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Au Festival du Haut-Limousin, un soir bleu entre fandango et Bartók

par La redaction
03.08.2024

C’était le dernier soir bleu d’été cher à Rimbaud à la ferme de Villefavard où deux concerts se sont succédé dans la grange transformée en auditorium. L’ensemble Faenza nous a plongés dans un salon parisien de 1908, à l’heure de la mode espagnole, tandis que les frères Pierre et Théo Fouchenneret ont accueilli la nuit avec trois sonates aussi virtuoses que sublimes.

Un tour dans la ferme de Villefavard

 

Dans la journée, nous avons profité de l’abreuvoir central de la cour de la ferme de Villefavard pour y contempler les poissons, entendre les échos des répétitions. Mais aussi en apprendre plus sur cette ferme modèle créée dans un contexte religieux bien particulier : le prêtre local ayant été désavoué par l’Eglise, l’ensemble du village s’est converti au protestantisme. C’est donc le pasteur Edouard Mory, homme aisé, qui a fait venir de Suisse l’architecte de cette ferme, Frédéric Henri Bosshard. L’endroit était fort moderne pour son époque, où la vie des ouvriers devait être simplifiée par le béton, une cour en pierre, et un petit wagon apportant leur grain aux vaches et aux cochons. Le pasteur s’est fait construire plusieurs résidences autour.

 

Ses filles, l’une musicienne et l’autre intellectuelle pacifiste, ont inauguré très tôt la tradition des concerts et des rencontres à Villefavard. Il y avait même un petit orgue. La chapelle est d’ailleurs le lieu où la chorale locale chante. Reprise par le chef d’orchestre Jérôme Kaltenbach et l’architecte Gilles Ebersolt, la ferme est depuis plus de vingt ans un lieu de résidences d’artistes et le festival d’été, un rendez-vous incontournable. Centre culturel de rencontre, elle fait dialoguer les disciplines sur les thématiques de la ruralité, de l’imaginaire et de la créativité avec de nombreuses actions culturelles.

 

¡Bien Parado!, plongée dans le salon d’une danseuse espagnole

 

A 18 heures, nous avons enfin pu écouter le groupe Faenza dont nous entendions des bribes de répétitions depuis plusieurs jours. Autour de Marco Horvat, cinq artistes savent tout faire : dire des textes, danser, jouer de la guitare ou du violoncelle et chanter. La proposition de ¡Bien Parado! est de nous plonger dans le salon d’une grande danseuse espagnole exilée à Paris en 1808, à l’heure des guerres napoléoniennes. Dolores Serral y reçoit aussi bien le guitariste Fernando Sor, que le compositeur Manuel Garcia ou un mystérieux « Boléro ». Car le bolero, c’est le danseur dans la langue de Cervantès, apprend-on dans ce spectacle savant.

 

On y revisite un répertoire espagnol des XVIIIe et XIXe siècles (Sor, Garcia mais aussi Antonio Albanés, Dionisio Aguado ou Narciso Paz) dans une rêverie parfaitement documentée. Les lumières mordorées et les costumes qui se dessinent au fur et à mesure de la pièce permettent aux artistes de faire vivre les chansons qu’ils racontent d’abord en français. Des flash-infos de « Radio Empire » nous aident à nous orienter dans le contexte de l’époque. De même que des textes de critiques de danse. Parmi eux, Fernando Sor et Théophile Gautier, fidèles du salon. Tout cela nous permet de réaliser que le boléro est un type de séguedille et que le fandango a connu un tel engouement en France qu’il a été jugé par … l’Eglise !

 

Il y a beaucoup d’humour dans ce spectacle (on adore la jeune fille qui répond à sa mère qu’un cafard a mangé sa pudeur). Au chant, Clélia Horvat fait preuve d’une présence scénique bluffante. Sa voix mozartienne nous fait redécouvrir autrement ce répertoire hispanisant. Le timbre puissant de Francisco Mañalich est envoûtant. Olga Pitarch sait tout faire, danser, chanter et jouer des castagnettes. Ce que Jaime Puente, danseur exceptionnel, fait avec un rythme irrésistible. On aimerait parfois que la danse et la mise en scène (très commedia dell’arte) soient un poil plus contemporaines. Reste que le répertoire redécouvert et la somme de travail fourni sont impressionnants. Enfin, les tableaux de groupes sont superbes, notamment au chant. L’économie de moyens – quelques meubles, des jupons, deux violoncelles et deux guitares – est admirable. Un spectacle original et généreux qui donne envie de nous écrier à chaque tableau « ¡Bien Parado! »

 

Les frères Fouchenneret en clôture du festival

 

Il fait encore jour lorsque nous sortons du premier concert. A côté de la guinguette de la veille, on trouve un foodtruck rouge brique, qui vend des burgers aux festivaliers. La fraîcheur est idyllique. C’est avec Pierre et Théo Fouchenneret que nous nous préparons à accueillir le bleu du soir. Une fois que le public a pris place, les portes de la grange s’ouvrent pour laisser voir le ciel et les arbres derrière le piano Bechstein de la ferme. Pierre Fouchenneret avoue que Brahms lui-même aurait adoré toute cette nature.

 

Tous deux donnent ce récital dans le cadre de la série de concerts « La Belle Saison » – dont la ferme est partenaire. Ils sont venus ensemble ce printemps en résidence à Villefavard pour travailler les trois Sonates pour piano et violon de Bartók. Ce 2 août, le programme fait montre d’un parfait équilibre pour « Un soir bleu d’été ». On commence avec la Sonate n°2 de Brahms (1886) – un compositeur, selon Pierre Fouchenneret, que les instrumentistes affectionnent particulièrement de jouer ensemble tant il est précis et généreux pour eux.

 

Malgré un petit moment où l’on craint que le violon de Pierre ne soit pas bien accordé, cette sonate de Brahms est lumineuse et virtuose, au point de donner envie au public d’applaudir à chaque mouvement. Les solistes nous propulsent au XXe siècle avec la Sonate de Ravel (1923) où le violoniste se montre particulièrement virtuose, notamment dans le deuxième mouvement complètement blues : pizzicati, syncopes et rythme sont le maître mot de ce duo magnifique.

 

Malgré une courte pause, on nous a prévenus qu’on nous retiendrait de force si nous craignions la pièce de Bartók. Le public de la ferme est bien loin de ces préjugés. Il jubile dans un silence d’une attention absolue tout le long de ce morceau de bravoure. La nuit tombe et les cloches sonnent à la fin du premier mouvement. Le piano de Théo Fouchenneret se transforme quasiment en instrument de percussion pour le deuxième mouvement. Dans le dernier mouvement, l’on renoue avec le thème du folklore que Bartók a enregistré en Mitteleuropa en son temps, comme le père de Christian Pacher l’a fait avec les chants poitevins. L’exécution par les deux frères est tellement bouleversante que le public applaudit debout. Les musiciens sont obligés de sortir l’iPad pour un bis imprévu. En temps de JO, et dans la suite de cette célébration du bleu du ciel, il s’agit de la berceuse de Fauré.

 

Les étoiles brillent sur la ferme de Villefavard où la guinguette se trouve prise d’assaut jusque tard dans la nuit. Les festivaliers ont du mal à se dire que le temps fort de l’été est terminé. Néanmoins la programmation reprend dès le tout début du mois de septembre dans ce cadre unique où les sons et arts dialoguent avec la nature.

 

 

visuels (c) YH