Alors que la dernière et 54ᵉ création du célébrissime Cirque du Soleil, Alizé, a commencé à Berlin avec 150 000 billets vendus dès avant la première, l’Île des impressionnistes à Chatou accueille le chapiteau des Québécois et une reprise d’un des spectacles mythiques de la troupe créés dans les années 1990 : Alegria. Une aventure baroque entre truculence et rêverie où lumières, costumes et numéros éblouissent plus que jamais le public.
Alors que le drapeau québécois est hissé à Chatou et que tout est organisé à merveille devant et sous l’immense chapiteau, du parking aux goodies en passant par les cocktails, les pop corns et la conciergerie VIP, des nouvelles générations viennent découvrir une version revue et illuminée d’un des spectacles phares du Cirque du Soleil, de passage en région parisienne jusqu’au 25 janvier 2006.
Pour entendre Yaël parler du spectacle dans Les Matins Mazz sur TSF Jazz, c’est ici:
Le spectacle initial avait réuni plus de 10 millions de personnes dans 65 villes du monde de 1994 à 2013. Il a été repris en 2018 avec le sous-titre assez bien trouvé « In a new light ». Et en effet, la lumière est capitale dans la recette d’émerveillement que produit cette nouvelle version d’Alegría. À commencer par les éclairs que reflète le sceptre du roi grimaçant de cette saga qui assume son échelle d’immense divertissement. Dès le premier numéro, alors que des clowns en habits baroques verts et aux faux-culs impressionnants se pavanent pour moquer les élites de la société, c’est une lumière chatoyante qui irrigue la scène et enveloppe les chanteuses aux habits féériques blancs et noirs d’une beauté quasi-lunaire. Les scènes se succèdent, saisissantes. Les jongleurs de feu et les acrobates figurent du côté de la plèbe, habillés comme dans un péplum ; dans des costumes qui n’ont pas pris une ride. Un grand cercle tourne sur le devant de la scène, tandis que deux magnifiques acrobates-papillons se pavanent. Les acrobates scintillent en blanc et tout en muscles pour trois sessions sublimes de haute voltige au trapèze et aux sangles. Les solos sont tout aussi impressionnants aux agrès et au cerceau. Et le show devient carrément poétique quand les bouts des cordes sont alourdis par des lampions bleutés puis quand le clown prend sa valise et semble arriver sur une scène enneigée de confettis blancs…
L’entracte arrive sur ce moment de blancheur et laisse juste le temps de boire un verre avant d’entrer à nouveau sous le chapiteau où l’on se croit un peu dans La Reine des neiges version dark. Les clowns négocient encore leur retour et lorsqu’ils l’obtiennent, les premiers rangs sont enveloppés par une bâche pour que la scène soit nettoyée de sa neige qui glisse littéralement au-dessus des spectateurs. Avec l’entrée en scène des percussions et des acrobates, nous réalisons que la scène a été transformée en grand cratère de trampolines, comme une planète Mars aux cratères caoutchouteux. C’est massif, sublime, protégé tout autour par d’autres artistes qui préviennent les rebonds qui seraient dangereux pour le public. Les clowns continuent de nous faire rire, l’hymne Alegría retentit et la magie se termine au-dessus d’un grand filet avec un numéro d’acrobates complètement incroyable. De tous âges, le public sort plein de rêves de cette grande machine à dépasser les limites. Alegría est à la fois une succession de numéros de cirque et un spectacle total et apparemment inoxydable. À offrir et conseiller sans modération.
(c) affiche / YH