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Tobias Niederschlag : « Les artistes ne viennent pas aux Journées Chostakovitch pour l’argent. »

par Hannah Starman
01.07.2024

Le dynamique directeur artistique des Journées Internationales Chostakovitch à Gohrisch, qui est aussi musicologue et directeur du bureau des concerts du Gewandhausorchester à Leipzig, nous reçoit entre deux concerts devant une botte de paille. Il écrase sa cigarette à peine entamée pour saluer le violoncelliste Norbert Anger et répond à nos questions avec efficacité, transparence, conviction et le sourire.

Comment est né cet unique festival au monde dédié à Dimitri Chostakovitch qui fête aujourd’hui ses 15 ans ?

 

L’initiative vient de la Staatskapelle à Dresde, où je travaillais à l’époque en tant que dramaturge de concert, et de quelques personnalités de Gohrisch. Nous avons eu l’idée en visitant la maison d’hôtes à la lisière de la forêt où Chostakovitch a séjourné en 1960 et en 1972. C’était évident qu’il fallait y apposer une plaque commémorative, mais plus encore, nous avons compris qu’il fallait surtout y jouer de la musique, si possible régulièrement. Nous avons fondé l’association « Chostakovitch à Gohrisch » en 2009 et nous voulions absolument organiser la première édition de notre festival en 2010 pour marquer le 50ème anniversaire de la composition du Quatuor à cordes n°8.

 

 

A quel moment avez-vous associé la famille du compositeur au projet ?

 

Dès que nous étions sûrs que le festival aurait lieu, j’ai invité Irina Chostakovitch par l’intermédiaire du Centre Chostakovitch à Paris. Elle est venue à la première édition et plusieurs fois après aussi. Krzysztof Meyer [biographe de Chostakovitch et ami de famille] a fait le discours d’ouverture en 2010 et il revient chaque année depuis. Nous voulions réunir autant de personnes ayant rencontré Chostakovitch que possible. Ces témoins sont précieux, mais ils sont malheureusement de moins en moins nombreux.

 

Le festival se déroule dans une grange à foin, vidée chaque année pour l’occasion. Pourquoi ce choix étonnant du lieu ?

 

Il n’y a pas d’église à Gohrisch et quand nous avons cherché une salle adaptée à nos besoins, nous avons été très surpris de découvrir, dans cette grange qui ne paie pas de mine, une acoustique qui est fantastique ! Il n’y a aucune amplification sonore dans la grange. Néanmoins, la transformation de la grange en salle de concert avec toute l’infrastructure annexe (toilettes, bar, loges, etc.) pèse lourd sur notre budget : 70.000 euros.

 

Il fallait encore y attirer les spectateurs. Comment l’avez-vous fait ?

 

C’est vrai que l’on se demandait qui viendrait en Suisse saxonne, dans ce petit village de l’ex-RDA près de la frontière tchèque, pour écouter la musique de Chostakovitch. Pour mettre toutes les chances de notre côté, nous avons lancé le festival avec l’une des œuvres les plus jouées de Chostakovitch, le Quatuor à cordes n°8, qui avait été composée ici, à Gohrisch. Peu de gens le savent.

 

 

Dès le départ, des mélomanes enthousiastes sont venus et cela a créé un effet de boule de neige. Grâce à Irina Chostakovitch et au travail accompli par les archives Chostakovitch à Moscou nous étions en mesure de proposer à notre public une offre unique, notamment des compositions rares et une quinzaine de créations mondiales ou européennes des œuvres de Chostakovitch.

 

Nous avions un budget modeste et peu d’argent pour le marketing. La publicité s’est faite de bouche à l’oreille. Les gens qui ont assisté aux concerts revenaient et ils en parlaient autour d’eux aussi. C’est ainsi que le cercle s’est élargi peu à peu. Nous avons un public très fidèle qui revient chaque année.

 

Vous ne payez qu’un honoraire symbolique de 10 euros à tous les artistes. Pourquoi ?

 

Lorsque j’ai co-fondé le festival, je voulais que son niveau artistique soit de la plus grande qualité possible et pour ce faire j’y ai associé la Staatskapelle et des invités de renom. Dès le début, nous avons mis la barre très haut.  Quant aux honoraires, nous sommes partis de la tradition selon laquelle, à la Staatskapelle de Dresde la musique de chambre est toujours gratuite ; les musiciens de l’orchestre, mais aussi les chefs d’orchestre et les solistes ne reçoivent que ce qu’on appelle le Frackgeld, l’argent pour payer le pressing de leur smoking.

