Une soirée, deux soli dédiés à la roue Cyr au Théâtre du Rond-Point. Marica Marinoni et Juan Ignacio Tula, de la Compagnie 7bis, dialoguent de manière poétique et hypnotique avec ce tore métallique, nous invitant à contempler leurs âmes tourbillonnantes.
Enfilant ses gants de boxe, Marica Marinoni entre dans la fosse aux lions et se confronte au cercle de métal. Elle lutte, se bat face à une roue déchainée. Bien que le rythme imposé à la roue saccade la lutte, l’acrobate se relève et perce la scène par sa vitalité.
Les trépidations de la roue illustrent les lois de la physique, l’objet inerte s’anime avec l’énergie engagée par la force humaine. Si bien que parfois, le cerceau semble prendre son indépendance, il menace, tournoie sur lui-même, encercle l’acrobate. Mais le corps de Marica Marinoni résiste, se défend. Le cercle est réveillé par la vie et scintille sous l’effet stroboscopique de la création lumière signée par Jérémie Cusenier.
Dans cette boite noire, le métal de la roue miroite et nous hypnotise. On est captivé·e·s par les mouvements et la poésie de l’action. Marica Marinoni danse et bataille, elle offre une performance éblouissante.
Rappelant la danse tournoyante des derviches, Juan Ignacio Tula fait valser sa roue Cyr à l’horizontal et livre un récit poétique et sensible. Pris dans son tour, comme dans le manège de la vie, l’acrobate propose une variation de scènes, chacune plus touchante que l’autre. Piétinant le sol, Juan Ignacio Tula danse avec sa roue, il entretient avec elle une relation proche de l’osmose. Le spectacle qu’il nous livre est éblouissant.
Mais parfois cette osmose se referme comme un piège. Devenant prisonnier de sa roue bien aimée, Juan Ignacio Tula illustre le rejet et la folie puis se rétablit dans la transfiguration. L’étrange cape argentée de l’acrobate morcelle les rayons lumineux et projette sur les murs des morceaux d’étoiles. Le jeu de lumière fait également naître des ombres, des doubles qui s’agitent dans un ballet clair-obscur.
Tout comme Marica Marinoni, Juan Ignacio Tula lutte. La roue glisse sur sa peau, son ventre, son torse, c’est une lutte physique, celle de la douleur. Pourtant, leur énergie semble illimitée, leurs corps entrent en synergie avec la roue. La performance des deux acrobates est impressionnante.
Lontano et Instante se font échos, les performances se répondent. Les effets sonores et visuels nous hypnotisent, nous voguons au grès des voyages intérieurs sensibles et poétiques que nous offrent les fantastiques acrobates. Lontano et Instante sont deux soli à voir, à vivre, absolument.
Jusqu’au 3 mars 2024 au Théâtre du Rond-Point
Lontano :
Conception et création : Marica Marinoni, Juan Ignacio Tula
Avec : Marica Marinoni
Création lumière : Jérémie Cusenier
Création sonore : Estelle Lembert
Création costumes : Gwladys Duthil
Regard extérieur : Mara Bijeljac
Régie en alternance : Estelle Lembert, Célia Idir
Diffusion et production : Triptyque Production – Andréa Petit-Friedrich, Marie Greffier
Administration : Anne Delépine
Instante :
Conception et création : Juan Ignacio Tula
Avec : Juan Ignacio Tula
Création lumière : Jérémie Cusenier
Création sonore : Gildas Céleste
Création costumes : Sigolène Petey
Régie en alternance : Estelle Lembert, Célia Idir
Diffusion et production : Triptyque Production – Andréa Petit-Friedrich, Marie Greffier
Administration : Anne Delépine
Visuels : ©Alain Julien ; ©Christophe Raynaud De Lage ; ©Thomas Botticelli