« Valensole 1965 » de Dominique Filhol, quand l’extraordinaire rencontre le réel

Une fiction née d’un fait divers toujours inexpliqué

Dominique Filhol signe avec Valensole 1965 un film troublant, entre drame rural et fiction incarnée, qui revient sur une affaire toujours irrésolue : l’apparition d’un OVNI dans un champ de lavande du sud de la France.
En juillet 1965, à Valensole, Maurice Masse, un agriculteur, affirme avoir vu un engin volant se poser dans son champ. L’affaire passionne la presse, interroge la gendarmerie, trouble les habitants…  Ce sont ces faits que le réalisateur choisit de revisiter à travers une approche sensible.

Un récit ancré dans un territoire

À travers de beaux plans de la Provence, Dominique Filhol nous invite à (re)découvrir cette histoire qui a marqué la France des années 60. À l’aide de véritables témoignages, de déclarations aux gendarmes, et ponctué par l’incroyable performance des acteurices Matthias Van Khache et Vahina Giocante, le film témoigne d’une tension dramatique proche du réel. Il n’est pas une simple retranscription des faits : il nous rapproche de la vérité d’une famille, et même d’un village, chamboulés par des événements encore aujourd’hui inexpliqués.

Le film s’appuie sur une direction artistique très soignée : les paysages de Provence, baignés de soleil, captent une forme d’innocence rustique, là où la fiction vient injecter le doute, le trouble, voire l’angoisse. On est pris dans les angoisses de Maurice face à cet étrange moment. Ce contraste est particulièrement réussi. La photographie, vive et chaleureuse, s’oppose au poids de l’incompréhensible et du trouble qui plane dans la famille Masse.

L’intime et le collectif, au cœur du trouble

Dans ce long-métrage, l’accent est mis sur la vie à la campagne et sur la manière dont une rumeur peut se propager et endommager des vies. Les images sont belles, vives et colorées, mais le drame  qui s’y joue est vraie et déroutant.

Matthias Van Khache (dans le rôle de Maurice Masse) et Vahina Giocante (dans celui de sa femme) livrent des performances justes et émouvantes, loin de toute caricature. Iels incarnent les secousses intimes d’une famille confrontée à l’inconnu, tout en soulignant l’impact social de l’événement sur un village entier. Les acteurices livrent une justesse touchante dans les liens familiaux, montrant les faiblesses de ceux-là face à une quête de vérité.

Une fiction qui questionne nos certitudes

Valensole 1965 ne se contente pas de reconstituer une affaire d’OVNI : le film interroge surtout les mécanismes de la rumeur, la violence du doute, et le besoin humain de tout expliquer. Il montre aussi comment une communauté soudée peut se diviser dès lors que la réalité dérape. Mettant en lumière le doute et les croyances autour de l’espace et du monde inconnu qui nous entoure. Il montre toute une communauté qui s’articule sur cet évènement avec les sceptiques, les rêveureuses, les opportunistes… Tout en respectant les dynamismes et esthétismes de la France 1965.

Certes, le film laisse volontairement certaines zones d’ombre, frustrant parfois les esprits cartésiens. Mais c’est aussi là toute sa force : ne pas trancher, mais faire sentir.

Quelles que soient les positions sur ces phénomènes inexpliqués, Valensole 1965 réussit le pari d’un récit captivant et pudique, qui touche autant à l’intime qu’au collectif. Un objet filmique hybride, à la frontière du réel et de la fiction, qui reste en tête bien après la projection.