Ce mercredi 30 août, Jazz à la Villette a ouvert sur un concert mythique. L’un des premiers du groupe De La Soul depuis la mort de son fondateur Dave, alias « Trugoy the Dove ». C’était aussi, depuis la crise sanitaire, le premier passage à paris du groupe culte des années 1990. Une soirée où le flow est monté en gamme devant un public qui avait très envie que tout soit à nouveau « All Good »!
Une impression d’été indien planait déjà ce mercredi 30 août devant la tour argentée de la Philharmonie. Quelques fauteuils de jardin et un bar extérieur accueillait le public sapé, et majoritairement quinquagénaire, d’un groupe mythique dont les samples étaient restés absent des plateformes jusqu’en mars dernier et qui est donc assez méconnu des générations Y et Z. Les retrouvailles de spectateurs entre eux et avec leurs adolescence ont un peu mordu sur la première partie assurée par le trio féminin Nana Benz du Togo. Mais très vite, ce sont des ultra-fans de toutes origines, certains venus avec leurs enfants, désormais ados, qui se sont positionnés au rez-de-chaussée de la salle Boulez transformé en fosse. Certain.e.s avaient des places assises dans les deux étages, mais la plupart ont dégagé de la l’espace pour se lever et danser.
Dès que Vincent Mason (alias « DJ Maseo », « P.A. Pasemaster » « Mase » and « Plug Three ») est monté sur scène, la foule était en pâmoison. Depuis son poste de commande au centre de la salle, le charismatique maître du scratch a accueilli les musicienn.e.s du live Band ainsi que le chanteur Kelvin Mercer (alias « Posdnuos », « Plug 1 » ou « Pos ») et Yasiin Bey venu en renfort. Le tout était lumineux et le public a eu plaisir à entendre De La Soul faire de la bonne musique et la partager. Né dans une époque marquée de la fin d’une décennie punk ou imbibée de colère west coast, Dela Soul a affirmé un goût pour le bonheur avec ses textes positifs. Malgré cette « good vibe », le flow du debut de concert était souvent interrompu. Par des remarques, des demandes de moulinets et des moments de « air battery » ou de briquets allumés. C’était très sympathique mais un peu long. Et surtout cela empêchait d’entrer dans le rythme et de vibrer. Nous avons donc chanté « It’s like that » et repris en chœur la paroles de « Eye now » mais, au fond, nous attendions de ressentir la musique physiquement et avions une folle envie de danser ces retrouvailles avec le groupe mythique de Three Feet High Rising. DJ Maseo lui-même s’est un peu moqué de notre gentille écoute en appelant nos efforts pour joindre les main du « rap clap ».
Et puis, et puis, les copains musiciens sont « allés boire un café » et les trois chanteurs nous ont convié dans leur club privé de… Hip-Hop. Après une définition toujours aussi bienveillante (« le Hip-Hop c’est un sentiment », nous a dit et redit Posdnuos), c’est alors que la machine s’est emballée. Le DJ s’est mis à vraiment sampler, la musique a pris de l’épaisseur, les chanteurs ont retrouvé leur flow et des mouvements naturel, les tubes se sont enchaînés (Ring Ring Ring, Me, Myself & I , It Ain’t All Good, Ooh et aussi la collab’ avec Gorillaz Feel Good Inc) et le public s’est embrasé. Mains en l’air, et corps en mouvement, tout nous est revenu comme au plus vibrant cœur des années 1990. Quand les musiciens sont revenus sur scène, l’escalade d’émotion s’est poursuivie pour nous offrir un très grand concert. Le temps d’une généreuse soirée, nous avons tous senti le hip-hop qui montait en nous.
Visuels (c) YH