« Canopée », une recrudescence de la nature au Off d’Avignon

La canopée urbaine

Avant d’être ce que nous sommes, l’être humain a été autre chose, un animal, un « chasseur-cueilleur » vivant avec pratiquement rien. Mais il a fallu que l’évolution suive son court et dévie du chemin. A partir de ce moment là, l’homme a changé sa trajectoire et a fait société. Il a créé un monde structuré, une organisation minutieusement contrôlée par l’envie de posséder. Alors l’homme a commencé à inventer, à amasser jusqu’à saturation. Ce spectacle parle de cette « canopée urbaine, la civilisation humaine », de notre oubli des origines pour arriver à la « déconnexion de l’homme avec la nature, sa nature ».

Canopée débute dans cette effervescence des technologies, dans l’abondance des objets connectés. Boris Vigneron interprète un artiste qui se met en scène, un chanteur, acrobate, comédien, musicien qui s’est construit tout un personnage, un homme sûr de lui, dont la gestuelle parfaitement programmée suit une trame bien précise. Mais quelque chose ne se passe pas comme prévu et les machines refusent d’obtempérer. Elles le lâchent, se fracassent et le laissent dépossédé de tout. Que reste-t-il à faire quand il n’y a plus rien ? Quand nous n’avons plus rien ? Quand notre vie que nous croyions si solide dégringole ? Quand nous perdons toute crédibilité ?

Un retour aux origines

Canopée est un spectacle qui n’a jamais vraiment lieu, une prestation qui aurait du être mais n’est pas. Pourtant, même avec peu de choses il est possible de créer. Boris Vigneron devient alors un artiste qui a perdu toute sa confiance mais qui, malgré tout, continue à s’inventer. Il se déconstruit et se livre aux spectateurs tel qu’il est. Sa prestation prend alors une autre tournure beaucoup plus intimiste et nous devenons les témoins d’une métamorphose, du resurgissement de l’animalité, de notre nature profonde et véritable.

Canopée est porté par un comédien aux multiples talents capable de faire beaucoup avec pratiquement rien. Les comiques de situation et de répétition se multiplient et entrent en connexion. Ils deviennent l’essence d’un seul en scène qui ne se prend pas au sérieux, qui fait de l’accident son moteur premier. Un spectacle qu’il faut aller voir !