Lucinda Williams au Trianon le 24 juin : la tournée de trop ?

L’assistance était nombreuse, mêlant Américains et Français, principalement composée de spectateurs ayant grandi avec l’artiste née en 1953.

Une vie consacrée aux sources du rock américain

Originaire de Lake Charles en Louisiane, elle découvre la guitare à douze ans grâce à un instrument oublié chez ses parents par un ami. Cette rencontre sera définitive. Naturellement, « Highway 61 Revisited », sorti en 1965, constitue une révélation pour elle, mais sa passion s’étend également à Robert Johnson, Neil Young ou encore Peter, Paul and Mary. Toutes ces influences transparaissent parfaitement dans son univers musical.

Son premier album, enregistré en 1979, s’ouvre logiquement sur le célèbre « Ramblin’ on my mind » de Robert Johnson. Son interprétation singulière, ainsi que les autres standards du blues qui composent ce disque, la révèlent immédiatement tant au public qu’aux professionnels. S’amorce alors une riche carrière, marquée par une conscience politique affirmée, qui la mène, après de longues années, jusqu’au charmant Trianon parisien.

Une souffrance partagée ?

La prestation de Lucinda Williams s’avère une véritable épreuve, tant pour l’artiste que pour une partie du public. Par respect envers cette grande musicienne, nous ne détaillerons pas ce concert. Force est néanmoins de constater qu’elle ne possède plus la force physique – ni peut-être morale – nécessaire pour endurer l’épuisement qu’engendre une tournée internationale, surtout sans l’organisation logistique d’une Beyoncé.

Après avoir assisté la veille au concert de Carlos Santana – excellente prestation malgré ses difficultés à marcher et ses pauses répétées sur une chaise haute –, on s’interroge : Elton John, Steve Tyler ou Paul Simon n’ont-ils pas choisi la voie de la sagesse en prenant leur retraite des tournées ? Il arrive un moment où le corps et la voix ne parviennent plus à répondre aux exigences du cerveau, et où il devient nécessaire de ranger définitivement la clé des concerts.

Certes, vous opposerez les glorieux contre-exemples qui confirment la règle : Paul McCartney, les Rolling Stones… remplissent encore des stades passé quatre-vingts ans et offrent toujours des spectacles mémorables. Mais tous maintiennent une hygiène de vie rigoureuse depuis des années et s’entourent d’une équipe veillant scrupuleusement à leur confort. Par ailleurs, nous ne sommes pas tous égaux face aux problèmes de santé.

Cependant, après un concert de Genesis, des Who ou de U2, ne vous êtes-vous jamais dit : « C’était très bien, mais … » ?

Durant le concert de Lucinda Williams, le public semblait satisfait et applaudissait. Mais venait il chercher une bouffée de nostalgie ou une véritable performance musicale ?