Denis Peyrat : Bonjour, c’est Denis Peyrat pour « La Discult », un podcast du média Cult.news. Aujourd’hui, nous sommes avec l’une des artistes les plus en vue de la scène lyrique internationale.
Lisette Oropesa : Bonjour, je suis Lisette Oropesa, soprano et je vais donner un concert avec mon ami Benjamin Bernheim à Paris, le 26 avril au Théâtre des Champs-Élysées.
Denis Peyrat : Merci Lisette de nous accorder cet entretien en français. Après avoir été Cléopâtre dans Jules César de Haendel début 2024 à l’Opéra Garnier, et La Traviata pour une représentation unique à l’Opéra Bastille en février, vous êtes en effet de retour le 26 avril au Théâtre des Champs-Élysées pour un récital exceptionnel en duo avec le ténor français Benjamin Bernheim. Première date d’une tournée qui vous mènera à Madrid, Barcelone et Baden-Baden. Le programme de ces concerts, sont à moitié italiens, moitié français, quels sont vos rôles préférés dans notre langue et que vous apportent-ils ?
Lisette Oropesa : Oui, j’aime beaucoup chanter en français. Moi, je trouve que la langue a beaucoup de nuances et je trouve que cela aide énormément à trouver des couleurs et à montrer les différences entre les émotions. Je crois que vous avez beaucoup d’options pour faire des choses douces, pour faire des choses plus fortes, pour jouer un peu avec le souffle. C’est à cause de la langue, car il y a n’y que sept voyelles en italien, et beaucoup plus en français. C’est aussi la première langue étrangère que j’ai apprise il y a de nombreuses années en Louisiane. Quand j’étais petite, j’ai commencé à étudier le français à l’école. Je me souviens bien que je suis tombée amoureuse de la langue française que j’aime bien.
Denis Peyrat : C’est un grand plaisir de vous retrouver en scène avec Benjamin Bernheim, vos voix et vos répertoires s’accordent bien. Avez-vous encore d’autres projets en commun ? On rêverait de vous entendre ensemble dans Manon ou Roméo et Juliette.
Lisette Oropesa : J’ai beaucoup chanté avec Benjamin et je l’adore, comme chanteur autant que comme collègue. Je le connais, ainsi que sa femme, Sandra, qui est aussi une très bonne chanteuse soprano. Nous nous sommes connus il y a des années, à Lausanne pour la première fois, on a chanté Hamlet. C’est d’ailleurs la fois où j’ai chanté ma première Ophélie, il était Laerte mon frère. Nous sommes amis depuis déjà longtemps, et j’aime bien chanter avec lui. Je crois qu’il fait beaucoup de bien aux autres sur scène. Oui, voilà, on est très heureux ensemble, et on a déjà fait Lucia di Lamermoor et pas Lucie. Je voudrais bien faire cet opéra en français avec lui. Peut être que ce ne sera pas possible dans l’avenir, mais je crois que oui concernant Manon et Roméo et Juliette. Je sais qu’il a un très grand répertoire et qu’il est très occupé, il fait beaucoup pour tout le monde, il est connu et a beaucoup de fans. Donc oui, j’ai hâte de chanter avec lui. Nous avons déjà programmé ces trois concerts ensemble, je voudrais qu’il y en ait d’autres.
Denis Peyrat : Dans votre répertoire actuel, il y a beaucoup de rôles dramatiques et à part Adina, dans L’Élixir d’amour, et Marie, La Fille du régiment, il n’y a presque pas de rôle joyeux. Est ce que c’est le développement de votre voix qui vous porte vers ses rôles ?
Lisette Oropesa : C’est intéressant parce que tous mes rôles les plus joyeux étaient aux États-Unis. C’est vrai, j’ai eu l’occasion de jouer La Fille du régiment. Je me suis produite aux États-Unis, à Washington DC, à Chicago, et Pittsburgh. J’ai chanté ce rôle trois fois, et j’adore ça, c’est vraiment drôle. J’aime beaucoup aussi être amusante, c’est ce qui me caractérise, je pense. J’ai toujours été quelqu’un qui aime rire, c’est ma nature. Je crois que ma voix a beaucoup de luminosité, mais je ne sais pas exactement pourquoi on me perçoit comme dramatique. Oui, j’aimerais peut-être revisiter le rôle d’Adina dans L’Élixir d’amour, Rosina dans Le Barbier de Séville. Je me souviens de l’avoir interprété avec plaisir à Paris, même si nous avons dû annuler plusieurs représentations à cause des grèves, il y a quelques années. Oui, j’aime bien apporter de la joie. J’aime chanter, c’est quelque chose qui me vient naturellement, je suis à l’aise dans ces rôles joyeux. Quant à mes projets futurs, je vais reprendre La fille du régiment à Munich l’été 2025. En fait, je pense que je suis plus encline vers des rôles dramatiques. Voilà, tous ces personnages qui meurent à la fin.