Dans la grande salle du petit gymnase et sans véritable mise en scène, deux comédiennes formidables défendent Burn Baby Burn, un texte puissant autour d’une rencontre improbable qui va changer la vie de deux recluses. Un moment de vie et de bonheur théâtral.
La pièce fut créée à la Comédie française en 2010 par Anne-Laure Liégeois. L’autrice Carine Lacroix, née en 1974, est aussi comédienne. Sa vocation à l’écriture et au théâtre est née très tôt, à l’âge de dix ans, ainsi qu’elle le raconte régulièrement :
Je suis née à l’âge de dix ans quand mes parents ont quitté Paris pour une année buissonnière à sillonner l’Europe dans un camping-car. Pour remplacer l’école, il fallait écrire, jouer dehors, inventer des langues, visiter des ruines, dormir à la belle étoile et éventuellement résoudre des « problèmes » d’algèbre. Cette année-là s’est révélée déterminante et a largement influencé mon goût de l’écriture, du voyage, des clochards célestes, du hors-champ et mon dégoût des maths.
Elle a gardé et certainement utilisé ses souvenirs de bohème pour écrire ce Burn Baby Burn, inspiré du titre de la chanson du groupe de rock Ash. L’intrigue est une rencontre. Au sortir de l’adolescence, Hirip squatte une station-service abandonnée. Un jour, Violette arrive avec sa mobylette en panne d’essence. Une amitié singulière va naître entre les deux jeunes filles. Chacune s’invente une vie qu’elle confronte aux attentes de l’autre. Cet équilibre, né sous le signe de la rébellion et du fantasme, est compromis par l’arrivée d’Issa, livreur de pizza.
Mathilde Freytet, qui avait défendu dernièrement avec son habileté la boiteuse et neurasthénique Laura dans La Ménagerie de verre de Tennessee Williams mis en scène par Elie Rofé, confirme l’étendue de son talent.
Le bonheur du spectateur est ainsi garanti par l’excellence du jeu des deux comédiennes. Mathilde Freytet et Adèle Esseger sont tour à tour attachantes, bouleversantes, agaçantes. Elles restituent les tourments. Elles savent aussi, et c’est à ne pas rater, donner à la rencontre de ces deux exclues du bout du monde, à ces Vladimir et Estragon féminins, l’humour féroce du désespoir. Bravo.
Burn Baby Burn
Comédien.ne.s : Mathilde Freytet, Adèle Esseger, Tom Lovighi
Mise en scène : Adrien Lemaire, Léane Potin
Autrice : Carine Lacroix
Lumières : Léo Pétrequin
à partir du 16 janvier, au Théâtre du Gymnase, métro Bonne nouvelle, 21 h 30, Durée : une heure
Visuel : affiche