Pour clôturer le Festival Jazz à la Villette 2023, la Grande Halle accueillait ce dimanche 10 septembre la jeune chanteuse américaine aux 2 Grammy Awards, Samara Joy, avec en première partie, le jeune prodige du piano Julius Rodriguez. Une soirée flamboyante sous le signe de la jeunesse et de la virtuosité.
Âgés de seulement 23 et 24 ans, Samara Joy et Julius Rodriguez ont littéralement mis le feu à la Grande Halle de la Villette qui était remplie à craquer en dépit de la chaleur insoutenable.
Avec 34 degrés en journée dans la capitale parisienne, inutile de préciser le ressenti dans la salle de concert : pas d’air, pas de clim, des bouteilles d’eau à tout va, des programmes agités dans tous les sens pour tenter de se rafraîchir au mieux… la soirée est donc annoncée dans des conditions caniculaires mais le public est là et bien là.
En première partie, Julius Rodriguez aux claviers, était accompagné de Jermaine Paul à la contrebasse, de Brian Richburg à la batterie ainsi que du trompettiste Jay Phelps, qu’il venait de rencontrer le jour même.
Si le pianiste nous confie n’avoir jamais autant transpiré de sa vie, il a malgré tout offert au public une performance remarquable et a captivé l’audience par sa dextérité hors pair. Comme en atteste son dernier album Let Sound Tell All, son jeu d’une virtuosité exceptionnelle confirme son statut de musicien de premier plan. Les autres membres du groupe n’étaient pas en reste et le trompettiste nous a gratifié d’improvisations impressionnantes.
Après une courte pause, Michael Migliore à la basse, Evan Sherman à la batterie et Bastien Brison au piano ont investi la scène sous les acclamations d’un public enflammé. L’immense Samara Joy, dont la voix d’or ne cesse de faire parler d’elle, est ovationnée lorsqu’elle se présente à son tour devant le public. « Can’t get out of this mood » sera la chanson d’introduction, le hit absolu qui mettra d’emblée tout le monde d’accord.
Sa tessiture vocale semble sans limites. Capable de monter dans les registres les plus élevés avec une aisance déconcertante, sa voix possède une palette de nuances rares, passant des graves sublimes à la clarté cristalline dans les aigus. Elle enchante l’auditoire et l’enveloppe d’une douceur veloutée incomparable. Ça swing ! Ça groove ! Ça pulse !
« Je n’aurais jamais rêvé pouvoir chanter à Paris devant vous » nous confie-t-elle émue. Mais depuis maintenant deux ans et une carrière lancée en orbite, plus rien ne semble résister à son charme, ni à sa voix.
Samara Joy nous interprétera avec brio une de ses chansons préférées sur l’album Linger Awhile, sorti en 2022, intitulée « Guess Who I Saw Today », qu’elle combinera astucieusement avec « Lately » de Stevie Wonder. « Reincarnation of a Lovebird » de Charles Mingus, titre pour lequel la chanteuse a écrit les paroles, fera partie des must de la soirée.
Chanté en portugais puis en anglais, « No More Blues (Chega de Saudade) » de Carlos Jobim, apportera une touche exotique avec un mélange savoureux de samba et de jazz. « Linger Awhile » sera sa dernière chanson avant deux rappels enfiévrés. A la toute fin du concert, Samara Joy invitera le public à chanter avec elle, créant un moment spécial de communion musicale.
Notons enfin un accompagnement instrumental de premier choix, où chaque musicien aura eu l’opportunité de démontrer l’étendue de son talent au cours de la soirée. Mention spéciale pour le batteur qui nous a délivré un solo magistral alors que les néons violets clignotaient en rythme, plongeant la salle dans une transe stroboscopique.
Standing ovation de rigueur. Applaudissements à tout rompre. Succès incontestable.
Visuel : (c) GE