Dans la superbe nef du Grand Palais, récemment rouvert, le chorégraphe Boris Charmatz rassemble 201 corps en mouvement dans Cercles, une performance participative et vibrante. À la croisée de la fête, du rituel et de l’expérimentation collective, ce projet conjugue art et lien social, scène et public pour nous proposer une forme d’expression artistique plus humaine que jamais.
Dès leur arrivée dans la nef du Grand Palais, les spectateurices sont invité.es à prendre part à l’échauffement mené en petits groupes par les onze danseur.euses professionnel.les. L’espace se transforme : onze alvéoles humaines s’animent, des cercles d’énergie se forment et investissent la nef centrale, métamorphosée en ruche joyeuse. Cet échauffement devient le premier acte chorégraphique du collectif. En effet, cette activation physique et sensorielle prépare à la performance Cercles.
Créée pour la première fois au Festival d’Avignon 2024, cette création fait écho avec La Ronde, le précédent travail de Charmatz, qu’il avait créé en 2021 au Grand Palais. Toujours dans le mouvement circulaire, Cercles met à l’honneur 201 personnes de tout horizons, proposant une fresque humaine et artistique très agréable.
De 16 à 75 ans, amateur·ices et professionnel·les fusionnent pendant deux heures. Trois cycles de quarante minutes, toujours rythmés par la fanfare électro MEUTE, scandent la progression du groupe. Si les musiques et les moments chorégraphiés reviennent, chaque cycle reste unique, animé par les variations individuelles, les états physiques, les humeurs collectives. Les mouvements empruntent autant aux danses folkloriques qu’au répertoire de Boris Charmatz, sans oublier l’Étude révolutionnaire d’Isadora Duncan, figure fondatrice de la danse libre.
La forme du cercle, ancrée dans les danses antiques, populaires ou sacrées, est ici détournée, amplifiée, vécue comme un espace démocratique, horizontal et mouvant. Véritable espace politique, de joie collective, Charmatz interroge les frontières entre artiste et spectateur, performance et rituel, offrant de la sorte un espace de liberté et d’expression extraordinaire.
À mesure que la nuit tombe, la performance s’intensifie. Lors du troisième cycle, le groupe fusionne encore davantage, devenant une vibration. Les individualités se confondent au profit de l’organicité du collectif. Le public, hypnotisé, gravite autour de cette création, happé par l’énergie qui en émane.
À la fin du dernier cycle, alors que les applaudissements jaillissent et que les sourires fatigués illuminent les visages, la barrière entre public et performeur.euses cède : tout le monde rejoint le cercle. La boucle est bouclée et un DJ set prend le relais, prolongeant la danse dans une fête où toutes et tous sont convié.es, faisant vibrer les corps encore plus longtemps sous la verrière du Grand Palais.
Avec Cercles, Boris Charmatz confirme son engagement à déplacer la danse hors des cadres conventionnels, vers un espace plus libre, inclusif et vivant. Une œuvre circulaire et généreuse, qui transforme un simple moment artistique en une expérience collective inoubliable.
visuel : ©Quentin Chevrier
Conception : Boris Charmatz
Assistante chorégraphique : Magali Caillet Gajan
Lumières : Yves Godin
Avec
Laura Bachman, Régis Badel, Guilhem Chatir, Eli Cohen, Olga Dukhovna, Julien Ferranti, Kerem Gelebek, Tatiana Julien, Johanna Lemke, François Malbranque, Samuel Planas, et un groupe d’environ 200 amateurs et amatrices.