Inspiré de sa propre histoire familiale, Le Temps d’aimer, de la réalisatrice française Katell Quillévéré, a été présenté à Cannes Premières. Un film en costumes qui nous parle directement aujourd’hui, avec les extraordinaires Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier.
Tout commence par un sujet d’actualité : filmée en noir et blanc, la Libération est aussi le temps des règlements de comptes et des iniquités. On tond une jeune fille enceinte d’un officier allemand…
Quelques années plus tard, on la retrouve serveuse dans un hôtel huppé sur une plage normande, élevant seule et avec rigueur son fils. Un fils de famille boitant un peu à cause de la polyo s’éprend d’elle et de l’enfant. Ayant partagé leurs secrets, contre l’avis de tous, ils se marient…
« J’ai essayé de faire dialoguer ma passion pour Maurice Pialat et Douglas Sirk », explique Katell Quillévéré. Son film en costumes est sobre, tenu historiquement. Renseigné aussi. La caméra ne lâche pas les personnages principaux, tout en leur laissant assez d’espace pour qu’ils conservent leurs secrets, leurs deuils et leurs mystères. En révélant l’homophobie et les préjugés d’une époque et en dressant – comme en contre-jour – le portrait d’une famille qui a su se composer, malgré tout, le film nous touche au cœur. Rien de plus actuel que cette alliance entre deux êtres blessés qui se déploie. Et rien de plus émouvant que la construction d’un amour.
Le temps d’aimer de Katell Quillévéré, avec Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste, France, Belgique, 2023, 125 minutes. Cannes Premières.
Pour lire tous les articles « cult. » sur le Festival de Cannes 2023, cliquez.
Visuel © Gaumont