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« C’est l’Hiver, le Ciel est Bleu » : la sourde explosion des souffrances tues

par Mathieu Dochtermann
24.10.2023

Né en octobre 2023, le spectacle C’est l’Hiver, le Ciel est Bleu de la compagnie Diagonale du Vide en est déjà à son 3e festival au moment où le public le découvre à Circa. Cette proposition de cirque est l’œuvre de la coopération entre Amanda Homa et Idriss Roca, qui y mélangent leur maîtrise de la corde lisse pour l’une, et du jonglage pour l’autre. La résultante est un cirque de l’intime, muet mais tout à fait parlant, qui peint avec délicatesse toutes les nuances de la solitude à deux.

Le cirque universel de la solitude

 

Il et elle sont dans leur maison, un espace stylisé en forme de cube incliné posé à cour. Moquette au sol, murs de toile et de papier, une chaise, quelques très simples objets pour le quotidien ou la décoration. Iels sont en train de manger. En fond sonore, New York, I Love You But You’re Bringing Me Down de LCD Soundsystem tourne en boucle. Presque aucune parole échangée, et les quelques syllabes articulées sont des banalités d’une vacuité sidérale. La position du cube, installé de guingois, est également l’indice que tout ne va pas bien dans ce ménage.

 

Ce point de départ pourrait résumer à lui seul l’enjeu dramaturgique de C’est l’Hiver, le Ciel est Bleu : comment chacun·e, dans le couple mais sans doute aussi plus généralement, peut se murer dans son silence, constituer un îlot de solitude au milieu des autres, en proie à des angoisses qui la·le coupe de la relation à autrui faute d’avoir été partagées. Ces deux personnages vivent dans un quotidien bien réglé, selon un dispositif ordonné dont l’utilisation récurrente de l’aspirateur est le symbole : pas de vagues, pas de miettes. “Ca va”, répètent-iels en boucle. “Je ne peux pas me plaindre”, ajoutent-iels, euphémisation on ne peut plus révélatrice des tempêtes intérieures qui ne sont pas dites.

 

Le corps du drame

 

L’un·e après l’autre, les deux personnages vont s’extraire de ce cube pour s’aventurer dans le reste de l’espace du plateau. C’est dans cet espace autre, en solo, que chacun·e va se confronter à ses démons. Tout est figuré par le corps et par sa mise en scène : ce sont les mouvements, la position, les états de corps qui disent la lutte, l’angoisse, la souffrance. Cette figuration du paysage intérieur des deux personnages fait appel aux disciplines circassiennes, corde pour l’une et jonglage pour l’autre, mais également à la danse et à un jeu d’ombres à la fois beau et poétique.

 

Elle se confronte à deux agrès, une corde lisse qui pend au-dessus de la maison et une autre qui fait comme un grand sac de nœuds à jardin. Elle lutte contre la gravité qui la rattrape toujours, elle s’emmêle dans des boucles dont elle ne parvient jamais à s’extirper. Il tente d’échapper aux massues qui ne cessent jamais de lui pleuvoir dessus, où qu’il aille. Il a beau s’en emparer, les lancer au loin, les balayer, toujours davantage, elles s’abattent sur lui. Son désespoir croît tandis qu’il érige autour de lui une forêt de massues posées en équilibre sur leur tête, dont la solennité évoque un cimetière.

 

Peindre l’intime par petites touches

 

Bien entendu, les crises vécues loin de la maison et loin de l’autre finissent par contaminer le quotidien, et l’image utilisée au plateau pour le figurer ne manque ni d’élégance ni de poésie. Peut-être la fin du spectacle invite-t-elle à imaginer que les personnages finissent par s’aider à affronter ce qui les ronge ; en tous cas finissent-iels apparemment moins seul·es et moins empêché·es de communiquer. La proposition n’est pas gaie, et la bande son, entre Who by Fire de Leonard Cohen et L’homme qui vient par Feu! Chatterton contribue à cette atmosphère poétique mais sombre. Néanmoins, elle n’est pas totalement dénuée non plus d’une forme d’espoir. Les deux personnages ne se touchent pas, mais au moins finissent-iels par se regarder…

C’est un cirque de l’intime que propose ici la Compagnie Diagonale du Vide, un cirque des états intérieurs qui repose sur les symboles et non sur les mots. L’interprétation d’Amanda Homa et d’Idriss Roca ne manque pas de nuance malgré la jeunesse du spectacle : complètement bloqué·es dans l’espace domestique, intensément traversés par leurs émotions dans leur espace mental. Il y a des instants de grâce, qui viennent alléger le tout, une sorte de danse lente et désarticulée par Amanda Homa, une routine de jonglage jouée à mains nues aussi fluide que fulgurante par Idriss Roca. On pardonne alors les petits moments où la tension se relâche : difficile de garder une tension dramatique constante quand on peint des états intérieurs presque sans une parole.

 

C’est l’Hiver, le Ciel est Bleu est un spectacle tout jeune mais plein de promesses, qui invite à une sorte de méditation réflexive, une invitation à nous perdre dans la découverte de notre reflet dans le miroir tendu par les deux artistes.

 

GENERIQUE

Auteur·e / interprète : Amanda Homa et Idriss Roca.
Créatrices lumière : Julie Malka et Charlotte Eugoné.
Conseiller en dramaturgie : Taicyr Fadel.
Regard extérieur mouvement : Malika Lepeyre et Christophe Le Goff.
Constructeur : Franck Breuil.

©Samuel Brien