Trois Chefs à la Seine Musicale pour célébrer Mozart

Un festival entièrement consacré à Mozart

Trois symphonies très proches mais toutes différentes. Elles ont été écrites en 1773-1774, à Salzbourg . Finis les voyages dans toute l’Europe, Mozart âgé de 17 ans, doit rester à Salzbourg et supporte de plus en plus mal la tutelle de Prince Archevêque Colloredo. Ce conflit va stimuler son activité créatrice. Mozart compose alors ses premières œuvres de la maturité dont la 25ème symphonie, la première en mode mineur, que l’on rapprochera de la célèbre 40ème. Les trois symphonies ont la même structure, «à l’allemande», en quatre mouvements: allegro, andante, menuetto et trio, allegro. Laurence Equilbey dirige la 25ème symphonie, le chef autrichien Stefan Gottfried la 29ème et le chef italien Ottavio Dantone la 28ème. Ce concert est le premier du festival Mozart Maximum qui propose du 22 au 27 Juin à la Seine Musicale des concerts quotidiens ainsi que le premier colloque international des orchestres sur instruments d’époque (du 22 au 24 Juin).

«La Petite Symphonie en Sol Mineur»

Laurence Equilbey dirige la 25ème symphonie avec précision, élégance. Ses gestes sont épurés, stylisés. Son énergie apparaît dans «l’allegro con brio» initial. Les accents de l’orchestre sont impétueux, spectaculaires, syncopés, traduisant la colère du compositeur, ses tourments. Cette sombre atmosphère est interrompue par le chant des vents en particulier celui des hautbois. Un moment de douceur dans ce premier mouvement fort contrasté. Dans l’andante, la cheffe nous présente un travail d’orfèvre, la musique est subtile, délicate. C’est une interrogation, une douce plainte, cette mélodie superbe est triste mais finalement apaisante pour l’auditeur. Les vents jouent un grand rôle dans cette symphonie, leur solo, lors du trio est d’une grande beauté.

La 29ème symphonie: Mozart laisse éclater sa joie

Il est grand, imposant. L’interprétation de Stefan Gottfried est flamboyante. Ses gestes sont amples, démonstratifs dans l’allegro moderato. L’ambiance est joyeuse, la mélodie généreuse avec de grands élans fortissimo. Changement d’ambiance dans le délicat andante. La musique est chatoyante, on évoque une ballade musicale, on imagine un cadre charmant. Le chef paraît envelopper la musique dans ses gestes, il semble prendre la mélodie dans ses bras, la rendant plus émouvante. Il impulse énergie et enthousiasme dans l’allegro con spirito final. La joie de Mozart, la vitalité de sa jeunesse éclatent dans le dernier mouvement. Les cordes sont vibrantes, l’orchestre reçoit le renfort des trompettes. Un final éblouissant , pour une œuvre gaie, en total contraste avec la précédente.

Imposant, Ottavio Dantone l’est aussi lorsqu’il débute le premier mouvement. Nous sommes en do majeur. La puissance de l’orchestre est frappante. Les accords sont martelés, les accords presque martiaux. Les gestes d’Ottavio Dantone sont très expressifs, la musique paraît prendre possession de son corps, il met en scène la symphonie. Le menuet est inventif, plein de surprises. L’écho du cor, qui répond à l’orchestre est étonnant. Mais la grande surprise est pour la fin. Le presto final est étincelant. Le rythme devient imprévisible, la musique est tour à tour légère ou martelée avec de brusques accélérations. Un tourbillon! Le chef accentue par sa gestuelle, très drôle, le caractère spectaculaire de ce dernier mouvement. Un presto qui suscitera l’enthousiasme du public et un bis…l’orchestre reprend le final et le chef est ….encore plus drôle.

Trois chefs pour trois symphonies! Le concert de ce soir est original par l’unité du programme qui nous conduit à un moment charnière de la vie de Mozart. L’Insula orchestra a été dirigé par des chefs aux personnalités très différentes qui nous ont offert trois interprétations convaincantes et séduisantes des symphonies salzbourgeoises de Mozart.