 

 

C’est évident que les artistes ne viennent pas à Gohrisch pour gagner de l’argent. Matthias Goerner, Gidon Kremer et beaucoup d’autres grands musiciens jouent ici parce que le lieu est authentique. On y vient pour la musique, pour l’amitié et par enthousiasme. Chostakovitch est un compositeur difficile : on l’aime ou on le déteste. Quelqu’un qui ne s’intéresse pas à sa biographie et à toutes les nuances de sa musique, ne va pas non plus l’interpréter. Les musiciens qui se produisent sur cette scène sont tous des passionnés de Chostakovitch.

 

Je dirige le bureau des concerts de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig et il arrive plus d’une fois que je contacte une agence pour un musicien que je veux inviter au Gewandhaus et l’agent me dit qu’il ou elle fait aussi ceci ou cela de Chostakovitch et aimerait bien venir à Gohrisch.

 

Bénéficiez-vous d’un financement institutionnel ? Êtes-vous inquiet que celui-ci se tarisse si les échéances politiques donnent encore plus de poids à l’AfD ?

 

Effectivement, depuis 2019, le festival bénéficie d’un soutien institutionnel qui est alloué, non seulement aux Journées Chostakovitch, mais à toute une série de manifestations culturelles qui se déroulent tout au long de l’année en Suisse saxonne. Pour le Ministère de la culture de Saxe, c’est important aussi d’investir dans cette région un peu difficile politiquement. Nous ne savons pas quel sera le résultat des élections en septembre, mais je suis optimiste et pour l’instant il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Si le climat politique change cela peut avoir un impact sur le festival, mais je suis presque certain qu’il va continuer à exister.

Est-ce que la guerre en Ukraine a eu des répercussions sur le festival, sa programmation et les artistes participants ?

 

Non, pas vraiment. Nous avons toujours eu, sans que cela soit une intention concrète, beaucoup d’artistes russes. Mais la grande majorité d’entre eux vivaient déjà en Europe, surtout en Allemagne et en France. Je dois dire que la discussion qui a secoué beaucoup d’institutions culturelles quand la guerre a éclaté, à savoir s’il fallait programmer des compositeurs russes ou faire jouer des musiciens russes, ne nous a jamais atteint directement. En 2022, Valentin Silvestrov était ici avec toute sa famille. A 85 ans, il avait quitté l’Ukraine après l’invasion russe pour se réfugier en Allemagne. Silvestrov était un des compositeurs principaux de l’édition et il a également reçu le prix des Journées Internationales Chostakovitch.

 

 

L’année dernière, nous avions invité un quatuor à cordes ukrainien qui a organisé le concert de clôture exclusivement avec des compositeurs ukrainiens et une pièce de Robert Schumann. Il faut dire que c’était très particulier, parce que nous avons évidemment évoqué la possibilité de jouer une œuvre de Chostakovitch, mais ils ne voulaient pas, ne pouvaient pas le faire.

 

En 2025 nous commémorons le 50ème anniversaire de la mort de Chostakovitch. Prévoyez-vous un programme spécial à cette occasion ?

 

 

Oui, mais je ne peux pas encore vous le révéler. Ce que je peux déjà vous dire, c’est que le Gewandhaus à Leipzig organisera un grand festival pour marquer ce jubilé important. Il s’agit là d’un évènement unique qui sera entièrement consacré à Chostakovitch. On y présentera une vaste sélection de ses œuvres : toutes les symphonies, tous les concerts solo, deux représentation de Lady Macbeth de Mstensk, et bien plus encore. A Gohrisch, nous ferons quelque chose d’entièrement différent, donc les deux événements ne seront nullement mis en concurrence. Pour pleinement profiter de l’expérience, il faut venir à Leipzig du 15 mai au 1 juin 2025 et à Gohrisch du 26 au 29 juin !

 

 

Visuels :

  1. Irina Chostakovitch et Krzysztof Meyer ©Matthias Kreutziger
  2. La grange de Gohrisc ©Oliver Killig
  3. Gidon Kramer à Gohrisch ©Oliver Killig
  4. Valentin Silvestrov et Tobias Niederschlag ©Matthias Kreutziger