A grands coups de blagues potaches, de numéros menés tambour battant et sur une musique endiablée, la Cie 100 issues nous embarquent sur leur planète brinquebalante. Un voyage jouissif !
Il faut bien admettre qu’en rentrant sous le chapiteau de la Cie 100 issues, l’on se frottait les mains (au dessus du carnet de critiques) en cherchant des jeux de mots pour l’article à venir. Espérant (presque) que le spectacle ne serait pas à la hauteur de son titre. C’était être bien mal attentionné….
La nouvelle forme circassienne orchestrée par Cyril Pernot est tout simplement bluffante.
D’abord par la structure sur laquelle les artistes évoluent et qui est pour le moins inédite. Une demi-sphère dont la base fait moins d’un mètre carré, dont l’équilibre est volontairement instable. Et surtout sur laquelle est posée en guise de surface plane, un plateau tournant. Bien entendu, c’est notre drôle de monde qui est donné à voir ici. Cet agrès qui tient peut-être à éjecter ses occupant-e-s est sans doute la métaphore de notre planète qui ne nous supporte plus. C’est ce qui est beau et drôle, poétique et surtout terrifiant.
Mais aussi parce que l’énergie que les artistes déploient est contagieuse. Si l’on osait on parlerait de joyeux bordel. Et ça fait un bien fou de chanter en choeur l’homme à la moto de Piaf, de taper dans les mains au rythme de la batterie, de porter ensemble, telle une star de rock, une artiste blessée à qui l’on fait faire ses pirouettes sous ses ordres. L’humour est potache, parfois un peu répétitif mais ne gâchons pas notre plaisir de nous taper sur les cuisses en ces temps troublants et troublés. Ces clowns acrobates là, eux, ne se prennent pas au sérieux et on les en remercie.
On gardera longtemps en tête, l’image de « PauPau » (Pauline Bourguere) au centre de cette drôle de culbuto nous confiant qu’elle n’avait pas signé pour prendre tant de risques quand elle passait ses vendredi après-midis au solfège et à répéter à sa batterie. Véritable clown, elle porte pourtant haut des questions qui traverses les artistes de cirque : pourquoi prendre des risques ? Est-ce bien nécessaire ? Se mettre en péril pour le public a-t-il un sens ? Bien sûr, on rit de la voir nous les poser tout en luttant contre le déséquilibre provoqué par les autres interprètes. Et pourtant, c’est là un des enjeux majeurs du cirque. L’on joue à se faire peur nous aussi dans le public. On craint la chute et pourtant l’on vient en demandant toujours plus de sensations.
Bluff de la Cie 100 issues sera du 8 au 20 juillet au Festival Villeneuve en scène.
Crédit photo : Baptiste Goulay