Rock en Seine : Friday, I’m In Love

par Juliette Brunet
24.08.2024

Sous le ciel lumineux de Paris s’ouvre le troisième jour du festival Rock en Seine, édition 2024. Ce vendredi, la programmation fait le grand écart de la soul à l’électro, en empruntant les chemins du funk et, bien évidemment, du rock ! Tour d’horizon des scènes qui nous ont le plus marquées et fait vibrer…

Elmiene, sous le soleil de la soul

En ouverture de la scène Cascade, Elmiene nous offre un cocktail de soul et de RnB, pimenté d’un sourire rayonnant. Son nom de scène, qui se prononce El-Meane, est aussi celui de son tout premier EP, sorti début 2023… auquel succède un second à la fin de la même année ! Digne héritier de Marvin Gaye et de Prince, l’artiste anglais aux racines soudanaises, propose un groove grésillant qui attise la curiosité du public. Durant tout le concert, le chanteur ne manque pas d’échanger avec la foule, partageant des anecdotes et des éclats de rires solaires. Bref, on est tout simplement charmé par ces morceaux alliant tristesse sensuelle et langueur ensoleillée !

Olivia Dean, divine diva

Une demi-heure plus tard, c’est au tour d’Olivia Dean de s’emparer de la scène cascade. Et ce, pour le plus grand bonheur d’une foule compacte qui trépignait d’impatience de l’entendre ! Avec ces sept musiciens et son titre « Ok Love You Bye » la chanteuse londonienne fait une entrée aussi lumineuse que triomphale, l’énergie allant croissant tout au long du concert. Si elle reprend des morceaux de ces précédents EP, cette scène est surtout l’occasion de (re)présenter son premier album Messy, sorti en 2023, … et que l’on écoute encore en boucle, on l’avoue ! Avec des airs de Lauryn Hill et de Jorja Smith, Olivia Dean concoure elle aussi au titre de princesse soul, avec une assurance gracieuse et un charisme indiscutable. Avec elle, on s’émeut sur « I Could Be A Florist », on groove sur « In Danger », on frissonne sur « Hardest Part » … et finalement, en apothéose, on s’aime sur « Dive » !

Jungle ou la symbiose funk

20h 40. Musique de vaisseau spatial et clignotements oranges… Jungle atterrit sur la Grande Scène de manière explosive avec « Busy earning’ » ! Doit-on vraiment présenter ce groupe de soul-funk britannique aux titres vintage, sensuels et entêtants ? Avec quelques secondes des morceaux « Back on 74 » ou « Candle Flame », vous verrez de qui on parle, on en est sûr ! Sous des auspices festifs, le groupe orchestre un mix and match délicieux de leur quatre albums. En dialogue avec leur musique, les visuels léchés s’enchaînent, alternant entre des teintes orange spritz et des passages en noir et blanc pour un effet des plus rétro. Dans le contre-jour d’un coucher de soleil, on croit parfois reconnaître Parcels avec des accents plus pop, comme sur « Heavy, California », ou la patte des Jackson 5 sur « Us Against The World »… Ce qui est sûr, c’est que Jungle maîtrise les hybridations à la perfection, pour offrir des compositions mêlant électro, funk et soul avec une belle dose d’unanimité !

Les échafaudages électroniques de Soulwax

Retour sur la scène cascade, où sont apparues des structures en échafaudages avec trois batteries en hauteur, accompagnées de deux synthétiseurs terre à terre. L’installation de Soulwax impressionne alors que leur musique s’élève, mariant des percussions folles à des sonorités cold wave. Prédécesseurs des Daft Punk et héritiers de Kraftwerk, les frères Stephen et David Dewaele fabriquent leurs morceaux de ce son froid et métallique des machines qui fait pourtant diablement danser ! Dans leur discographie, les distorsions sonores et les déstructurations sont innombrables… Certains morceaux effacent les paroles pour leur préférer des cris et des fredonnements ; d’autres ont pour épicentre un imposant xylophone vertical, sur lequel la musicienne Laima Leyton appose des notes spectrales. Autrement dit, l’expérimentation est ici reine et la liberté est au service de l’exaltation !

And again… Fred again.. !

En 2022, Rock en Seine avait déjà eu la chance d’accueillir le chanteur, compositeur et multi-instrumentiste Fred Again… même si ce dernier assure que c’est plutôt lui qui a eu l’honneur de s’y produire. L’artiste londonien, dont la sensibilité et l’humilité n’ont d’égales que le génie, a, ni plus ni moins, enflammé la grande scène de Rock en Seine ce vendredi soir !

Si ce jeune prodigue a fait ses gammes dans l’ombre, en produisant et en composant pour d’autres (Charlie XCX, George Ezra, Ed Sheeran, …), il a séduit instantanément le cœur de millions d’auditeurs avec sa trilogie d’albums nommée « Actual Life ». Sorties durant la pandémie de Covid-19, ces compositions forment un journal intime musical, balayant tous les états d’âmes, des plus festifs aux plus vulnérables. En collaborant avec d’autres artistes ou en piochant des mélodies et des paroles dans la nébuleuse d’Internet, Fred again fond et réarrange ces fragments pour en faire ressurgir l’intensité. Sans oublier d’accompagner ces morceaux des vidéos de ceux dont on entend les voix, pour rendre hommage aux émotions qu’ils transmettent. Et ce soir, c’est tout cela qui a pris vie et feu avec un public aussi exalté qu’ému ! Et surtout quelque peu impatient puisque nous sommes à quelques jours de la sortie de son prochain album « Ten days »…