Rencontre avec Mathis Akengin, jeune artiste des métissages réussis

Des origines multiples

Quand on évoque ses débuts musicaux, Mathis Akengin sourit : « Mes parents ne sont pas du tout musiciens, mais quand mon frère et moi sommes arrivés en France vers l’âge de 5 ans, leur urgence absolue était de nous mettre à la musique. » Une décision parentale qui peut surprendre de la part de parents non-musiciens, mais qui révèle peut-être une intuition particulière.

D’origine turque, ayant vécu en Grèce avant de s’installer en France, le jeune homme a grandi dans un environnement culturellement riche. « Ma mère m’a fait découvrir énormément de choses : le rock, le jazz, le baroque, la musique orientale. Le matin, quand elle se maquillait pour aller au travail, elle écoutait Nina Simone », se souvient-il avec tendresse.

Le piano s’impose donc à 6 ans au conservatoire, mais le plaisir ne viendra qu’après plusieurs années de pratique. « Il est venu au bout de 5 ou 6 ans, quand tu commences à pouvoir t’amuser un peu avec l’instrument. »

Un parcours en zigzag assumé

Loin de suivre une voie conventionnelle, Mathis Akengin décrit son parcours musical comme une série de « zigzags » : « j’ai suivi des circuits de musiques actuelles et je suis revenu au classique. J’ai essayé de m’en séparer assez vite pour pouvoir créer ma propre musique. »

Cette volonté de composition précoce l’amène vers d’autres horizons. Il s’intéresse particulièrement aux débuts de la musique électronique des années 50 : « Ces chercheurs en blouse blanche, dont beaucoup de femmes, qui ont fait entrer les premiers synthétiseurs de Moog et autre thérémine dans la musique. » Une passion qui l’amène naturellement vers des figures comme Philip Glass, Agnes Obel ou Nils Frahm qu’il cite parmi ses références.

L’art du métissage sans dispersion

Face à la diversité apparente de ses influences et de ses projets, de musique néoclassique, indie pop, groupe de rock Dead Chic à la collaboration à un duo world soul très cumbia, Mathis Akengin réfute le terme de « dispersion ». Chaque expérience apporte sa pierre à l’édifice créatif.

« Je parlerais plutôt d’une forme de recherche. Cette diversité d’influences a retardé le lancement de mon projet solo, car je me questionnais sur l’angle d’approche à adopter ».

Sa solution : faire d’abord ce qui lui plaît, « et, éventuellement, plus tard faire le tri ». Le résultat se concrétise aujourd’hui dans une carrière solo où « néoclassique s’allie avec indie pop » dans un album prévu pour le printemps 2026.

Une approche scénique immersive

Sur scène, Mathis Akengin développe une approche qui tranche avec les codes habituels de la musique électronique : « J’essaie de faire tout l’inverse de ce qu’on voit généralement où l’artiste est complètement coupé du public. Je m’installe dans la salle, quand les conditions le permettent, avec le public à 180° autour de moi. »

Cette proximité s’accompagne d’un light show qui crée « un cadre totalement immersif ». L’artiste revendique ce « côté fragile et intime, sur le fil », où l’on entend « vraiment tous les bruits, même ceux des boutons ». Une expérience qu’il faut vivre pour comprendre pleinement sa démarche artistique.

Entre tradition et modernité technologique

Paradoxalement, cet utilisateur assumé du numérique revendique une approche très artisanale de l’enregistrement : « J’ai tout enregistré chez moi, tout seul en utilisant des magnétophones à bande. Je voulais une ambiance qui vienne de mon cadre de vie, qui sonne « comme ma maison ». Toutes les rythmiques qu’on entend viennent du détournement de mon piano en percussion . »

« Mer d’hiver » et printemps prometteur

Avec trois singles déjà sortis, dont « Mer d’hiver » qui vient de paraître, et un album en préparation, Mathis Akengin semble avoir trouvé son équilibre entre ses différents projets. Car il continue parallèlement son activité avec le groupe de rock Dead Chic, prouvant que cette approche multiple n’est pas qu’une phase exploratoire mais bien une façon d’être artiste.

Son prochain concert parisien aura lieu le 14 octobre au Hasard Ludique, l’occasion de découvrir cette expérience immersive qu’il a développée. En attendant l’album physique du printemps 2026, ses singles sont disponibles en numérique.

Une musique sans frontières

Dans une époque où les genres musicaux se mélangent plus que jamais, Mathis Akengin incarne cette nouvelle génération d’artistes qui ne se contentent pas de naviguer entre les styles, mais créent de nouveaux territoires sonores. Un métissage musical qui sonne comme une évidence naturelle, reflet d’un parcours de vie lui-même tissé de multiples influences.