C’est sous le titre de « Vent d’Est, Vent d’Ouest » que s’est tenu le quatrième week-end du Festival d’Opéra de Paris à la Sainte-Chapelle. Le dimanche 21 avril le lieu prestigieux et chargé d’histoire accueillait l’artiste de Comédies musicales, Mélanie Sierra dont le chant ensoleillé réchauffait le temps glacial de ce printemps à Paris.
Mélanie Sierra a la voix chaleureuse et l’enthousiasme chevillé au corps et n’hésite pas à introduire ses airs et mélodies de Broadway par des anecdotes et mises en situation qui sont autant de point de repères dans sa jeune carrière.
Jeune soeur de la célèbre soprano lyrique Nadine Sierra, elle débute sur les scènes spécialisées dans le répertoire de la comédie musicale mais a de l’audace à revendre et aime faire partager au public ses passions.
Elle a été remarquée et encensée en incarnant le rôle de Maria dans la nouvelle production de West Side Story proposée au théâtre du Châtelet à l’automne dernier. Elle incarnait une Maria jeune, espiègle, drôle, rompant un peu avec les schémas de la jeune fille pure et sage et exprimant sa latinité avec fougue.
C’est exactement ce que l’on retrouve lors de cette soirée, présentée initialement par la soprano et organisatrice Fabienne Conrad. Mélanie Sierra commence par As if we never Said Goodbye (Comme si on ne s’était jamais quittés), l’air de Norma dans Sunset Boulevard, cette comédie musicale britannique tirée du film éponyme de Billy Wilder. La voix est ronde, très bien projetée malgré une acoustique discutable, le timbre chatoyant s’épanouit dans les aigus, les notes sont longuement tenues tandis que le piano de Olivier Yvrard, ample et généreux, swingue à ses côtés après avoir improvisé sur ses présentations.
Not a day goes By (Pas un jour ne passe), la chanson de Stephen Sondheim commence tout en douceur. La voix est teintée d’une délicate mélancolie avant d’enfler sur un crescendo impressionnant, façon soprano lyrique. Son incarnation est agréable et authentique.
Elle reprend également l’un de ses grands succès, joué sur scène en tournée à travers les USA avec le North Carolina théâtre, celui de Vanessa avec Everything I know (Tout ce que je sais) extrait de la comédie musicale de Lin-Manuel Miranda, In the Heights. Toujours accompagnée de quelques notes dansantes improvisées par le pianiste, elle offre quelques mots d’introduction en parlant de sa famille et en distribuant au public de délicieuses photos d’enfance qui évoquent le «These Pictures» des paroles de cet hommage à l’aïeule qui a tout appris à l’héroïne et qui vient de disparaitre.
Il était naturel pour la voix, le style, l’expressivité de Melanie Sierra de se risquer sur les terres de Barbra Streisand avec un air de Funny Girl de Jule Styne, Don’t rain on my parade (Ne gâche pas ma fête), merveilleusement bien rythmé en fusion avec le piano qui improvisera d’ailleurs un interlude juste après cette première série.
Melanie Sierra ne pouvait pas éviter West Side Story qui lui a permis de se faire connaître à Paris, mais, si elle interprète bien un air chanté par Maria, Somewhere, créant d’ailleurs une très grand émotion dans le public, elle choisit de prendre à Tony, le plus célèbre de ses airs, Maria, considérant avec humour qu’elle doit bien cela à cette formidable héroïne. Et il faut lui reconnaitre encore une fois, talent, sens du rythme et belle incarnation pour une tessiture un peu tenue dans les aigus mais dont elle se tire brillamment.
Pour I could have danced all the night (j’aurais voulu danser toute la nuit) de la comédie musicale britannique et même très londonienne, My Fair Lady, elle se livre à une imitation de l’accent cockney désopilant et très réussi et son humour fait mouche également dans l’interprétation gourmande de Vanille Ice cream après un étonnant et impressionnant Wishing you were Somehow Here Again (j’aimerais que tu sois encore là) l’air si émouvant de Phantom of the Opera de Webber, d’abord langoureux et mystérieux avant d’être énergique et presque coléreux.
Et pour remercier le public parisien présent à son concert, elle conclut par La vie en rose d’Edith Piaf montrant avec cette chanson à la prononciation impeccable, qu’elle a de nombreuses cordes à son arc.
Visuels : © Melanie Florentina
Le programme du festival est ici.
À noter que la réservation n’est pas des plus aisées et qu’il faut aller sur le site de la Fnac, de Theatre in Parisou de Classictic ou appeler au 01 42 77 65 65.