Dominique Filhol revient avec nous sur la genèse du film, son rapport aux OVNI et la manière dont il a voulu raconter cette histoire vraie à travers la fiction. Rencontre avec un réalisateur passionné par les récits qui échappent aux évidences.
À l’occasion de la sortie de Valensole 1965, nous avons rencontré Dominique Filhol, le réalisateur passionné par les mystères de l’inexpliqué. Il revient sur sa démarche artistique, ses influences et le regard qu’il porte sur les faits qui ont inspiré son film.
Bonjour Dominique Filhol. Après avoir vu votre film la première question qu’on peut se poser c’est quel est votre rapport aux OVNI, aux questions d’une vie/activité en dehors de la Terre ?
Ça fait très, très longtemps que je m’intéresse aux OVNI. Ça a commencé, gamin, quand mon
père m’a expliqué avoir vu quelque chose de très étrange dans les années 70. Ils étaient sur l’autoroute avec un ami, et ils ont vu une boule verte dans le ciel qui ne bougeait pas et de laquelle sortaient des petits objets rouges en forme de gélules et qui descendaient comme ça vers le sol et qui, une fois qu’ils étaient au sol, revenaient à nouveau et rentraient dans cette grosse étoile verte. Sauf qu’à l’époque, en fait, mon père n’était pas le seul à avoir vu ça parce que déjà, il était avec un ami et plein d’autres gens s’étaient garés sur le bord de l’autoroute pour voir ce truc absolument incroyable. Et j’ai retrouvé des années plus tard l’interview d’un paysan, justement, qui a vu ce truc rouge se poser dans son champ. Il explique que c’était en lévitation, qu’il avait eu extrêmement peur et lui, il était à côté.
Donc, ce que mon père avait vu de loin, j’ai retrouvé des années après une archive de quelqu’un qui l’avait vue de près. Donc, ça a commencé comme ça. Ensuite, du coup, je collectionnais tous les magazines sur les OVNI. Je lisais tous les livres sur le sujet. Je regardais tous les films sur le sujet. Je suis de la génération E.T. et X-Files.
Donc, évidemment, tout ça, à un moment, ça a une influence sur vous. Mais j’ai toujours trouvé ce sujet passionnant parce qu’il est mystérieux. Et j’aime vraiment le mystère et tout ce que ça peut évoquer.
Est-ce que vous placez votre film comme un film de science-fiction où avez-vous une vision un peu plus réaliste du film?
Alors pour moi, c’est pas un film de science-fiction, mais ça peut être un des genres du film. Mais c’est avant tout un drame. J’ai envie de dire un drame fantastique, parce qu’il y a une dimension fantastique avec ce qu’il a vécu. C’était important pour moi de rester au plus proche de ce que Maurice a expliqué avoir vécu. Et à la fois en se basant sur ce qu’il a dit, sur les rapports de gendarmerie que j’ai pu lire, sur ce qu’on m’a raconté, sur ce que j’ai pu voir dans les journaux de l’époque, sur ce que sa famille a pu me dire aussi de cette histoire. Dans le film il y a une partie qu’on a inventée, mais globalement, c’est très, très proche de ce qu’il a vécu. Et c’est parsemé de vraies anecdotes et parfois même des mots de Maurice.
Dans ce film, tout ce qui va être relation familiale et relation village, est très important. Et même tout ce qui va être du paysage -les images sont très jolies. On est vraiment plongé au cœur du sud de la France. C’est pour ça que je trouve qu’il y a un côté où on n’est pas proche de la socialisation, parce qu’il y a un côté très, comme vous avez dit, drame. Pourquoi c’était important pour vous de mettre en lumière ces relations familiales et dans les villages ?
Je voulais pas que le film tourne uniquement autour de l’histoire d’OVNI, même si elle est complètement centrale dans le film. Je voulais montrer, en fait, comment ça avait impacté Maurice, déjà, dans un premier temps, comment ça avait impacté sa famille et comment ça avait impacté les villages. Donc il y a trois strates, comme ça, dans le film. Il y a Maurice, la famille et le village. Et on voit que Maurice, lui, le premier, c’est la personne la plus choquée de l’histoire. La famille, elle n’est quand même pas tranquille. Et le village, il prend un peu plus de distance. On est plus dans les ragots sur comment circule une rumeur, qu’est-ce qu’on projette sur les autres quand on entend parler d’une histoire. Et j’adore ! Moi, j’ai grandi dans un petit village, donc je sais comment une rumeur peut se propager, comment les gens parlent de tel ou telle personne. Et ça, je voulais le montrer. Et c’est pour ça que le film s’appelle Valensole 1965. Le village de Valensole, pour moi, est un personnage essentiel de l’histoire, puisque de toute façon, cette histoire, elle n’a pas qu’impacté Maurice. Elle a impacté sa famille et elle a impacté le village. Donc c’était important d’essayer de montrer tout ça dans un film d’1h30.
Vous nous avez raconté comment les histoires d’OVNI vous ont très vite passionné, mais comment avez-vous entendu pour la première fois l’histoire de Maurice Masse, et pourquoi êtes-vous entré par cette histoire là et pas par une autre ?
Cette histoire d’OVNI m’a particulièrement plu parce que c’est quand même l’histoire la plus renseignée et la plus étrange. J’ai eu la chance de rencontrer un Monsieur qui s’appelle Jacques Vallée. Pour la petite histoire, Jacques Vallée a inspiré Steven Spielberg pour le personnage joué par François Truffaut dans Rencontre du 3ème type.
