Un tourbillon envahit l’espace et la poussière se répand, pour ne laisser place qu’à une terre aride, un environnement qui fait résonner en nous la peur de l’avenir dans un monde en danger, mais aussi le formidable espoir d’une possible reconstruction. La vie réapparaît sous la forme d’une présence qui persiste face à l’adversité.
Mais que fait-il là au milieu du néant ? Pantin désarticulé dans un monde hostile où rien ne pousse. Il a surgi, sorti de la poussière, d’abord une tête, puis un bras, puis une jambe. Où peut-il bien aller dans cet univers minéral et confiné ? Va-t-il trouver le courage d’affronter l’inconnu après le chaos? La jeune metteuse en scène Sophie Mayeux nous invite à un rêve éveillé entre peur de disparaitre et envie de vivre. L’histoire qu’elle raconte est inspirée de celle de Pompéi et de ces corps pris dans l’éruption du volcan, qui ont été figés dans la cendre. « J’ai vu un documentaire sur Pompéi qui m’a beaucoup marqué. Je voulais parler de ces traces que l’on laisse dans le sol, et de la façon dont la terre les conserve. Cela m’intéressait aussi de montrer ce qu’il se passe dans le sous-sol», confie-t-elle, « et raconter la reconstruction aussi. On a travaillé à partir des cendres et de la façon de se reconstruire à partir de ces cendres ».
C’est aussi un travail sur le temps, qui advient brutalement, ou qui s’étire lentement, de manière indicible, comme un nouvel espace dans lequel évoluer et tenter de guérir du passé dont on ne s’émancipe jamais vraiment. Poussière parle aussi du sens à donner à nos existences et sur la direction à prendre, quand tout semble en ruines, quand le corps ne répond plus et que l’espoir semble nous avoir quitté. Il y a alors toujours une main tendue, pour nous aider à nous relever, et nous aider à marcher. A l’image de ce personnage manipulé par des êtres bienveillants, comme des anges gardiens … qui le guideront vers l’ailleurs.
Un spectacle qui s’inscrit dans une démarche entamée depuis quelques années par cette artiste pluridisciplinaire, entre la marionnette et la danse. La recherche de Sophie Mayeux porte sur la relation au corps, à l’objet et à la matière. Elle apporte une attention particulière au mouvement et à la plasticité des formes, comme dans son précédent spectacle « La Métamorphose – Die Verwandlung ». Avec sa compagnie, dont le nom « infra » évoque ce qui est en deça du spectre du visible, elle nous donne à voir au-delà du réel, et explore les liens qui nous lient les uns aux autres et le monde qui nous entoure avec un regard délicat et une grande puissance créatrice.
Poussière, Mise en scène Sophie Mayeux, Interprété par Coline Ledoux & Tim Hammer, Au Théâtre du Train Bleu, 40 rue Paul Saïn, 84000 Avignon, 20h45, durée 45 minutes, à partir de 9 ans, 14-20 euros.
Visuel © Véronique Lesperat-Héquet