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Un « Prophète » d’anthologie

par Helene Adam
08.07.2024

La représentation du « Prophète » de Meyerbeer au Festival d’Aix-en-Provence l’été dernier, avait comblé les spectateurs. Elle a été enregistrée en collaboration entre le London Symphony Orchestra (LSO) et  Palazzetto Bru Zane (PBZ) et sort ces jours-ci, s’annonçant comme une version de référence du trop rare chef d’œuvre du grand opéra français.

Redécouvrir l’art flamboyant de Giacomo Meyerbeer

Avec les Huguenots, le Prophète est l’un des plus grands opéras de Giacomo Meyerbeer, une véritable épopée contre le fanatisme qui brosse le tableau des aventures d’un simple fils d’aubergiste, Jean De Leyde, promu chef de la révolte paysanne fomentée par trois anabaptistes, ce courant du protestantisme qui durant la Réforme, prônait la nécessité d’un baptême adulte. Le charisme de ce Prophète conduira les foules vers le fanatisme et le meurtre, au travers de la manipulation de masse des esprits.

Le livret est d’Eugène Scribe qui désirait depuis longtemps traiter du sujet de la révolte des anabaptistes. L’action se déroule en 1533 et, si elle s’inspire de faits réels, elle prend de grandes libertés avec la vérité historique. C’est plutôt l’esprit révolutionnaire de ce milieu du dix-neuvième siècle qui souffle sur le caractère épique du livret comme celui de la partition.

 

Archétype du Grand Opéra français, le Prophète est une œuvre complexe à mettre en scène et surtout devenue fort rare après son énorme succès à l’époque de sa création (1849) et au cours des cinquante ans qui ont suivi.

C’est le Deutsche Oper de Berlin qui a très largement remis au goût du jour les grands chefs d’œuvre de Meyerbeer, en montant successivement les Huguenots, Vasco de Gama puis le Prophète, ce dernier en 2017 dans une mise en scène remarquée d’Olivier Py.

Version concert de luxe

Et c’est durant l’été 2023 que le festival d’Aix-en-Provence, propose une somptueuse version concert de cette fresque magnifique, au Grand Théâtre de Provence. Les spectateurs enthousiastes, ont pu constater à quel point l’oeuvre conservait un souffle phénoménal même sans réelle mise en scène.

En cinq actes, eux-mêmes divisés en plusieurs tableaux, plus de trois heures de musique, un ballet, de très nombreuses scènes de foule et des chœurs d’adultes et d’enfants très sollicités, le Prophète est un monument artistique et musical et sa réussite à Aix, valait bien cet enregistrement en CD.

 

On soulignera donc d’abord la satisfaction de pouvoir disposer d’un tel trésor musical sous la baguette de Sir Mark Elder, dynamique, précis, inspiré, dans ce répertoire complexe, tant dans les très riches parties orchestrales – dès l’ouverture- que dans l’accompagnement de chœurs superbes et des solistes qui, très loin de certaines versions concert un peu statiques, habitent littéralement leurs rôles passionnés et passionnants.

Il dirige le London Symphony Orchestra, les Chœurs de l’Opéra de Lyon et la Maîtrise des Bouches du Rhône et nous livre une prestation d’anthologie qui méritait de rester dans les annales.

Sir Mark Elder analyse  à merveille toutes les facettes de cette formidable composition, la belle et riche orchestration, les ensembles d’adultes, les duos, les trios, les choeurs d’enfants et réussit à donner la légèreté dansante de la « Valse villageoise » mais aussi le caractère particulièrement solennel de la marche du Sacre qui ne manque pas pourtant d’un côté un peu « pompier » ouvrant la voie au splendide « Domine, salvum fac » du final de l’acte V admirablement chanté tout comme les trois derniers morceaux qui donnent une conclusion inoubliable à l’ensemble de l’œuvre.

À la distribution idéale

Quant à la partie vocale – outre le travail impressionnant des chœurs- elle se pare d’atours splendides à commencer par le rôle-titre tenu par le ténor le plus impressionnant du moment dans le grand opéra français, John Osborn, dont nous avons déjà eu l’occasion de vanter les mérites à propos de l’actuelle Juive à l’Opéra de Francfort.

Le ténor américain a déjà gravé le rôle de Jean de Leyde au disque dans le cadre d’un enregistrement réalisé avec le Philharmonique d’Essen, tout comme d’ailleurs, il a déjà immortalisé celui du Robert de cette autre œuvre emblématique de Meyerbeer qu’est Robert le Diable dans une publication précédente du Palazzetto Bru Zane.