Jacques Vallée, c’est un astronome, un investisseur qui a travaillé sur le sujet des OVNI tout au long de sa vie. Il a travaillé pour la NASA, et a fait les premières cartes pour Mars. Il a travaillé sur l’ancêtre d’Internet qui était Arpanet. Enfin, c’est un visionnaire, quoi. C’est quelqu’un qui a fait partie de programmes de recherche sur les OVNI tout au long de sa vie, à la fois aux États-Unis et à la fois en France. Et quand j’ai rencontré Jacques, et ce qu’il a toujours dit, même avant notre rencontre, c’est que le cas de Valensole est un des cas les plus extraordinaires et les plus renseignés sur lesquels il a pu travailler, puisqu’il y a ces fameuses traces au sol. Parce qu’il a rencontré Maurice à plusieurs reprises, qu’il a vu que c’était quelqu’un de crédible, qui a pu comprendre, qui a vraiment parlé de psychologie avec Maurice. Et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai voulu faire ce film, c’est parce que c’est vraiment le cas français le plus extraordinaire en termes d’histoire d’OVNI, parce qu’il y a les rapports de gendarmerie avec tout ce qui s’est passé avec les journalistes, les scientifiques qui sont venus voir Maurice, plus l’histoire en elle-même de rencontres rapprochées, ça fait une histoire incroyable. Ca me passionnait l’histoire de Valensole.
Pensez-vous qu’aujourd’hui, il pourrait encore avoir une histoire comme celle de Valensole et pensez-vous que cela prendrait autant d’ampleur que cela a représenté à l’époque médiatiquement ?
Je pense qu’aujourd’hui, une histoire comme Valensole, oui, elle s’est déjà produite par le passé, il y a eu d’autres histoires après qui se sont produites dans d’autres endroits dans le monde, notamment en Afrique, au Zimbabwe, dans une école où des dizaines d’enfants, en plus il y avait plusieurs témoins, tous les enfants d’une cour de récréation ont vu un objet en forme de soucoupe se poser, avec pareil un petit être à côté, qui leur a carrément envoyé des messages télépathiques en leur disant qu’il fallait prendre soin de la planète. Et on est dans les années 90, à une époque où on parlait quand même moins d’écologie qu’aujourd’hui.
Par exemple, là récemment, des pilotes de chasse américains, il y a des vidéos qui sont
sorties, qui ont été officialisées par le Pentagone, par l’armée de l’air américaine, comme quoi les pilotes de chasse sont rentrés en contact avec des objets volants non identifiés, on les appelle maintenant phénomènes aérospatiaux non identifiés, qui avaient des performances incroyables, qui volaient à des vitesses pas possibles, qui peuvent s’arrêter, repartir, tout ça sans aucun moyen de propulsion, sans aile. Donc on le voit en fait comment c’est traité aujourd’hui. Aux Etats-Unis, on en parle beaucoup, les médias n’ont vraiment aucun problème à en parler.
En France, je trouve que ça reste encore tabou, même si j’ai l’impression que ça change de plus en plus, je suis quand même toujours les reportages qui sortent sur le sujet, et c’est vrai que je dois admettre que ces dernières années, je trouve qu’on parle du sujet un peu plus sérieusement qu’à une époque. Mais avant, la route a été déblayée par des journalistes comme Jean-Claude Bourré, qui s’est battu pour que le sujet soit pris plus au sérieux. Ca a toujours été fluctuant le sujet des OVNI, parce qu’ à la fin des années 70, il y a quand même le ministre de la Défense français qui dit que les OVNI sont un sujet sérieux, qu’il faut les étudier, et que du coup, suite à cette déclaration, a été créé au sein du Centre national d’études spatiales le GEPAN, qui est l’organisme officiel en charge de récolter les témoignages sur les OVNI. Donc en fait, à la fois, certaines personnes ne prennent pas du tout le sujet au sérieux, et c’est quelque chose de fluctuant en fonction des époques, de ce qui se passe. Par contre, sur la question de la vie extraterrestre, je la mets un peu à l’écart des OVNI, mais on parle souvent des deux.
Pour les plus grands astrobiologistes aujourd’hui, comme Nathalie Cabrol, qui travaille à la NASA, c’est une histoire de temps avant qu’on découvre la vie ailleurs. Ce n’est même plus une histoire, est-ce que ça existe ou pas, est-ce qu’on y croit ou on n’y croit pas. C’est une histoire de temps maintenant.
La question sur les OVNI, c’est quelque chose qui vous tient à cœur, vous attendiez-vous à passer aux longs métrages sur le sujet ?
C’est sûr que, mon histoire d’amour avec les OVNI, elle n’est absolument pas terminée, et en effet, j’ai d’autres projets sur le sujet. Mais je n’ai pas non plus envie de m’enfermer là-dedans, j’ai envie d’explorer d’autres thèmes, d’autres sujets. Mais c’est un sujet passionnant et plein de mystères et qui fait rêver. Donc ça, ça me plaît.
Merci beaucoup pour cet entretien.
Merci à vous.
Cette discussion avec Dominique Filhol confirme à quel point le mystère continue d’inspirer, entre fascination, doute et imagination.
Valensole 1965 est à retrouver au cinéma le 9 juillet 2025
© Visuel: Noos Pictures, Lou Faulon et Wlad Simitch