Après avoir ausculté les relations particulières entre écrivains célèbres dans Depuis que je vous ai lu, je vous admire, Catherine Sauvat se penche sur les écrivaines qui ont choisi des noms d’hommes.
À y réfléchir rapidement, de grands noms viennent rapidement lorsqu’on cherche quelques écrivaines ayant écrit sous le nom d’hommes : George Sand bien sûr, George Eliot, Colette… Ils sont elles réuni quarante-et-un portraits, de courtes biographies qui reviennent sur le pourquoi du comment. Les raisons sont bien souvent les mêmes, avec parfois quelques variations : « combien de femmes empêchées, contrariées, soumises à une injonction maritale, familiale, à des impératifs éditoriaux ou à une pression sociétale sont allées jusqu’à changer leur identité pour se donner une chance d’exister en littérature ? »
On rencontrera donc Madame de La Fayette qui longtemps refusa de reconnaître la paternité (maternité donc) de La Princesse de Clèves, une certaine Duras (Claire de), une femme déterminée aux multiples amants qui signa son roman Lélia « George Sand », une Jane Austen très fière de son travail qui parvint à publier Raison et Sentiments à compte d’auteur alors que sur la couverture figurait un mystérieux « By a Lady »… Plus récemment, Catherine Sauvat se penche aussi sur Karen Blixen, l’auteure de La Ferme africaine qui publie ses Sept Contes gothiques sous le pseudonyme d’Isak Dinesen « qui réaffirme l’ambition d’une femme qui refuse d’être freinée sur le chemin de ses aspirations ».
Avec ses talents de conteuse et de vulgarisatrice que l’on sait apprécier depuis déjà quelques livres, Catherine Sauvat nous fait connaître le destin de femmes qui ont su transmettre une œuvre en contournant les codes du patriarcat. Si le livre peut faire un peu catalogue, recommandons-le de le lire par petites bouchées. Ils sont elles a également l’intelligence de faire alterner écrivaines connues (Louisa May Alcott, Mary Shelley, sœurs Brontë…) et auteures tombées dans l’oubli (Daniel Stern, Henry Gréville…).
Ils sont elles, Catherine SAUVAT, Flammarion, 320 pages, 21 €
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