Le festival Chantiers d’Europe bat son plein au Théâtre de la Ville. Sous-titre : « La scène européenne face aux défis du présent », c’est surtout l’occasion rêvée de découvrir des artistes souvent inconnus en France. Hier, Laida Azkona Goñi et Txalo Toloza-Fernández ont tenté de nous amuser dans un mélange un peu trop fouillis de conférence TED, parodie de studio hollywoodien et de réflexions décoloniales. Un objet qui se veut pop, mais qui souffre d’une esthétique peu heureuse.
Avant que le spectacle commence, ça grouille sur le côté de la scène : il y a du monde en régie et, devant nous, sur un écran, un texte donne le ton de la soirée : « Dans un avenir pas si lointain, l’espace extérieur sera configuré par des installations industrielles et des voies de communication. » Ce bout de citation est de José Ignacio Castro, un analyste à l’Institut espagnol d’études stratégiques en 2018.
Sur le plateau, on trouve un énorme astéroïde en aluminium suspendu à ras du sol, et pas mal d’autres écrans. Avec une immense sympathie, Laida Azkona Goñi et Txalo Toloza-Fernández, vêtu·e·s de tenues légères de cosmonautes, nous racontent, entre vrai cours d’histoire contemporaine et dystopie fictionnelle, comment les pires des humains sont partis à la conquête de l’espace, non pas pour en savoir plus sur d’autres que nous, mais pour en exploiter tout ce qui est possible.
Nos téléphones, nos sites web, tout a besoin de minéraux au bord de l’épuisement ici-bas, alors les Elon Musk et consorts vont forer ailleurs. Sur le fond, la pièce est impeccable : elle mêle avec intelligence de vrais récits scientifiques à un rêve d’exploration du vivant, sincère, sur Mars.
Mais le jeu très naturaliste s’oppose à une mise en scène de plus en plus accumulatrice. Les panneaux de couleur et autres monticules ne cessent de s’ajouter pour accompagner le récit, l’appuyant de façon bien trop explicite. Cet effet est renforcé au forceps par une bande-son lyrique omniprésente qui nous assomme.
C’est dommage, car avec un peu d’épure, la pièce pourrait vraiment nous alerter sur ce pillage digne de Star Wars. Mais malheureusement, cette scénographie nous épuise et nous interdit d’accéder au fond de leur proposition.
Chantiers d’Europe, jusqu’au 29 juin, à noter du 24 au 27 , la dernière création d’Oona Doherty, Specky Clark.
Visuel : Laia Nogueras