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Théâtre de la Monnaie : succès total pour la création mondiale du magnifique « Fanny et Alexandre »

par Helene Adam
03.12.2024

L’opéra de Bruxelles affichait complet pour cette Première de « Fanny et Alexandre », un opéra du compositeur suédois Mikael Karlsson, inspirée du film d’Ingmar Bergman. La très belle adaptation d’un chef-d’œuvre cinématographique a enthousiasmé la salle, séduite par l’ensemble de la réalisation musicale et scénique. Une féérie qui comporte ses bonheurs et ses malheurs, formidablement interprétée, et visuellement de toute beauté.

Le testament d’Ingmar Bergman à l’opéra

Fanny et Alexandre est le dernier long-métrage du cinéaste Ingmar Bergman. Sorti en 1982, il a raflé quatre oscars et a été unanimement apprécié avant d’être adapté pour le théâtre en 2019, puis, à présent, pour l’opéra par le compositeur suédois Mikael Karlsson.

Le film partiellement autobiographique d’Ingmar Bergman plongeait ses racines dans l’amour du théâtre et de son imaginaire, brossant le tableau de la famille Ekdahl, passée brutalement des noëls chaleureux et généreux à la froideur d’une demeure vidée de toute empathie et triste à mourir.

Le cinéaste décrivait le parcours initiatique de deux enfants confrontés soudain à la vraie vie avec son cortège de rigueurs, de privations, de punitions après avoir vécu dans la fantaisie débridée d’un père directeur de théâtre qui meurt brutalement la nuit de noël et laisse sa place à un tyran rigoriste et cruel.

Le fils du cinéaste, Ingmar Bergman junior, explique que son père aurait adoré une adaptation de son film à l’opéra et on peut lui faire crédit de cette certitude tant le spectacle vivant est présent dans l’œuvre elle-même par le truchement du fil conducteur et de l’imaginaire merveilleux qui le tisse.

Impressionnante direction musicale pour une orchestration complexe

L’opéra est l’art total par excellence et le compositeur Mikael Karlsson n’a pas hésité à faire sienne cette maxime, proposant une partition complexe, additionnée de musique électronique en mode surround qui immerge le spectateur dans un bain sonore impressionnant tout en laissant intacte l’émotion théâtrale de la scène elle-même.

Nous avons en effet une orchestration complexe -et le compositeur s’est associé avec Michael P. Atkinson- qui, selon les périodes et surtout les atmosphères à recréer, donne la part belle à l’orchestre lui-même, souverain dans sa formation la plus complète, ou au contraire au synthétiseur déployant ses vagues sonores inquiétantes.

 

Il faut tout le talent de la cheffe à la tête de l’orchestre symphonique de la Monnaie, la française Ariane Matiakh pour maitriser aussi bien, ce mélange séduisant, et en valoriser les étapes pour cette création, première mondiale qui va conduire chacun à juger du talent et de l’originalité d’un jeune compositeur.

Mikael Karlsson s’essaye pour la deuxième fois à l’exercice de l’adaptation d’un film célèbre à l’opéra, après son Melancholia d’après Lars Von Trier, déjà accompagné du librettiste, Royce Vavrek. Ce dernier avait adapté un film de Von Trier, le fameux Breaking the waves de Missy Mazzoli, que beaucoup ont pu applaudir à l’Opéra-Comique en 2023.

Karlsson base sa composition sur ces contrastes de l’histoire, usant peut-être parfois de quelques effets faciles – thèmes répétitifs qui deviennent obsessionnels, alternance des styles, montées en puissance avec cuivres et percussions suivant des mélodies plus lyriques-  mais l’ensemble est très réussi et le pari de ces nouvelles formes musicales qui ont pour conséquence évidente, la sonorisation des chanteurs d’opéra, emporté haut la main.

Magnifique mise en scène de Van Hove

Il faut dire que l’ensemble de la réalisation est servie par une mise en scène de toute beauté et une distribution tout à fait exceptionnelle.

Nous avons dit tout le bien que nous pensions de l’étonnante cheffe et de sa maitrise de tout son petit monde qu’elle dirige, casque sur les oreilles, sans perdre jamais de vue qui que ce soit dans ce maelström très excitant.

