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Une soirée lumineuse à la Philharmonie de Paris avec Caroline Shaw, Leonard Bernstein & Antonin Dvorák

par Geraldine Elbaz
04.12.2024

Les 20 et 21 novembre derniers, l’Orchestre de Paris, dirigé par Dalia Stasevska, a interprété dans la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris trois œuvres de Caroline Shaw, de Leonard Bernstein et d’Antonin Dvorák. Retour sur un concert événement avec l’immense Renaud Capuçon et le jeune prodige italien Andrea Obiso.

Caroline Shaw, la tête dans les étoiles

 

Composée en 2019 sur une commande de l’Association de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, The Observatory, création française est une invitation à changer de prisme pour voir le monde autrement et à prendre de la hauteur. Créée par Caroline Shaw, l’œuvre, dont elle a eu l’idée du titre à 300 mètres d’altitude, du haut de l’Observatoire Griffith à Los Angeles, est un assemblage d’une multitude d’éléments façonnant une architecture ambitieuse et complexe. Inspirée par le mouvement des étoiles, par les films de science-fiction et par leur musique, comme Interstellar (musique de Hans Zimmer) ou Premier Contact (musique de Johann Jóhannsson), elle nous embarque dès les premières notes dans un univers cinématographique puissant.

 

Dirigés d’une main de maître par l’incandescente cheffe d’orchestre finlandaise Dalia Stasevska, flûtes, hautbois, clarinettes, bassons, cors, trompettes, trombones, tuba, timbales, percussions, piano et cordes participent à l’élaboration d’un tout grandiose qui plonge l’auditeur dans un monde évocateur à la fois riche et subtil, convoquant simultanément passé, présent et futur. Dans la musique de Caroline Shaw, si l’on retrouve des citations de Don Juan de Richard Strauss, du Concerto Brandebourgeois n°3 de Bach, de la Symphonie n°2 de Sibelius, ou encore de la Symphonie n°1 de Brahms, les sonorités nous transportent dans une temporalité et spatialité inédites conjuguant force, mystère et appréhension mais aussi légèreté, espièglerie et magie. Un très beau voyage.

 

La Sérénade de Leonard Bernstein

 

En deuxième partie, ce sont donc les cinq mouvements de la Sérénade pour violon et orchestre, d’après le Banquet de Platon de Leonard Bernstein qui résonnaient dans l’espace de la Philharmonie de Paris avec Renaud Capuçon à l’honneur. Si Bernstein est surtout connu pour West Side Story (1957), il composa trois ans auparavant la Sérénade inspirée des convives du Banquet (Phaedrus, Pausanias, Aristophanes, Eryximachus, Agathon, Socrates et Alcibiades) et de leur conversation philosophique. En reprenant la technique de la fugue et du contrepoint, Bernstein développe ici un discours musical empreint de l’argumentation des personnages de Platon. Le violon s’exprime avec maestria. Les cordes, les timbales, les percussions et la harpe répondent de concert. On passe du Lento à L’Allegretto, puis Presto, Adagio, Molto tenuto avant l’éclatant final : Allegro molto vivace. Toutes les émotions sont exprimées autour d’un sujet inépuisable : l’amour, qu’il soit physique ou spirituel.

 

La musique de Bernstein, tantôt agréable et douce, avec ses harmonies fluides et chaleureuses, devient parfois menaçante, avec ses dissonances renforçant l’intensité dramatique. Les sonorités s’étirent, s’élèvent et s’engouffrent dans chaque recoin de la salle. Le violon de Renaud Capuçon s’envole. Les cordes et les percussions suivent. La rythmique s’accélère inexorablement et le public se retrouve pris dans un élan irrépressible.

 

Apothéose dvorakienne

 

Après un entracte permettant au public de se remettre de ses émotions, le concert s’est clôturé avec la fameuse Symphonie n°9 en mi mineur, op. 95 « Du Nouveau Monde » d’Antonin Dvorák. Composé en 1893 lors du premier séjour aux Etats-Unis de Dvorák et ovationné lors de sa création à Carnegie Hall en décembre de la même année, cet immarcescible chef-d’œuvre n’en finit pas d’inspirer les plus grands artistes, de John Williams à Gainsbourg en passant par Santana. Du premier mouvement, Adagio, empreint d’un climat nostalgique qui bascule progressivement vers un Allegro, plus vif et entraînant, jusqu’au dernier mouvement particulièrement énergique Allegro con fuoco, dont les premières notes jaillissent avec un allant rare et instaurent d’emblée un climat à la fois puissant, hiératique et envoûtant, le compositeur nous offre une orchestration absolument remarquable. Magnifiquement exécutée par l’Orchestre symphonique de Paris avec le violoniste virtuose Andrea Obiso en tant que soliste invité, la musique prend l’espace et subjugue le public.

 

Durant toute la soirée, Dalia Stasevska, impérieuse et énergique, dessine dans les airs des arabesques chatoyantes. Tel un peintre inspiré devant sa toile, elle manie dans un mouvement ample et gracieux sa baguette avec majesté. Dotée d’une aura magnétique, elle semblerait presque avoir ensorcelé ses musiciens qui suivent à la lettre sa gestuelle élégante et précise. Magistrale et électrique, on la voit s’animer de tout son corps, jusqu’aux talons qui décollent littéralement du sol, propulsés par une force sublime quand le mouvement s’annonce fougueux. Lorsque soudain, elle lance une impulsion formidable à l’ensemble, c’est une salve instrumentale phénoménale qui vrombit dans l’espace. Le ressenti est intense, l’auditoire exulte, acclame et applaudit à tout rompre.

 

Visuel : (c) Dalia-Stasevska-unison-media