Elsa Adroguer à 16 ans fut manipulée et violée. Dans un seule-en-scène pointilliste, elle se souvient et témoigne sans nous imposer une confession complaisante, mais par petites touches, par petits pincements de nos cœurs bouleversés.
37 heures n’est pas un témoignage. C’est un conte de faits qui transfigure et joue avec le réel pour le démystifier. Nous cheminons le long d’un parcours chaotique, parfois burlesque, où se côtoient drame et légèreté. La pièce raconte l’histoire vraie d’une adolescente dont la vie bascule à 16 ans lorsqu’elle rencontre Christian, son moniteur d’auto-école. L’homme plus vieux, le premier homme de sa vie qu’elle proclamera son prince charmant, la violera pendant des années.
Elsa Adroguer ne souhaite pas concevoir un énième témoignage. L’intelligente élaboration venue avec le temps suscite une authentique et impudique analyse du piège de la manipulation. Aliénée à ses rêves naïfs de contes de fées, la jeune femme rencontre le monstre. Elle voit son adolescence interrompue, sa féminité torpillée.
Le spectacle merveilleusement interprété est précieux. La comédienne saisit le public dès la première seconde. Elle rend limpide un récit brillamment construit comme fragmentaire. La confession épouse la diachronicité psychique. Les souvenirs reviennent par morceaux. Comme dans la réalité, le traumatisme pétrifié à l’époque se détache par lambeaux. La mise en scène imaginée et ciselée ( dramaturgie, Émilie Beauvais, Valentine Bougouin à la scénographie, Paul Durozay, Matthieu Fays et Quentin Loyez à la création lumières, Matthieu Desbordes au son) finit de construire un spectacle fluide et émouvant.
Elsa Adroguer dépasse les conclusions convenues et donne à voir une réalité, tout simplement.