Et il n’y a aucun doute sur le fait qu’il est totalement adéquat à cette écriture musicale audacieuse, où il faut tout à la fois respecter une diction de narrateur tant il y a de récitatifs signifiants, et posséder l’art du bel canto version dramatique -souplesse de la voix, beauté du timbre sur un large ambitus, legato et vocalises, mais aussi montée en mode « forte » sur des aigus à tenir longuement.

L’orchestre est puissant et contraint les chanteurs à énormément d’endurance, il leur faut savoir se ménager pour tenir tout au long d’une partition qui va souvent crescendo. A la seule écoute, on ressent cette transfiguration, cette lumière dont va se parer le Prophète, de tableau en tableau, toujours plus pénétrant, convaincu, convainquant, épousant et reflétant les désirs fantasmés de tout un peuple fanatisé.

Et on suit la progression dramatique avec passion, impressionné par la fraîcheur vocale de son « Roi du ciel et des anges » en duo avec le Chœur où il livre en final de l’acte IV, une véritable leçon de chant : diction impeccable, legato, ornementations précises, changement de rythme, montée « forte » avec aigu claironnant tenu. Et l’on garde longuement en mémoire son élégiaque « sous les vastes arceaux d’un temple magnifique » tout comme les dernières notes de l’œuvre et le fiévreux « Exorcisme » où, encore en totale possession de ses moyens fabuleux, John Osborn varie les couleurs, les styles, les rythmes avec un stupéfiant art du chant.

 

Mais le caractère exceptionnel de l’enregistrement tient également au fait que le rôle de Fidès, la mère de Jean, qui l’accompagne de manière époustouflante dans cet exorcisme final,  est interprété par la magnifique et trop rare mezzo-soprano Elizabeth DeShong qui possède également cet art du bel canto associé à un timbre sombre et dramatique, et à une puissance capable de « passer » les orchestrations les plus riches. A elle aussi, l’art des nuances, celui du beau phrasé, de l’élégance des intonations et de l’incarnation du rôle.

Dotée d’un ambitus impressionnant qui lui permet d’assurer les graves comme les aigus de sa partie sans forcer, en conservant comme son partenaire, cette aisance du beau timbre « naturel », elle nous livre un arioso « Ah mon fils » à l’acte II ou une « complainte de la mendiante » à l’acte IV à se damner.

Et l’on soulignera également sa très grande présence lors des duos qui se succèdent notamment à l’acte IV entre Fidès et Berthe, qui sont tous d’une justesse et d’une précision bouleversante, les deux voix se mariant admirablement pour transmettre cette fièvre en assurant accélérations et notes scandées, montées chromatiques vers les aigus et notes tenues comme en suspens avant la conclusion orchestrale. Et l’on soulignera la richesse de ces duos dont l’écriture audacieuse permet de très beaux exercices de styles pour des voix exceptionnelles.

 

Le rôle de Berthe est assuré par la soprano arménienne Mané Galoyan, qui dispose d’un délicieux  timbre lyrique, fin et racé, qui lui permet d’offrir le contraste recherché avec le timbre de « falcon » de Fidès. Dès sa cavatine d’entrée « voici l’heure où sans alarme » on savoure la beauté du phrasé et la douceur du style, les sons filés avec talent et précision et la perfection d’un timbre très pur.

 

Le baryton-basse Edwin Crossley-Mercer, toujours remarquable dans ses interventions , campe un Comte d’Oberthal de grande classe au style noble.

Pour compléter une distribution idéale des grands rôles, le trio d’anabaptistes est composé de chanteurs de talent : la basse britannique James Platt incarne Zacharie, le baryton français Guilhem Worms est Mathisen et le ténor italien Valerio Contaldo, Jonas. Dès le récitatif « qui sont ces hommes noirs » suivi de leur impressionnant « prêche anabaptiste » à l’acte 1, nous nous sentons presque menacés par le caractère inquiétant et sombre des prédications. L’ensemble de leurs prestations est de facture magnifique !

Une telle réalisation gagne en intensité grâce à l’enregistrement en direct sans le truchement, voire la froideur des studios. Le travail de LSO et de PBZ est précis et minutieux, retirant toutes les manifestations du public et gardant une grande homogénéité et une qualité acoustique impressionnantes.

 

Un Cd à se procurer de toute urgence !

Le Prophète de Giacomo Meyerbeer

un CD LSO et Palazzetto Bru Zane

Visuel site PBZ