À bord de la péniche du Metaxu, le duo électro-pop Toukan Toukän a entraîné son public dans un voyage rempli d’énergie et d’onirisme. L’occasion pour eux de fêter leur premier album, intitulé Sirocco, du nom de ce vent chaud et puissant venu du Sahara, illustrant parfaitement leur univers !
Avant le concert de Toukan Toukän, la première partie est assurée par Oré, son air mutin, ses paroles malicieuses, ses morceaux pop et lumineux. Si tout le monde ne la connaissait pas avant ce soir, la chanteuse nous offre un autoportrait cisaillé avec « Orétrip », issu de son premier EP, sorti en 2019. Avec une facilité déconcertante, elle glisse de la candeur amoureuse, chantée dans « Puzzle », à l’euphorie estivale du morceau « Orézon », en passant par la libération des étiquettes de genre, avec « Le spectacle » – trois morceaux de son dernier EP, sorti en mars dernier. Et, l’on est plus que charmé, lorsqu’elle tourne délicieusement en dérision la soumission à l’autorité, dans « Efficace », mariant ironie et puissance à merveille…
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Comme pour bon nombre d’artistes, le voyage créatif et musical du groupe Toukan Toukän a connu une pause imposée durant la pandémie. Contraints par la fermeture des frontières, avec lesquelles ils se plaisaient à jouer artistiquement, et confrontés à l’éteinte des scènes, leur terrain de jeux et d’évasion, le duo est finalement sorti de sa parenthèse silencieuse en novembre 2022. Lauréats du Fair en 2019, ils avaient déjà sorti trois EP, le dernier en 2020, intitulé Le Merveilleux Voyage de Toukan Toukän. Ils nous reviennent cette fois-ci avec leur tout premier album, Sirocco, composé de neuf titres lumineux et synthétiques, excitants et poétiques. Une odyssée qui s’évade loin des tempêtes, à la recherche d’un monde plus vaste et plus serein, qui prend vie à force de danse et d’imagination. Alors quoi de mieux que d’embarquer sur la péniche du Metaxu pour découvrir ce groupe, que Laure et Etienne considèrent comme leur « île aux oiseaux » ?
Batteur et artisan de la MAO, Etienne Faguet arrive sur scène, paré d’une combinaison noire incrustée de cristaux disco. Laure Berneau, compositrice et chanteuse, marche dans ses pas, arborant une coupe à la garçonne de cheveux roux flamboyants. Le concert s’ouvre avec « Colors » et « Le monde a changé » et, pour le dire simplement : artistes et mélodies ne tiennent pas en place ! Leur musique est un exutoire de folie douce mixant électro-pop et french indie. Les émotions débordantes s’expriment tour à tour en anglais et en français, mais toujours superposées à des sonorités électroniques, des percussions frappées et des mélodies synthétiques. Les morceaux semblent couler de source, tantôt avec la force inarrêtable d’une cascade, tantôt avec la douceur des ondulations d’un fleuve. Si l’énergie explose et se repose, se canalise et se catalyse, persiste toujours une harmonie savamment maîtrisée : peut-être parce qu’elle trouve sa source dans plus de dix années d’amitié…
« Have to pinch myself, Cause in my disco dream i’m really high »… Après une plongée dans « Disco Dream », suit « Mangrove » et sa pluie de bulles de savons, ode à la douceur et au lâcher prise. Si l’objectif du duo était de parvenir à mettre en scène l’énergie et la folie qu’ils ont « ressentie lors de l’écriture de l’album Sirocco », le défi est relevé haut la main avec une scénographie aussi poétique que survoltée. On y retrouve la créativité immanente de l’identité visuelle de leurs clips : mise en image et mise en scène illustrent et complètent leur univers musical, exotique et percutant. Et, à mesure que s’enchaînent les morceaux « Nothing Better Than Life », « Sirocco », « Deux êtres à part », on perçoit les influences des groupes comme La Femme et Metronomy, ou d’artistes comme Silly Boy Blue ou Tame Impala. Les paroles viennent explorer l’ambivalence des états d’âmes, exprimant souvent une douceur sentimentale et un lâcher-prise libérateur, mais aussi une vivacité téméraire et une audace assurée. En témoigne le morceau « Take Control ! », comète musicale, qui nous amène vers la fin du concert et à suivre ce duo explosif…
Photos © Elisa Barthes