est donc apparu comme évident de les inviter, de pousser un peu plus avant cette rencontre. Après le chapiteau, l’espace public est donc le nouvel espace d’exploration de cette équipe d’une dizaine d’artistes et technicien.nes qui a bien voulu relever ce nouveau défi dans un temps record. Voici donc tout le monde au travail depuis dimanche dernier pour créer Kermesse, une célébration joyeuse, vibrante, urgente et flamboyante. Une proposition unique qui, je l’espère, sera l’amorce d’une aventure à écrire dans le temps. La rue est à nous pour une grande fête partagée, réjouissons-nous.
Je n’ai pas d’étude sous le nez, mais même si les choses bougent, comme dans pas mal de domaine, il y a encore du pain sur la planche, pas mal de stéréotypes, de rôles et de représentations genrées. Il faut vouloir changer les choses, les prendre à bras-le-corps sinon il ne se passe rien. Mais oui, une réflexion est amorcée, de nombreuses femmes sont porteuses de projet et pas n’importe lesquelles. Chloé Moglia dont nous avons accueilli La Spire au printemps et au Village de cirque, Tatiana Moso Bongonga avec Soka Tira Osa, Cie Betterland avec La Boîte de Pandore… En rue et en cirque, les femmes sont là, nombreuses et elles ont des choses à dire. Le Cirque Queer nous raconte aussi d’autres formats, normes et modèles comme de plus en plus de projets qui investissent la rue notamment. Nous en réjouissons également, car ce sont aussi nos imaginaires sociaux dont il s’agit. Et oui, c’est un objectif pour nous.
Village de Cirque, du 13 au 29 septembre 2024. Paris 13 · En espace public et sous chapiteau
Visuel : ©Village de cirque