Ivo Van Hove, au mieux de sa forme artistique, nous offre de son côté avec sa mise en abyme de l’art cinématographique, une mise en scène qui donne tout à la fois un décor splendide (que l’on doit à Jan Versweyveld comme l’astucieux jeu de lumière) et une atmosphère qui passe efficacement du bonheur au malheur, aller et retour, et ménage des scènes fantasmagoriques à l’aide d’accessoires simples, rehaussés par un usage très astucieux de la vidéo de Christopher Ash.

Tout commence sereinement autour d’une table de banquet dressée pour noël tandis qu’arrive la maitresse de maison, ses invités -oncles, tantes-, les serviteurs, venus des portes latérales de parois toute en miroir, ou du fond de la scène qui mêlent sapins de décor à la projection d’une forêt de toute beauté. Le ciel s’assombrit quand le soir, puis la nuit viennent, tandis que les lustres s’allument et le tout est baigné dans les couleurs chaudes du bonheur, qui valorisent les belles tenues « chic » des invités (les costumes très seyants sont de An D’huys).

On s’amuse chez les Ekdahl, on festoie, le père Oscar, directeur de théâtre y va de sa fantaisie habituelle, l’oncle Carl de ses facéties pour faire rire les enfants. Ces derniers, elle en robe rouge élégante, lui en jean et pull à l’allure plus délurée, regardent avec envie le petit théâtre miniature installé au-devant de la scène avant de se livrer à quelques exercices de gymnastique puis de danser ensemble avant de rejoindre la ronde des adultes autour de la table. La nuit, alors qu’ils ont revêtu leurs pyjamas écossais d’enfants sages, ils se relèvent pour jouer avec une lanterne magique alors qu’Alexandre raconte une histoire fantastique à sa sœur, subjuguée et que successivement les couples officiels ou de circonstances défilent devant eux se livrant à des dialogues audacieux où le côté « obscur » des adultes apparait à plusieurs reprises. Le monde n’est pas si propret qu’il en a l’air…

Mais grâce à la formidable faconde du père qui recréée sans cesse le monde magique du théâtre, le bonheur et le rire sont à l’honneur jusqu’à ce qu’il décède brutalement d’une crise cardiaque.

Ivan Van Hove use alors d’un procédé visuel qu’il réutilisera plusieurs fois au cours de la soirée : nous voyons en direct les mouvements des chanteurs projetés sur l’écran du fond et reflétés par les miroirs latéraux ce qui donne un effet kaléidoscope très impressionnant. Cette double vision – des chanteurs sur scène et de leur image projetée en gros plan- est désormais monnaie courante chez les meilleurs metteurs en scène. La technique est là, particulièrement impressionnante.

On changera évidemment totalement de cadre dans la maison de l’ecclésiastique, austère et grise, petite table pour dîner, présence inquiétante de la gouvernante, maison de poupée qui apparait tandis que l’on visualise la scène terrifiante qu’Alexandre invente pour accuser son beau-père de meurtre avec ces deux petites filles rousses revenantes d’entre les morts.

 

Le grenier où les enfants sont enfermés est lui aussi représenté à son tour avant que l’on ne parte dans le monde magique de la dernière péripétie, avec l’apparition de son ange gardien, Ismael et les flammes de l’enfer qui dévorent le sinistre beau-père.

Et l’on revient au décor initial, un bébé s’est ajouté à la famille pour ce nouveau noël mais sinon rien n’a vraiment changé, habitudes, plaisanteries, jeux.

L’interprétation idéale de chacun des rôles

Il faut ajouter à cette magnifique scénographie qui contribue largement à la dynamique insufflée à cette très intéressante création, une direction d’acteurs de premier plan, qui ne ménage pas les interprètes (en état de grâce eux aussi) : l’incarnation de leurs personnages, outre qu’elle évoque assez largement les souvenirs que l’on a du film, est subtile, complexe, changeante, sans la moindre caricature et comme c’est aussi bien chanté que c’est joué, on nage dans le bonheur des beaux spectacles vivants.

