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23.10.2024 → 25.10.2024

« Suzanne : une histoire du cirque » : moderne, intelligent et sensible

par Mathieu Dochtermann
28.10.2024

Plaisir d’être confronté·e à un OVNI

Il n’est pas facile d’écrire sur Suzanne : une histoire du cirque. D’abord, parce qu’une grande partie du plaisir qu’on peut éprouver à traverser cette expérience en tant que spectateurice vient de la surprise de découvrir son sujet, de suivre les rebondissements mis en scène, et de rester dans l’expectative de la fin. Aussi ne faut-il pas trop en révéler. Ensuite, parce qu’on est là face à un objet difficile à caractériser : spectacle, conférence, film, performance, le flou est savamment entretenu, et cela soulève d’ailleurs bien des questions passionnantes. Enfin, parce que le projet est intelligemment mené, et qu’il regorge d’éléments qui sont pertinents pour alimenter une discussion autour de ce qu’est le cirque aujourd’hui, et de comment il est parvenu à cet endroit où il se trouve.

 

Il est en tout cas possible de dire que Suzanne : une histoire du cirque procure un vrai bonheur pour la personne qui le découvre, particulièrement si elle est intéressée par le cirque, et sensible à la question de la création. Sans doute tous les publics ne réagiront-ils pas de la même façon, selon les circonstances : assister à une représentation dans le théâtre d’Auch pendant le festival Circa, en étant soi-même un minimum informé·e de ce qui se trame, de qui est dans la salle, immergé au milieu des élèves des écoles de cirque, ce n’est certainement pas la même chose que d’y assister dans un lieu neutre, avec une assistance moins directement investie ou moins réactive, sans la charge émotionnelle de la circonstance particulière. Ce qui pose d’ailleurs la question du devenir de cette drôle de proposition, et la question de son potentiel à toucher un large public.

 

Quand le cirque rencontre le cirque, ou quand Suzanne rencontre Anna

En tout cas, il y a là amplement matière à alimenter la réflexion. Anna Tauber dit de son projet en tout début de spectacle – ou de conférence, ou de présentation – qu’il réunit quatre choses qu’elle aime : le cirque, les archives, les collages et Dalida. On reviendra plus tard sur les derniers items de cette liste : commençons par dire que la recherche documentaire en elle-même lève quelques pépites passionnantes, et que, avec l’aide d’un montage dynamique de films d’archive datant d’une soixantaine d’années en moyenne, on fait une visite accélérée de ce qu’était le cirque à l’époque de nos grands-parents… pour faire ensuite se télescoper les époques, le cirque contemporain rencontrant – littéralement – son devancier. D’où le collage : l’art de faire voisiner des éléments apparemment disparates, et de tirer de ce rapprochement des effets intéressants.

 

C’est l’occasion, chemin faisant et souvent l’air de ne pas y toucher, de mettre subtilement en lumière des questionnements absolument fondamentaux sur le cheminement du cirque dans son ensemble. Ce qui apparaît de la façon la plus centrale est le rapport au risque, et donc, in fine, le rapport à la possibilité de l’accident mortel. À un moment de Suzanne : une histoire du cirque, une personne s’exclame « C’était magnifique ! » à propos des frères Clerans et de leur numéro du saut de la mort, quasiment dans le même souffle qu’elle rappelle qu’il entraîna le décès du voltigeur. Confronté·es à ces vieux numéros, qui se faisaient sans les protections maintenant d’usage – longes, tapis, filet –, de jeunes artistes de cirque contemporain sont visiblement, profondément, troublé·es.

 

Et puis, il y a, dans le désordre et sans creuser, tant de choses à prendre. Pourquoi est-on passé du cirque de numéros au cirque de spectacles ? Quelle est la différence entre ces artistes qui se lançaient en autodidactes, avec peu de technique, mais énormément de travail, et les artistes contemporain·es formés dans de grandes écoles ? Le cirque technique que nous voyons aujourd’hui est-il finalement le même que le cirque de l’absolue prise de risque où la mort était une issue très possible et réelle ? Quels sont les rapports – de filiation, de transmission – entre la génération du cirque d’il y a cinquante ans, et celle d’aujourd’hui ?

 

Mise en scène de la recherche contre mise en scène de la chercheuse

A ces recherches précises, passionnantes, Anna Tauber mélange des rencontres faites en chemin, et sa propre vie. Il y a Suzanne, merveilleuse d’espièglerie, à la mémoire précise et au verbe facile. Il y a François, qui ne manque pas non plus d’humour ni de souvenirs de jeunesse. Il y a Marine, Luke et Simon, des merveilles de gentillesse, d’audace et d’acharnement au travail. Cette galerie de personn(ag)es rend la partie documentaire filmée assez délicieuse. C’est émouvant, c’est drôle, c’est sensible, c’est un travail formidable à la fois pour ses mérites dramaturgiques propres – avec cependant quelques passages à l’intérêt discutable, comme la séquence avec le professeur de Systema – et pour la trace documentaire qu’il constitue.

 

Et puis, il y a Anna Tauber qui se met en risque, elle-même, d’une certaine façon, en s’exposant sur scène et à la caméra, et qui fait le choix de lier son histoire de vie au reste de son propos, avec une certaine honnêteté quant aux ressorts – au moins à certains d’entre eux – qui la poussent à poursuivre ce projet coûte que coûte. C’est peut-être pour cela qu’elle tient à être sur scène, et à dialoguer avec son film – parfois au tout premier degré, en rejouant en direct les questions auxquelles l’interviewée répond à l’écran.

 

Et puis, mettre en jeu sa propre histoire familiale est une intuition très juste, car il y a quelque chose de l’héritage, de la filiation, de la mémoire aussi qui traversent toute cette proposition, et cette projection familiale est une clé qui peut rendre le propos plus universellement sensible, au-delà du milieu des aficionados du cirque. On reste un peu plus interdit par le choix d’intégrer à Suzanne : une histoire du cirque sa passion pour Dalida, qui certes donne une couleur musicale au film et le situe dans le temps du passé, qui certes encore permet de faire écho à des thématiques par ailleurs présentes dans la proposition, mais qui finit par déboucher sur un moment scénique qu’on qualifiera, a minima, de surprenant. On aurait préféré avoir des nouvelles de Suzanne, curieusement absente des dix dernières minutes du spectacle.

 

Suzanne : une histoire du cirque est à recommander, très fortement, à toustes les amoureux·euses de cirque, mais ce n’est pas qu’un objet fait par des circassien·nes pour les circassien·nes : du fait de son humour et de sa sensibilité, il peut très certainement séduire un plus large public.

Collage Axelle Gonay, Pierre Dannès et Alain Julien