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Carte blanche et noire du Système Castafiore en grâce

par Nicolas Villodre
19.03.2024

Postcard était le titre de la soirée d’adieux au music-hall du Système Castafiore au théâtre de Grasse. Qui d’autre que la chorégraphe Marcia Barcellos et le compositeur Karl Biscuit pourrait de nos jours envoyer de tels messages illustrés sur carton A6, en souvenir d’un séjour prolongé au pays des essences et des baumes ?

Série noire

Ce fut Byzance ! Nous avons assisté au dernier des deux programmes de la compagnie, d’une heure chaque, énigmatiquement intitulés L’Horizon des événements et Random Access Memory, séparés par un entracte de 3/4 d’heure permettant le changement d’éclairage et le repos des neuf guerriers, hommes et femmes confondus. Grégory Alliot, Caroline Chaumont, Tuomas Lahti, Tom Lévy-Chaudet, Dimitri Mager, Lucille Mansas, Daphné Mauger et Sara Pasquier incarnent les créatures du bestiaire castafiorien hybridées durant 35 ans, d’Aktualismus Oratorio Mongol (1990)  à Kantus 4 X-tinct Species (2021) – et donc aussi Postcard -, en passant par 4 log Volapük, Lucioles et autres stratagèmes, La Semaine des 4 jeudis, Protokol : Prokop, Les Chants de l’Umaï, etc.

 

Dans cette section plus obscure que claire, les danseurs n’ont de cesse de s’escrimer, de se grimer, de se métamorphoser en chimères, de changer de tenue – sans en manquer le moins du monde – à la vitesse de Fregoli. Le tout dans une atmosphère brumeuse, fantastique, expressionniste. Grâce à un noir et blanc teinté de nuances de gris, d’anthracite et de brun aussi. L’introït nous offre une danse serpentine, pas vraiment de celles, florales, lumineuses, polychromes de Loïe Fuller, plutôt proches des variations inquiétantes et étranges d’un Harald Kreutzberg, disciple de Laban et Wigman, compromis avec le régime nazi. Soit dit en passant, cette sombre routine qui ne date pas d’hier permet de relativiser la novation en la matière de la danseuse « contemporaine » Ola Maciejewska.

 

Discours de la méthode

Après cette partie composée d’une quantité de flash acts ou de saynètes éclair faisant songer aux tours de passe-passe d’un Méliès ou plutôt, l’usage de la vidéo y étant modéré, d’un Robert-Houdin, la compagnie prend ses distances non avec le spectacle qu’elle continue à prodiguer le plus joyeusement du monde, mais avec le commentaire du spectacle. La joyeuse scénographie de Jean-Luc Tourné est mise en valeur par la lumière de Christophe Chaupin. Les costumes bigarrés et burlesques signés, précisément, Christian Burle s’y fondent. Quelque effet vidéo de Vincent de Chavanes donne crédit à l’invraisemblable.

 

La carte postale de Castafiore est un retour au théâtre, avec des dialogues d’une drôlerie communicative, une profusion de gags visuels et, plus rare encore, quantité de gags sonores, l’art de Mme Barcellos et M. Biscuit étant aussi celui de la dissociation entre l’audio et l’optique, le texte et l’image, la parole et le geste, procédés chorégraphiques et scéniques influencés par les collages Dada, les principes lettristes, les détournements situ, l’absurde rendu plausible par le playback. La voix d’Antonin Artaud conclut magnifiquement la soirée avec cet extrait de Pour en finir avec le jugement de dieu (1947) : «Lorsque vous lui aurez fait un corps sans organes, vous l’aurez délivré de tous ses automatismes et rendu à sa véritable liberté. Alors, vous lui réapprendrez à danser à l’envers comme dans le délire des bals musette, et cet envers sera son véritable endroit».

Visuel : Vincent de Chavanes/Système Castafiore