Les Basketteuses de Bamako est une exploration du jonglage musical qui fait se rencontrer les arts traditionnels maliens (chants polyrythmiques d’Afrique de l’Ouest) et la pratique contemporaine du basketball. Un mélange surprenant, concocté par Thomas Guérineau et programmé en ouverture du festival SPRING 2024.
Elles sont six, bien campées sur leurs appuis, et autant de ballons de basket. Dans un cercle de lumière un peu chiche, perdues au milieu du noir qui a envahi le Cirque-Théâtre d’Elbeuf, les interprètes lancent leur ballon. Puis le rattrape. Un claquement sec se produit à chaque fois que la paume d’une main est percutée par l’une de ces sphères gonflées. Le son traverse l’espace comme une gifle. Voici l’idée première, d’où tout part : le ballon de basket comme instrument percussif. Il n’y a pas que le contact avec la paume qui sera utilisé : le rebond au sol ou sur des tambours notamment permettra d’introduire de la variété dans les hauteurs des sons et dans leur intensité.
Voilà donc le concert lancé. Et, pris en tant que concert, Les Basketteuses de Bamako est plutôt éblouissant. Les rythmes sont complexes mais parfaitement tenus, les voix puissantes, l’énergie est là, et la générosité avec laquelle les six interprètes donnent le meilleur d’elles-mêmes emporte tout sur son passage. C’est puissant, chaloupé, mélodieux, on ne peut s’empêcher d’accompagner le tempo, qui en bougeant la tête, qui en tapant du pied. Un sacré coffre, de belles voix, et une performance d’endurance pour donner ainsi pendant presque une heure en continu sans pause !
Cette endurance, c’est presque le seul hommage rendu au sport, mis à part la présence des ballons qui évidemment le citent, mais sans jamais rentrer dedans. Globalement, l’espace reste relativement inutilisé, les chanteuses-percussionnistes sont disposées de façon très stationnaire, dans une pénombre qui nous dit en tout état de cause qu’il n’y a pas grand chose à voir. En terme de jonglage, pas de tricks, juste une rythmique impeccable – c’est déjà énorme, mais à annoncer le spectacle comme étant du jonglage, on crée un horizon d’attente que l’on risque de décevoir. Quand on sait que l’une des artistes est danseuse, on se demande pourquoi le corps n’est pas plus engagé dans la proposition. Le parti-pris semble être de faire groupe, sans jamais qu’une individualité ne soit mise en avant, mais sans doute était-il possible de créer des modalités de mouvement collectif, comme dans le tout dernier tableau qui nous offre quelque chose de très beau à regarder ?
Au final, on a là un fabuleux concert, plein de joie et d’énergie, mais qui perd un peu de vue sa dimension spectaculaire.
GENERIQUE
conception, mise en scène Thomas GUÉRINEAU
basketteuses : Djeneba DIABATE, Mariam DIAKITE, Koumba Alimatou DJIRE, Djenebou FANE, Ramata KONE, Kadiatou TOGOLA
administratrice de production Ophélie LEMETTEIL
assistant à la mise en scène en cours de recrutement
création lumière et régie générale Bartolo FILIPPONE
travail sonore sur le ballon de basket Benoit POULAIN
chargée de production et de communication Marie DUBREZ
visuel ©Raphael Caputo – Metlili.net.jpg
projet réalisé avec des basketteuses et artistes du Mali