Pop

« Love Letters – رسائل حب » la pop interculturelle de St Levant

par Amélie Blaustein-Niddam
22.04.2025

St Levant est un artiste aux influences très plurielles. Sa voix basse glisse sur des mélodies de toujours, des paroles ancestrales et super actuelles. En 2024, il hantait nos têtes avec le refrain parfait de « 5 am Paris » en répétant : « Je me sens chez moi nulle part ». Love Letters se place dans cette affirmation, celle d’un exil auquel seul l’amour peut offrir une forme de réparation personnelle et politique.

« Ses sentiments sont comme des maisons de verre »

Love Letters – رسائل حب est un EP de six titres qui cultive des sonorités orientales traditionnelles avec de la pop européenne et du R’n’B à l’américaine. Lui, il chante en arabe, en anglais et en français, créant un mélange des langues qui abolit en un couplet toute notion de frontière. En soi, sa musique est politique. Ses origines sont un fait. Il est né à Jérusalem en 2000, d’une maman franco-algérienne et d’un papa palestino-serbe. Il grandit à Gaza, avant de connaître son premier exil à sept ans, où il fuit la guerre pour aller vivre en Jordanie. Dix ans après, il s’envole pour la Californie et poursuit des études… de sciences politiques. Et dans les oreilles, tout ce maelström géopolitique se traduit en un flow sexy, personnel et militant de par son existence même.

« Où vas-tu, où, ô cœur triste ? »

Toujours guidé par la question des origines, il ouvre son album avec « Daloona », un titre chanté totalement en arabe, dont la première phrase est « Ils m’ont demandé d’où je viens » et il le clôt avec « Exile », qui, lui, s’ouvre sur « Avec toi, ma vie trouve la paix ». Au long de cet EP, l’apaisement se fait roi dans un flux qui se détend. Love Letters se compose de déclarations d’amour de différentes natures. « Daloona » s’adresse à la Palestine, en réunissant les artistes palestiniens : Qassem Alnajjar, Shadi Borini et 47Soul. St Levant y ouvre sur un soutien à la terre de son enfance. Ensuite, chaque titre s’adresse à une autre destination, ou à d’autres personnes. Dans sa structure, cet EP se divise en deux comme une face A et une face B. Sur la première face, on entend St Levant dans ses questions intimes ; le son mêle folk arabe et nord-africain. Dans la deuxième, on le retrouve dans son personnage de lover, plus pop. Dans les deux cas, les morceaux sont construits avec une exigence qui les rend tous passionnants.

« Même après la mort, la nostalgie restera, illuminée par la lumière de tes yeux. »

Ces six titres sont d’absolus bijoux. On adore « Kalamantina », où St Levant déroule son autre sujet préféré : l’amour. Il y pose sa voix douce, quasi-crooner, presque rappée, qui divise le rythme dans des percussions aux allures de claquements de mains. « Diva » également, à la tessiture mêlant funk et soul. Et puis le superbe « Exile », qui s’ouvre sur une vague qui s’empare de vos hanches. Ce morceau est comme un résumé de tout l’album : on y retrouve du saxo 80, des flûtes orientales, des beats R’n’B… Bref, on y retrouve tout St Levant.