Le festival Paris l’été continue avec Asylum, de la Kibbutz contemporary dance company, dirigée par Rami Be’er. Époustouflant de virtuosité.
Violence et sensualité
« Seven – one – two – two – one – three« .
Des chiffres vociférés et amplifiés par un mégaphone. Des personnages qui courent ou rampent, des bouches déformées par la peur et des bras qui mettent en joue celui qui leur fait face : Asylum, en dépit de son titre, nous emmène dans un monde violent, celui de migrant·es bloqué·es aux portes de l’Europe et d’apatrides à la recherche d’un foyer. Le spectacle de Rami Be’er, porté avec brio par des danseurs et danseuses issu·es d’horizons divers, nous dit cette quête fébrile d’un asile.
Pourtant, cette violence est d’une beauté inattendue : les corps-à-corps entre policiers et migrant·es ne sont que sensualité et la lenteur des gestes nous conduit dans un au-delà du heurt. La musique alterne entre électro et sons aériens, qui viennent se perdre dans le chant des oiseaux qui survolent la cour du lycée Jacques Decour. La nuit tombe doucement sur le spectacle en plein air, soulignant le corps des danseurs et les halos de lumière.
Un temps suspendu
Très rapidement, cette beauté vient happer le public, qui en oublierait presque le propos du spectacle. On se laisse subjuguer par ces corps qui rampent et tournoient avec une incroyable virtuosité, dont les mouvements puisent dans différentes esthétiques. La composition chorégraphique joue-t-elle d’une opposition entre ces ensembles empreints de violence et ces soli tout en sensualité ? Qu’importe en réalité : c’est la rencontre, toujours délicate, de ces différents univers qui fait la magie de Asylum.
Les yeux dessillés, l’on suit avec incrédulité ce magnifique duo où la douceur triomphe de la brutalité ou cette magnifique imploration, en fond de scène, qui nous emporte en une prière millénaire. Le spectacle, qui disait le désarroi des réfugié·es contemporain·es, a finalement suspendu le temps en un geste anhistorique, qui relie le présent au passé le plus antique.
Asylum, Rami Be’er, au lycée Jacques Decour jusqu’au 15 juillet, à 22h.
Directeur artistique Rami Be’er
Univers musical Rami Be’er, Alex Claude
Costumes Rami Be’er, Lilach Hatzbani
Directeur répétitions et assistant directeur artistique Nitza Gombo
Assistant univers musical Eyal Dadon
PDG Amira Teomi
Fondatrice Yehudit Arnon (1926-2013)
Représentation internationale Yoni Avital | Avital Arts Agency
Danseurs Abrams Ayala, Beckerman Eden, Bessoudo Lea, Camarneiro Francisco, Civitarese Luigi, Cuoccio Francesco, Finkelstein Hadar, Garlo Nicholas, Gray Ward Grace, Kim Sujeong, Levi Dvir, Nikurov Ilya, Rheude Colette, Scott Denver, Serrapiglio Antonio, Vach Michal, Zuchegna Tommaso, Zvulun Orin
Visuel : © Eyal Hirsch
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