Le jeune Alexander joué et chanté par un adolescent membre des chœurs de jeunes de la Monnaie, Jay Weiner, est criant et touchant de vérité. Outre sa belle voix de jeune garçon particulièrement lumineuse sans jamais être mièvre, on ne sait qu’admirer en premier, de sa prestance sur scène, de ses talents de gymnaste et de conteur, de sa compréhension du personnage dont il donne une incarnation d’une grande justesse, de ses formules magiques qui aligne les gros mots pour exorciser les situations difficiles, de sa colère et même de sa haine envers son tyrannique beau-père, aussi violente que peut l’être celle d’un adolescent qui pratiquait une complicité idéale avec son père décédé. La facilité de son chant va de paire avec ce portrait d’un enfant de son âge qu’il brosse avec un talent précoce.

Les autres stars de la soirée seront incontestablement les vétérans du plateau, Thomas Hampson qui n’a rien perdu de sa superbe et campe un Edvard Vergerus aussi sadique qu’élégant (ce qui le rend particulièrement inquiétant). Le baryton retrouve d’ailleurs dans cette écriture musicale qui lui convient fort bien et où la sonorisation lui évite de forcer la voix, tout ce qu’on aime chez lui comme d’ailleurs chez Anne-Sophie Von Otter, parfaite Justinia, aveuglément à son service comme gouvernante et prête à le servir dans tous les sacrifices qu’il lui demande. Quelle classe que ces deux-là !

Les ovations au rideau ont également accueilli à juste titre, le mystérieux Ismaël  du fantastique et charismatique contre-ténor Aryeh Nussbaum Cohen, un nom à retenir. Il possède un étrange timbre d’une grande beauté qui allie une certaine sauvagerie à une grande puissance, avec une ligne de chant souple et percutante.

Mais c’est l’ensemble de la distribution qui se montre à la hauteur de la tâche, de la grand-mère qui veille sur le clan l’Helena Ekdahl de Susan Bullock, la première à entrer sur scène en chantant une romance sans parole avant d’ouvrir la soirée de noël, l’Oscar Ekdahl du ténor Peter Tantsits, artiste et fantaisiste au chant éclatant, expressif, brillant, ou la belle Emilie, la mère, de la mezzo-soprano Sasha Cooke, et ses contradictions qu’elle sait montrer en faisant évoluer son chant, timbre magnifique et très belles modulations en legato. Et les très nombreux artistes de l’équipe ont tous leur moment de gloire très réussi et le choix de chaque interprète est réjouissant.

Citons encore le baryton suédois Loa Falkman, acteur et chanteur qui nous éblouit en Isaac Jacobi, le drolatique et percutant Alexander Sprague en oncle Aron, l’autre oncle, le Carl de Justin Hopkins, qui mélange fort bien l’humour de potache et la peine de celui qui a tout raté, le sage et rassurant Gustav de Gavan Ring, la Lydia de Polly Leech, comme l’Alma de Margaux De Valensart. On le voit, il fallait réunir beaucoup de talents pour une telle réussite !

La fusion des genres musicaux voulue par le compositeur a beaucoup plu en ce dimanche après-midi au théâtre de la Monnaie, et une fois passée la surprise d’une sonorisation des voix -inhabituelle dans le monde de l’opéra-, chacun a ressenti les émotions phénoménales distillées par cette histoire puissante à tel point qu’une standing ovation unanime et spontanée a immédiatement accueilli les derniers accords et fêté, comme il se doit, l’ensemble des protagonistes y compris le metteur en scène et ses compagnons.

Une belle réussite du directeur Peter de Caluwe pour sa dernière année à la tête de la Monnaie.

Théâtre de la Monnaie – Bruxelles

Fanny et Alexandre, création mondiale, un opéra en deux actes du compositeur Mikael Karlsson et du librettiste Royce Vavrek, du 1er au 19 décembre, réservations

Visuels : © Baus

Fanny et Alexandre sera retransmis en direct le 13 décembre, sur Mezzo Live HD, medici.tv et Musiq3.